L’organisme francophone Inform’Elles, créé il y a 25 ans en Colombie-Britannique, pourra dorénavant accompagner plus efficacement les femmes et les jeunes filles francophones victimes de violence, grâce à un appui financier récent du gouvernement provincial. Cette subvention, qui s’inscrit dans le cadre de l’Entente Canada-Colombie-Britannique sur les services en français, assurera non seulement l’avenir de l’organisme, mais élargira également sa portée au sein du réseau de services provinciaux et facilitera l’aide aux victimes francophones de violence.
Marc Béliveau – IJL- Réseau.Presse – Journal la Source
« En accordant un financement de base à l’organisme communautaire Inform’Elles, le gouvernement provincial cherche à rejoindre et à soutenir plus directement les femmes francophones victimes de violence », affirme Jeanne Landry, présidente de l’organisme. C’est la première fois de son histoire que l’organisme Inform’Elles bénéficie d’une subvention de base de 150 000 $ du gouvernement provincial.
Cette somme permettra à l’organisme d’assurer la continuité de ses activités et de ses coûts de fonctionnement, en plus de l’embauche d’une direction générale et d’une intervenante en prévention de la violence. Jusqu’à présent, Inform’Elles dépendait de projets financés par le gouvernement fédéral pour des périodes limitées et visant plutôt l’élimination de la violence systémique envers les femmes.
« Or, souligne Jeanne Landry, les services aux femmes victimes de violence relèvent des provinces et non du gouvernement fédéral ». D’ici le 27 mai, Inform’Elles annoncera le nom de sa directrice générale et tiendra également son assemblée annuelle le 3 juin. L’organisme embauchera également une intervenante provinciale bilingue en prévention de la violence qui pourra contribuer à la ligne d’assistance téléphonique pour les personnes qui recherchent des services mais qui ne sont pas en détresse ou en urgence.
Selon la présidente d’Inform’Elles , « le soutien financier de Victoria représente un outil de développement pour établir de nouveaux partenariats et soutenir des projets spéciaux ». L’organisme francophone entend jouer un rôle actif au sein des tables de consultation provinciales, qui regroupent divers organismes, dont les maisons de transition. Et Jeanne Landry de souligner « qu’il est important d’expliquer clairement les enjeux auxquels sont confrontées les femmes et les immigrantes francophones afin de mieux faire comprendre quels sont leurs besoins linguistiques spécifiques en Colombie-Britannique. »
Enrichir la francophonie grâce à l’immigration
Le gouvernement fédéral a mis de l’avant une politique d’accueil des immigrants francophones partout au pays. « Toutefois, les immigrants doivent s’adapter, et si on ne les aide pas, affirme Jeanne Landry, ils ne resteront pas. » Elle évoque par exemple « le stress de plusieurs familles immigrantes qui ont de la difficulté à trouver du travail, surtout si leurs diplômes ne sont pas reconnus. Dans plusieurs cas, il existe des situations où des femmes immigrantes acceptent un travail en dessous de leurs compétences, alors que leur conjoint refuse de le faire. « Cela peut provoquer du stress au sein du couple, dit-elle, et peut même dégénérer en violence verbale. »
La ligne téléphonique d’accompagnement d’Inform’Elles permet d’être à l’écoute des personnes se sentant isolées, de comprendre leurs réalités et leurs dilemmes et de leurs proposer des options pour désamorcer une situation difficile au sein de leur relation. Dans certains cas, l’intervenante communautaire peut proposer à la personne au téléphone de passer quelques jours dans une maison de transition et d’organiser, si nécessaire, une rencontre entre elle et son conjoint en présence d’un conseiller.
Selon la présidente d’Inform’Elles, « Il y a plus de ressources qu’on ne le pense, mais il faut les connaître ». C’est l’un des mandats de son organisme qui souhaite faciliter les démarches des nouveaux arrivants et les orienter, au besoin, vers l’Association des juristes francophones, qui propose une consultation gratuite d’une trentaine de minutes. Pour les francophones ayant une connaissance limitée de l’anglais et qui ne peuvent trouver les ressources pour les aider, ce type de service offert par Inform’Elles en français vaut son pesant d’or.
Dernières nouvelles
Par ailleurs, l’organisme Inform’Elles se réjouit d’un accord qualifié « d’historique », conclu le 16 mai 2024, entre la Colombie-Britannique et les géants des médias sociaux, pour offrir une meilleure protection aux personnes détenant des images intimes trouvées en ligne sans leur consentement. En effet, les sociétés Meta, Google et TikTok s’engagent à utiliser les canaux dits d’escalade directe pour signaler rapidement la présence d’images intimes non consensuelles publiées en ligne, avant même qu’une ordonnance de protection ne soit émise.