Le réalisateur Joey Lespérance présente « Michel(le) » au Théâtre la Seizième

Donner le dernier mot a son adelphe sur les planches. Avec Michel(le), Joey Lespérance rend hommage à son adelphe, son frœur, dans un solo théâtral parlant de leur enfance et de leur identité queer au Canada.
Présentée à 19h30 tous les soirs du 29 mai au 8 juin 2024 au Studio 16, dans les murs de la Maison de la Francophonie de Vancouver, Michel(le) invite le public à célébrer la différence et écouter les voix d’enfants queer devenus artistes portant fièrement leurs couleurs.

Briller sur scène

Seul sur scène, images et couleurs projetées sur lui, Joey Lespérance raconte Michel(le). Michel(le), « il a été mon frère, elle a été ma sœur, il est redevenu mon frère ». Car le comédien a su voir et soutenir son adelphe, voir Michel(le) monter sur les planches en tant que Candy Mitchells. « Michel(le) était vraiment un artiste Drag sans pareil », raconte Joey Lespérance. Sur scène, Candy Mitchells était connue pour ses numéros de Bette Midler dont la justesse pouvait émouvoir le public aux larmes, que ce soit des rires ou des pleurs. Et même si Joey Lespérance a su voir son adelphe briller sur la scène drag de Montréal, il rappelle aussi que leur enfance queer au Canada n’a pas été facile, mais c‘est ce qui lui a permis d‘écrire Michel(le), raconter son histoire, leur histoire, avec sincérité et bienveillance.

Affiche du spectacle Michel(le). | Photo du Théâtre la Seizième

À un enfant

Car « ce qui est arrivé à Michel(le), on a fait ça à un enfant. Michel(le), à un moment donné, était un enfant. Et cet enfant-là, on l‘a jamais encouragé, au contraire », explique Joey Lespérance. Et en mettant l‘histoire de Michel(le) et leur enfance sous les projecteurs, le comédien-dramaturge espère que les parents présents dans le public pourront y voir une invitation à faire attention à la façon dont ils s’adressent à leurs enfants, « de les aimer et de les soutenir dans leurs rêves, dans leurs ambitions ». En partageant l’expérience de Michel(le) sur scène, le comédien souhaite que d‘autres parents, d‘autres familles puissent voir s‘épanouir leurs enfants et les laisser partager leur identité avec eux.

Heureux, Heureuse

Mais ce solo théâtral célèbre aussi ce parcours, d‘enfants queer à adulte célébrant son identité sur scène, l‘un en tant qu’artiste drag accompli et l’autre « en tant homme queer fier ». En jouant ses mots et en laissant place à sa parole queer pour la première fois en trente et un ans de carrière au théâtre, Joey Lespérance honore son enfance et son identité, comme celle de son adelphe, et rend hommage à la vie de Michel(le), à ses moments de bonheur. « Pour moi, la seule fois que j’ai vu Michel(le) heureux, elle n’était pas heureux, elle était heureuse. Je n’ai jamais vu mon frère heureux, mais j’ai vu ma sœur heureuse », explique le comédien.

Son et Lumière

Cette célébration sur les planches a été rendue possible par le travail de mémoire et d‘écriture de Joey Lespérance pour faire son deuil, mais aussi grâce au talent, au dévouement et à la cohésion de l‘équipe de production du théâtre La Seizième. « Ce qui vraiment m‘épate de cette production-là, c‘est que la metteuse en scène a réussi
à rassembler une équipe de production […] pour vraiment rendre le tout cohérent. C‘est ça qui fait le succès du spectacle », raconte le dramaturge. L‘éclairage, le son, les costumes et tous les détails de la production de Michel(le) donnent un résultat harmonieux et complètent les mots de Joey Lespérance, donnant vie au souvenir de Michel(le). Esther Duquette, metteure en scène de Michel(le) au théâtre La Seizième précise même « La scène 10 est une longue scène impressionniste que nous avons construite à la manière d’un montage cinématographique, avec des sauts dans l’espace-temps. Le son et la lumière jouent un rôle prédominant. » L’équipe chargée du Son & Lumière ont fait un travail extrêmement soigné qui a ravi la metteuse en scène et Joey Lespérance lors de la répétition à Montréal, et le public d’Ottawa lors de la Première représentation de Michel(le).

Libéré•e

Et le public vancouvérois pourra apprécier la pièce de théâtre comme Michel(le) aurait pu l’apprécier en personne. « Je suis convaincu que Michel(le) serait fier•e, reconnaissant, reconnaissante, touché•e, mais aussi libéré•e quelque part, que finalement il n’y a pas de honte, mais de la célébration », ajoute Joey Lespérance. En redonnant la parole à son adelphe, en laissant Michel(le) s’exprimer à travers lui, Joey Lespérance lui rend le pouvoir et le dernier mot.
« C’est un geste de réparation, un geste « réparatoire » que j’ose poser par la magie du théâtre », conclut le comédien.

Pour plus d’informations sur Michel(le), visitez : www.seizieme.ca