Après trois ans, l’Alliance française de Vancouver fait peau neuve avec de nouveaux équipements culturels

Le mois de juillet 2024 signait le grand déménagement de l’Alliance française de Vancouver dans son nouveau bâtiment, où les élèves se rendaient depuis déjà quelques jours. Ce projet de reconstruction, décidé il y a dix ans, permet l’ouverture de nouvelles classes d’éveil au français et offre surtout de nouveaux équipements culturels dotés d’une plus grande capacité d’accueil. Et depuis la mi-juillet, l’école de langue accueille ses élèves dans un tout nouveau bâtiment. Galerie d’art, théâtre et studios d’artistes… le projet est de rendre accessible la culture au milieu des nouvelles salles de classe.

Suzanne Leenhardt
IJL – Réseau.Presse – Journal La Source

Trois employés trient les cartons remplis de livres, de bandes dessinées et de films avant de les ranger dans les étagères neuves de la médiathèque. Depuis le deuxième étage du nouvel immeuble, les gratte-ciel de Burnaby, la ville voisine, se dessinent à l’horizon lointain.

En entrant dans l’édifice neuf, il n’est pas possible de manquer la première salle sur sa droite. La hauteur de plafond et les structures en bois provenant de la province, invitent naturellement à passer les portes de la galerie d’art. Les baies vitrées laissent passer la lumière naturelle de la rue sur les panneaux muraux. À la rentrée, comme pour boucler symboliquement ce chantier, le premier artiste exposé sera Ghislain Brown Kossi : un peintre français installé à Vancouver qui avait réalisé sa première exposition il y a plus de dix ans… dans les locaux de l’Alliance française.

Le nouveau bâtiment de l’Alliance Française de Vancouver a ouvert ses portes aux élèves le 18 juillet 2024. (Crédit : Communication Alliance Française Vancouver)

Décloisonner la culture

Dotée de portes amovibles, la galerie est aussi accessible depuis le hall d’entrée où une cuisine augmentée d’un plan de travail est installée. Le but : pouvoir offrir une partie nourriture lors de vernissages, organiser des ateliers et lancer un nouveau club d’amateurs de gastronomie.

De l’autre côté se trouvent l’entrée du théâtre et les escaliers menant vers les salles de classe et la médiathèque. À ce niveau, deux écrans diffuseront la programmation culturelle pour que chaque personne qui emprunte les escaliers soit informée du calendrier du théâtre. « Beaucoup nous connaissent d’abord comme école avant d’être un lieu culturel. On voulait que les gens voient directement ce qu’il se passe dans ces espaces », appuie Damien Hubert, le directeur général de l’Alliance française. À l’étage, les salles de classe aussi ont fait peau neuve. Les professeurs ont un rétroprojecteur et un grand écran à disposition, et deux nouvelles classes d’éveil pour les enfants de trois ans et demi ouvriront à la rentrée.

Du matériel professionnel

Au-delà d’un nouveau bâtiment neuf, ce sont surtout de grands investissements techniques que l’Alliance française a faits. « Ça fait dix ans qu’on propose des évènements culturels de qualité mais maintenant on va pouvoir accueillir de manière un peu plus professionnelle. On a un projecteur digital qui a le plus haut niveau de qualité de cinéma, il y a des lumières robotisées utilisables aussi bien pour du théâtre que des conférences, et tout a été travaillé en fonction de l’acoustique de la salle », égrène avec enthousiasme Fanny Surzur, la responsable culture et médiathèque de l’Alliance.

Si ces nouveaux équipements lui donnent l’occasion d’inviter de nouveaux artistes et d’accueillir davantage de public, il ne suffit pas à sécuriser toute la programmation. « On verra si on la tient sans nouvelles subventions de nos bailleurs de fonds », souligne-t-elle. Bien que l’organisme s’autofinance grâce aux revenus provenant des cours de français, le pôle culture doit toujours monter des dossiers de subventions en fonction des projets.

Un terrain acquis en 1965

Sur la longue artère de la rue Cambie à Vancouver, difficile d’imaginer qu’il n’y avait que des champs quand l’Alliance française acquiert ce terrain en 1965. Le choix est mal compris par certains membres du conseil d’administration de l’époque mais ils votent tout de même la construction d’un bâtiment avec un étage. En 1980, ils en font construire un deuxième. « Le théâtre était au sous-sol et il n’y avait pas de coulisses. C’était familial mais trop petit pour accueillir la demande grandissante. L’année où je suis arrivé, en 2014, on a commencé à se poser des questions avec le conseil d’administration afin de savoir si on vendait ou partait ailleurs », raconte Damien Hubert. La décision fut prise de démolir pour reconstruire, et s’ensuivirent les procédures d’appels d’offres de cabinets d’architectes et de constructeurs.

Avec la pandémie de la COVID, la construction aura accumulé du retard et duré trois ans entre juillet 2021 et juillet 2024. Et forcément un coût qui en résulte : quatre millions de dollars s’ajoutent aux dépenses anticipées. Pour pallier ce déficit, l’Alliance française espère engager la communauté par des levées de fonds et louer les différents espaces culturels. Mais le directeur refuse d’augmenter le prix des cours et veut maintenir les programmes d’aide aux plus défavorisés. « C’est le cœur de notre mission que d’être accessible », pose-t-il comme point d’honneur.

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