Les frontières de la propriété intellectuelle et des droits d’auteurs en débat au News Forms Festival.
Paternité, originalité, droits d’auteurs: «les artistes ignorent régulièrement les limites » de ces mots, souligne Martha Rans, juriste, organisatrice de l’événement « Art, Révolution et propriété ».
Celui-ci se déroulera du 8 au 11 septembre dans le cadre de la 11ème édition du News Forms Festival (NFF) consacré à « L’exploration de la convergence des médias artistiques et de la musique électronique », à l’hôtel Waldorf, rue Hastings. « Comment faire progresser le débat en faveur des artistes et avec eux ? », s’interroge Mme Rans, directrice de l’association The Artists Legal Outreach, qui apporte une assistance juridique aux artistes.
Les artistes, hors de la sphère du droit
Au sein de cette structure née en 2006, l’équipe de juristes accueille des artistes de tous les domaines et tente de répondre à leurs interrogations. Les artistes longtemps restés à l’écart du terrain juridique, car éloigné de la pratique de leur art, sont notamment rattrapés par la réalité du plagiat. Certains viennent de découvrir par exemple que leur travail a été utilisé à leur insu. A l’instar d’un photographe « dont le travail a été reproduit sur des supports aux États-Unis », explique la juriste, ou encore un peintre « dont les toiles ont été reproduites sur des cartes de vœux, sans aucun crédit », poursuit-elle. Également enseignante en droits d’auteur, à l’Université d’art et design Emily Carr (Vancouver), Martha Rans, qui porte un intérêt particulier à la culture du remix dans l’image ou le son, pose notamment la question de la création de nouveaux outils digitaux permettant de tracer l’origine et la paternité des matériaux.
Numérisation des œuvres et Internet
A l’aube de l’ère digitale et de l’avènement du web 2.0, ces questions sont perpétuellement remises en perspective. Lectures en streaming, sites d’hébergement gratuits, échanges et partages de fichiers illégaux… Internet est désormais une bibliothèque accessible dans le monde entier sur laquelle le contrôle des droits d’auteur est souvent mis à mal. « J’ai déjà entendu dire que dès lors qu’un contenu était posté en ligne, il tombait dans la gratuité et la libre exploitation, ce qui est complètement faux », assène Mme Rans, qui souligne que chaque création a un prix. Ce qui soulève également la question du domaine public, dans lequel les œuvres « tombent » à la fin de l’exercice du monopole d’exploitation par leurs auteurs ou des années après leur mort. La musique classique notamment regorge d’œuvres historiques appartenant désormais au domaine public. Au Canada, la loi stipule que les droits d’auteurs demeurent jusqu’à 50 ans après le décès de l’auteur.
Les artistes aussi utilisateurs
Mais les artistes, tantôt victimes, sont aussi des utilisateurs potentiels, qui piochent dans le travail de leurs confrères pour constituer le leur. « Les jeunes compagnies de performance artistique utilisent des sons et des images pour leur travail, sans toujours savoir s’il y a un risque. Notre travail est aussi de les informer et de les prévenir », explique Martha Rans. Ce qui est par exemple permis aux États-Unis avec la notion de fair use – qui autorise l’utilisation limitée de matériel sous le statut de droits d’auteur sans autorisation préalable du propriétaire – ne l’est pas au Canada.
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Pour plus d’informations :
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Agenda
8 septembre à 5h30 et 6h
Performances de danse de la compagnie de ballet contemporain Plastic Orchid Factory à l’atrium Woodward’s de W2 (Texte : John Cage, chorégraphie : James Gnam). Ces performances seront remixées en vidéo par l’artiste Josh Hite, laquelle sera projetée durant le NFF.
9–11 septembre
Installations artistiques à l’hôtel Waldorf. Exposition de trois laboratoires de travail de plusieurs artistes. Chaque pièce explore l’un des thèmes : « Guerre », « Le groupe des sept », et « Tradition ».
10 septembre de 13h à 17h
Conversation autour du droit d’auteur avec plusieurs artistes et juristes.
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Livres
Common as Air : Revolution, Art, and Ownership
Lewis Hyde, 2010, 306 pages,
Farrar, Strauss & Giroux .
C’est le titre qui a définitivement inspiré le nom de l’événement. « C’est une importante contribution pour quiconque réfléchit à ce que nous attendons du droit d’auteur », selon Mme Rans.
Canadian copyright : A Citizen’s Guide
Laura Murray et Samuel
E. Trosow, 2007, 224 pages.
Laura Murray, musicienne et auteure, est invitée à intervenir autour des questions du droit d’auteur, mais aussi du futur de l’art-making et de l’open art.