De droite à gauche ou de gauche à droite. Avec la tenue d’élections en Colombie-Britannique, en Alberta et en France, sans parler des phases éliminatoires de la coupe Stanley, on peut dire que le mois d’avril s’est un peu terminé en queue-de-poisson. Un mois avec du bon et (plutôt) du mauvais selon mes critères, mes convictions et mes préoccupations quotidiennes.
“J’ai peur de la droite qui se pousse à l’extrême. J’ai peur de la gauche qui penche a droite. J’ai peur de la droite qui se croit à gauche”.
Pour le bon, saluons l’élimination des Canucks dès le premier tour. C’est fini, on n’en parle plus. Le chauvinisme local a été ébranlé et réduit au silence, en tout cas jusqu’à l’année prochaine. Ouf ! J’ai eu peur. Ils auraient pu de nouveau atteindre la finale et on sait où cela mène. Non, heureusement pour nous, les joueurs de l’équipe, soucieux de notre bien-être, ont décidé de mal jouer. Ils ont été résolument mauvais. Cette partie-là, ils l’ont gagnée. Mission accomplie. Très gentil de leur part. Grâce à cette pitoyable performance, Vancouver ne sera pas, cette année, le théâtre de scènes déplorables dont nous avons été les témoins l’an dernier. Nous allons pouvoir dormir tranquille. Le budget de la police de Vancouver, en principe, ne sera pas dépassé. Les compagnies d’assurance vont pouvoir faire des profits. Aucun saccage n’est prévu à l’horizon. Seuls les vendeurs de bières et de produits dérivés des Canucks vont en pâtir. À moins que nous décidions de faire la fête pour célébrer cette sortie prématurée de l’équipe, je ne vois pas ce qui pourrait altérer le calme inébranlable de cette ville.
Nous allons pouvoir récupérer notre côte AAA, décernée chaque année par votre chroniqueur ici présent, qui récompense la ville nord-américaine la plus Affable, la plus Amorphe et la plus Apathique. Le prix Valium devrait lui revenir sans coup férir.
Autre bon côté, autre raison d’être content: les néo-démocrates de la C.-B. ont réussi à faire élire deux députés provinciaux, lors des élections partielles qui se sont tenues récemment. Je me réjouis car, plus il y a de députés dans l’opposition, plus le gouvernement doit être prudent. Il ne peut gouverner impunément. Depuis, la confiance règne dans les rangs du N.P.D. britanno-colombien. Leur chef Adrian Dix peut dorénavant oublier ses problèmes de ticket de métro non payé. Une bourde, de toute évidence, sans conséquence.Entre l’affaire de Via Rail et le tour de passe-passe du billet de métro, les électeurs des deux circonscriptions concernées ont pu faire la différence. Exactement la même qu’entre un œuf et un bœuf. Ce qui ne semble pas être le cas aux Etats-Unis où Mitt Romney, après l’abandon de Rick Santorum, se retrouve à égalité dans les son-dages avec Obama. J’en rirais si ce n’était pas si triste. Comme vous pouvez le constater, je ne cache ni mon parti pris ni mon mépris.Mais, sans aucun retard, en douce, et sans tambour ni trompette, franchissons le Rubicon. Traversons l’Atlantique, pour arriver en France et retrouver l’envers de la médaille que je remets non sans peine à Marine Le Pen, la candidate du Front national. Au cours du premier tour des élections présidentielles, François Hollande, le candidat socialiste, est arrivé en tête. Il affrontera, l’effronté, au deuxième tour de force, Nicolas Sarkozy, le président sortant qui sort généralement avec Carla Bruni.Jusque-là nous sommes dans la logique des choses. Mais ce qui m’a surpris et en a surpris bien d’autres, c’est le résultat (presque 19%) de Marine Le Pen, la fille de Papa Le Pénible. Résultat affolant. Effrayant. Même Angela Merckel, la chancelière allemande n’a pu cacher son désarroi.
Mais avant de jeter la pierre dans le jardin du voisin, regardons si l’herbe n’est pas moins verte chez nous…Que dire de la victoire de Madame Alison Redford, chef du parti conservateur et première femme élue Premier ministre de l’Alberta? Rien, si ce n’est de penser que le résultat de l’élection aurait pu être pire. L’Alberta et le Canada en général l’ont échappé belle. Imaginez, le Parti de la Rose sauvage (Wildrose) au pouvoir.
Ce parti ne sent pas la rose, croyez-moi. Il représente maintenant l’opposition officielle et se positionne plus à droite que la droite. J’en arrive à être heureux et à me réjouir du succès du Parti conservateur. J’en ai encore des frissons. Oui j’ai eu peur. Oui maman, j’ai encore peur. J’ai peur que les Canucks gagnent la coupe Stanley en 2013. J’ai peur des Français qui votent pour le Front national. J’ai peur de la droite qui se pousse à l’extrême. J’ai peur de la gauche qui penche à droite. J’ai peur de la droite qui se croit à gauche. Harper me fait peur. J’ai peur de ma propre peur. J’espère qu’après avoir lu ma diatribe, vous n’êtes pas morts de peur. Passez, en tout cas, un bon mois de mai. Et n’oubliez pas : en mai, fais ce qui te plaît.