Le Festival Chutzpah! cherche à établir des ponts interculturels dans un monde rendu complexe

Le festival des arts du spectacle juifs Chutzpah! aura lieu du 1er au 10 novembre au Théâtre Norman & Annette Rothstein et à divers autres endroits à Vancouver. Au menu, des concerts de musique, des spectacles de danse, du cinéma, du théâtre, du cabaret, de la comédie et du storytelling, avec la participation d’artistes du Canada, des États-Unis, de l’Europe, du Moyen-Orient et d’Australie.

En entrevue, la directrice générale et artistique Jessica Mann Gutteridge indique que le festival vise notamment à partager les pratiques artistiques juives avec la communauté au sens large du terme, en favorisant la compréhension de la complexité et de la diversité de la culture juive. Selon elle, le festival espère aussi
pouvoir construire des ponts interculturels, en explorant les relations entre la culture juive et les autres cultures.

« Dans les moments difficiles, se rencontrer pour apprécier des œuvres d’art et y participer aide à trouver du réconfort, à donner un sens à un monde complexe », dit-elle.

Elle souligne la grande variété de la programmation de cette année qui allie musiques anciennes, concerts en formule cabaret, spectacles de danse créative et expérimentale ainsi que des comédies hilarantes, des rencontres de storytelling, des ateliers interactifs pour jeunes et adultes et des séances de conversation entre le public et les artistes participants.

Cabaret Yitesh | Photo par Shendl Ashkenaz

Cabaret Yitesh

Le groupe ukrainien Kommuna Lux donne le coup d’envoi du festival lors du week-end d’ouverture, le 2 novembre à la salle polyvalente The Pearl. Au menu de ce spectacle festif, présenté en partenariat avec Caravan World Rhythms, de la musique klezmer et des chansons folkloriques d’Odessa, la ville natale du groupe.

Parmi les têtes d’affiche, à noter le spectacle Big Talk de l’humoriste vancouvérois Jacob Samuel, prix Album humoristique de l’année 2021 aux Juno Awards pour son album Horse Power, le 1er novembre au Théâtre Norman & Annette Rothstein. Dans cette même salle, rendez-vous les 9 et 10 novembre au spectacle de clôture The Last Night at the Cabaret Yitesh de l’auteur canadien Michael Wex, avec la participation d’artistes de différents pays (Canada, Allemagne, Autriche et États-Unis). Au menu, des chansons de cabaret des années 30, des sketchs comiques originaux et des adaptations yiddish de succès internationaux et de classiques du vaudeville et du drag.

Deux premières mondiales en danse marquent cette édition 2024, les 8 et 9 novembre au Scotiabank Dance Centre.

Fortress, par les artistes en résidence du festival, Rebecca Margolick et Livona Ellis. Elles abordent leur exploration de leur rapport en constante évolution à la féminité et l’équilibre dynamique entre leur force et leur vulnérabilité.

About Time, performance signée par le chorégraphe Idan Cohen sur une musique du pianiste américain Philip Glass, interprétée par la pianiste Leslie Dala. Ce spectacle met en vedette les danseurs Will Jessup et Benjamin DeFaria.

En performance théâtrale multimédia, au programme de Chutzpah! 2024, la pièce Truth to Power Cafe signée Jeremy Goldstein et qui s’inspire des œuvres du dramaturge prix Nobel Harold Pinter.

Cantique des cantiques

Parmi les nouveaux invités du festival, soulignons la participation de Yamma Ensemble, considéré comme étant l’un des plus importants groupes de musique juive-hébraïque orientale.

En entrevue, la directrice artistique et leader de la formation, Talya G.A Solan, indique que son ensemble présente au festival une sélection de chansons des quatre albums sortis depuis sa création en 2010. En outre, Yamma
Ensemble anime un atelier intergénérationnel à caractère pédagogique interactif pour jeunes et adultes. Au cours de cet atelier, l’ensemble présente des instruments de musique anciens et donne des explications sur leurs spécificités. « Ces échanges avec le public portent également sur des caractéristiques de chants chez différentes communautés juives à travers le monde », précise-t-elle. Elle s’attarde sur les traits caractéristiques de la musique de Yamma Ensemble qui se compose de membres de différentes origines culturelles (Turquie, Irak, Yémen, Boukhara, un ville d’Ouzbékistan, et Espagne).

Yamma Ensemble | Photo par Zohar Ron

« Nous mettons en valeur les échanges entre les différentes cultures juives par nos créations originales et nos interprétations des musiques traditionnelles, étant donné la grande diversité de ces cultures », dit Talya G.A Solan.

Elle cite comme exemple des créations qui traduisent le message interculturel de l’ensemble, la pièce To awaken love, la chanson-titre du quatrième album, sorti en mai 2023. Cette pièce est tirée du recueil des poèmes d’amour hébraïques, le Cantique des cantiques. « Nous avons composé la musique pour ce cantique qui date de plus de deux mille ans et nous avons décidé de l’interpréter dans sa langue originale hébraïque ainsi qu’ en arabe », explique-t-elle. Et d’ajouter que ce projet est né du désir de jeter des ponts entre les deux cultures en faisant référence à ce poème d’amour antique. « Ce n’est peut-être pas si populaire en ces temps de guerre, mais notre souhait d’une relation pacifique demeure. Le lien entre l’hébreu et l’arabe n’est pas seulement un lien entre deux langues sémitiques très similaires, mais aussi un lien entre les pays d’origine des Juifs qui ont vécu dans les pays arabes et leurs descendants qui sont nés et ont grandi en Israël. » Selon cette artiste, il est crucial de souligner que la diversité culturelle est source d’une richesse inestimable. « Elle nous permet d’évoluer et d’élargir nos horizons pour atteindre ensemble cette plénitude humaine qui fait du bien et permet de relier les cultures par delà leurs différences », affirme Mme Solan. « C’est l’essence même de la musique. Et c’est notre mission ! »

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