À l’issue des élections scolaires partielles tenues le 8 novembre 2024 au Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique (CSF), Sacha Médiné a été élu représentant de la région du Grand Vancouver. Francophone d’origine haïtienne, M. Médiné, psychothérapeute, dirige sa propre clinique à Vancouver. Son attachement à la communauté francophone s’est particulièrement renforcé depuis que ses deux enfants fréquentent une école francophone de Vancouver. Son assermentation s’est déroulée le 22 novembre.
Marc Béliveau – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
Le Conseil scolaire francophone de la C.-B. est composé de sept conseillers élus pour un mandat de trois ans. En septembre dernier, Shaun Jaberolansar, conseiller de la région du Grand Vancouver, a présenté sa démission au conseil d’administration du CSF. Des élections partielles se sont tenues du 28 octobre au 8 novembre, opposant deux candidats. Sacha Médiné l’a emporté face à Patrick Gatien avec une majorité de 50,7 %. Au total, 224 personnes ont participé à cette élection partielle.
« En rétrospective, confie-t-il, j’étais nerveux à l’idée de présenter ma candidature, car mon français n’est pas suffisamment formel ou soutenu. J’ai grandi en Colombie-Britannique et, bien que je parle encore français avec mes parents, je n’ai jamais fréquenté d’écoles comme celles du CSF, ni fait partie d’une communauté francophone. Je n’ai donc pas bénéficié d’une éducation en français. En plaisantant, ajoute-t-il, je dirais que mes enfants ont probablement une meilleure maîtrise du français que moi. »
Parcours et identité
Pour Sacha Médiné, la question identitaire se révèle parfois complexe pour un Haïtien d’origine vivant au Canada. « Les personnes de couleur vivent des expériences très différentes au Canada selon qu’elles habitent à Montréal, Toronto ou Vancouver », souligne-t-il. « J’ai fait mes études à l’Université McGill à Montréal, mais à cette époque, je ne me sentais pas francophone, même si je parlais français avec ma mère. N’ayant jamais vécu dans un milieu francophone, ni fréquenté une école en français, j’ai longtemps eu le sentiment de ne pas être véritablement francophone. C’est réellement au cours des dernières années, au contact du CSF, que j’ai développé une plus forte identité francophone. »
Il souligne avoir constaté, au sein du CSF, la présence de nombreuses personnes plurilingues parmi ses membres et son personnel. « Dans le réseau provincial des écoles francophones, précise-t-il, on retrouve des élèves originaires de 75 pays différents. C’est une réalité remarquable qui reflète la diversité culturelle d’aujourd’hui. »
« Dans ma jeunesse, se souvient-il, ma vision de la francophonie se limitait aux cultures québécoise et française, telles que représentées dans les émissions de Radio-Canada. À l’âge adulte, j’ai pris conscience qu’une partie importante de la francophonie était composée de personnes d’origine africaine et d’autres provenances. C’est fascinant de réaliser que la francophonie est aussi africaine et haïtienne. »
Motivation et vision
Durant sa campagne au poste de conseiller au CSF, Sacha Médiné s’est dit préoccupé par l’importance de la rétention des élèves. « Une baisse d’effectifs signifie moins de budget pour les activités et les services. Il est donc primordial, souligne-t-il, d’être plus inclusif envers les élèves et leurs familles d’origines diverses, y compris les familles exogames, et de solliciter plus activement leur participation aux activités de la communauté. »
Sa priorité actuelle, explique-t-il, « est de mieux comprendre le fonctionnement du CSF. La structure du Conseil scolaire francophone est plus légère que celle de la Commission scolaire de Vancouver, qui présente une bureaucratie plus lourde. » Il a d’ailleurs eu l’occasion de participer à la réunion publique du CSF, tenue le 23 novembre, qui lui a permis de se familiariser avec plusieurs dossiers d’actualité.
En tant que conseiller du Grand Vancouver au CSF, il représente sept écoles : deux situées dans l’est de Vancouver, trois dans l’ouest, une à Richmond, ainsi que l’école virtuelle francophone de la C.-B. Tous les conseillers sont également les porte-parole des écoles de leur région.
L’avenir de la francophonie
Sacha Médiné estime que « la francophonie plurielle que l’on retrouve à l’école en Colombie-Britannique représente une fenêtre sur le monde. Quelle belle occasion d’apprentissage pour les élèves du CSF d’être en contact avec des jeunes de cultures diverses et de développer une solidarité avec eux. »
Dans cette perspective, il se réjouit du mandat du CSF de « promouvoir la maîtrise du français, en plus de favoriser le développement d’une identité francophone inclusive et respectueuse de la diversité culturelle ».
Pour rappel, le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique compte en 2024 plus de 6 000 élèves, répartis dans 47 écoles à travers la province, et près de 1 200 employés. Il s’agit du plus important employeur francophone dans l’ouest du Canada. Selon le dernier recensement de Statistique Canada, le CSF devrait accroître sa présence en C.-B. et augmenter ses effectifs au cours des prochaines années.