Une réduction importante du nombre de bureaux bilingues de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) dans le Grand Vancouver a été annoncée à la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB) le 16 octobre 2024, dans le cadre d’une révision envisagée par le Secrétariat du Conseil du trésor (SCT).
Marie-Paule Berthiaume – IJL – Réseau.Presse – Journal La Source
Selon la présidente de la FFCB, Marie-Nicole Dubois, la situation évolue depuis, par le biais des échanges de courriels, rencontres et moyens de pression pour défendre les droits linguistiques de la communauté francophone de la province.
« Le 6 novembre dernier, lors d’une discussion entre la GRC et la FFCB, il a été révélé qu’une erreur datant de dix ans a conduit à la création de cinq bureaux bilingues dans le Grand Vancouver, alors qu’un seul bureau aurait dû être attribué. Le 8 novembre, un courriel de la GRC à la FFCB a détaillé l’exercice de révision. Le 21 novembre, la directrice générale de la FFCB, Emmanuelle Corne Bertrand, m’a approchée à ce sujet, ce qui a donné lieu à l’envoi d’une lettre à la présidente du Conseil du trésor, Anita Anand, à la publication d’un communiqué de presse et au lancement d’une pétition », fait savoir la présidente de la FFCB.
Ensuite, le 30 novembre 2024, la présidente et la directrice générale de la FFCB ont rencontré le SCT à Ottawa pour dénoncer la fermeture prévue des quatre bureaux excédentaires. Il est à noter qu’une nouvelle rencontre est prévue pour le 18 décembre.
« Cette réduction de services va à l’encontre de l’esprit de la loi modernisée. À long terme, elle menace la vitalité de notre communauté. Maintenir ces bureaux bilingues ne coûte pas plus cher et, avec la hausse du bilinguisme découlant de l’immersion, le recrutement pour ces postes ne devrait pas être un problème », indique Marie-Nicole Dubois.
Le bilinguisme canadien
Pour Réjean Beaulieu, un francophone du Grand Vancouver depuis 1984, les nouvelles coupures de la GRC démontrent bien une « absence de stratégie cohérente aux niveaux fédéral, provincial et régional » pour revitaliser le français en milieu minoritaire.
« On prétend promouvoir le français tout en décourageant son usage par des réductions dans les services de justice et de santé, par exemple », ajoute-t-il. « Le français en Colombie-Britannique devient ainsi bidon, et la majorité des jeunes issus des programmes d’immersion ou francophones s’en éloignent après leurs études. Quelle tristesse! »
Réjean Beaulieu a jadis enseigné le français à un fonctionnaire cadre de Santé Canada qui était sur le point de prendre sa retraite en France. « Il utilisait le budget de formation linguistique du département à des fins personnelles, au détriment de ses jeunes employés qui l’imploraient pour de la formation en français. Le problème d’absence de leadership en matière de langues officielles est reconnu depuis longtemps par le Commissariat aux langues officielles. La dernière manifestation de coupures comptables l’illustre à nouveau », conclut-il.
Le commissaire aux langues officielles du Canada, Raymond Théberge, explique que les institutions fédérales doivent, selon la partie IV de la Loi sur les langues officielles, offrir des services dans la langue officielle choisie, là où la demande est importante.
« Il est primordial pour les institutions fédérales de bien comprendre les besoins des communautés de langue officielle en situation minoritaire, et de déterminer l’incidence qu’une modification à un programme ou un service peut avoir sur les communautés qu’elles desservent. Afin de respecter l’obligation de ne pas nuire à ces communautés, les institutions fédérales doivent tenir en compte les considérations relatives à la partie VII de la Loi dès le début de leur processus décisionnel », peut-on lire dans la déclaration de M. Raymond Théberge.
La GRC indique qu’aucune décision n’a encore été prise concernant le nombre de bureaux bilingues dans la région du Grand Vancouver et qu’aucune date butoir n’a été fixée pour cette décision.
« Les francophones de la région métropolitaine de Vancouver représentent moins de 1 % de la population totale. Les concepts de proportionnalité et de groupe de service exigent donc qu’un seul bureau de la GRC soit désigné bilingue », affirme d’autre part la GRC.
Dans son communiqué de presse, la FFCB met en avant le souhait que « chaque ville dans laquelle un établissement scolaire francophone et/ou un organisme communautaire francophone est implanté, puisse posséder un bureau bilingue de la GRC ».