Le 21 juin 2011, les riverains de Water Street découvraient la fête de la musique “à la française”. L’humoriste Laurent Gérra s’amusait à la décrire ainsi : “Des feignasses avec les cheveux gras qui braillent sous vos fenêtres en jouant de la guitare jusqu’à 2 heures du matin, c’est une idée de moi !” en imitant l’ancien ministre de la culture français Jack Lang qui mit en place cette fête en 1982. Rien de tout cela en Colombie-Britannique. Ni cheveux gras, ni feignasses, au contraire !

Pour Emmanuelle Archer, co-fondatrice de Make Music Vancouver (MMV), la chose la plus impressionnante dans la première édition de l’année dernière fut la qualité des musiciens amateurs de la région : « J’étais éblouie par le talent musical des Canadiens. On avait un peu peur que certains participants n’arrivent et ne se mettent à taper dans des casseroles avec des cuillères, mais au contraire, la qualité a été au rendez-vous dès la première édition. » Une première édition qui a dépassé toutes les espérances des organisateurs. « Nous attendions, dans le meilleur des cas, de cinq à six mille personnes, nous en avons eu vingt mille ! » continue Mlle Archer.

Petit rappel du principe pour les personnes ne connaissant pas l’événement. MMV fonctionne comme la fête de la musique française. Des musiciens amateurs, en solo ou en groupes, descendent dans la rue et jouent devant un public noctambule qui profite de concerts gratuits au gré de ses allées et venues. Pas de sélection, pas de casting, une simple inscription suffit à participer à l’événement. Chacun est libre de participer et d’exprimer son talent (ou l’inverse) aux yeux du monde (ou plus prosaïquement aux yeux des badauds) que ce soit pour s’amuser ou faire ses premiers pas dans le monde du show !

Quelles nouveautés pour l’édition 2012 ? Tout d’abord la rue principale de Gastown, Water Street, sera fermée à la circulation. Une manière d’assurer la sécurité autour des musiciens et de permettre d’accueillir d’avantage de visiteurs. Fini les concerts gâchés par le rugissement des moteurs de camions, le feulement des voitures et l’assourdissante pétarade des motos. Cette année, les véhicules ne participeront pas aux concerts. Ensuite, certains musiciens se produiront dans les rues autour de Water Street, comme sur Cordova et Abbott. On prévoit aussi un certain nombre de places assises pour mieux profiter de la musique.

Autre nouveauté, certains concerts seront “cachés”. Pour découvrir ceux-ci, il faudra ouvrir les yeux et les oreilles car plusieurs groupes se produiront dans des endroits quelque peu à l’écart comme des cours d’immeubles ou des sous sols de la rue.

Mais qui organise donc tout cela ? En premier lieu, il s’agit de l’association francophone Vancouver en Français en partenariat avec l’Alliance Française, mais disposant aussi du soutien de la Business Improvement Area de Gastown. L’organisation de MMV est également très soutenue par la diaspora française dont les bénévoles sont nombreux à aider les organisateurs. En terme de spectacles, ce ne sont pas moins de 160 groupes qui sont attendus cette année.

Soit à peu près un groupe tous les 25–30 mètres le long des rues, le tout sur une quarantaine d’emplacements. La fête commencera vers 17 heures, et les concerts se succèderont pratiquement non stop jusqu’à 22 heures. Passée cette heure, la loi sur le tapage nocturne entrera en vigueur et les organisateurs ont prévu de continuer MMV dans les nombreux bars et pubs du coin. La gratuité des entrées est laissée à l’entière discrétion de leurs gérants.

A quelques jours de la fête, le principal souci des organisateurs n’est pas de trouver des groupes participants (les inscriptions sont closes depuis longtemps) ou des volontaires pour les aider (vu l’enthousiasme de ceux-ci) mais bien de savoir si le beau temps sera de la partie.