Des grands espaces, une ville multiculturelle, une qualité de vie réputée et un taux de chômage inférieur à 7%, la Colombie Britannique est parfois perçue comme un eldorado pour les jeunes actifs étrangers mais aussi canadiens. La jeune génération y est d’ailleurs souvent plus confiante en elle que partout ailleurs dans le monde comme le prouve l’exemple de Matt, 22 ans né à Vancouver et qui travaille comme consultant marketing pour un fournisseur d’accès internet. Sa rémunération est basée à la commission, un avantage pour lui : « pour l’instant, mon but est de faire un maximum d’argent pour voyager avec ma copine et acheter un condo dans Yaletown. Mais je compte bien franchir rapidement les étapes et devenir manager ». Pour lui, pas trop d’inquiétude quant à une quelconque crise économique. Il a bien entendu parler du cas grec mais cela lui semble assez loin cependant « nous sommes un pays vaste, avec des ressources et qui reste encore assez jeune. Il y a des choses à construire ici » assure-t-il un sourire aux lèvres.
Attention au suroptimisme
Le professeur en sociologie de l’Université de Montréal, Jacques Hamel explique assez bien l’optimisme canadien : « De façon générale, nous sommes dans un contexte où les jeunes européens voient leur avenir comme peu prometteur. Ils se retrouvent dans une société qui bat de l’aile avec un taux de chômage énorme. Il en est de même aux Etats-Unis.
Depuis l‘éclatement de la bulle spéculative, le contexte économique n’est pas très reluisant. » Les habitants et les jeunes ont dû faire face à de nombreuses détériorations de leur niveau de vie, certains ont perdu leurs maisons, leurs emplois. Ils sont devenus réalistes sur leur avenir par la force des choses. Car il est certain que le rêve américain s’est effrité avec le temps. « Comparé à tout cela, le Canada semble offrir plus d’opportunités. Bien sûr, il serait exagéré de parler d’un nouvel American way of life » reprend le spécialiste. Il met d’ailleurs en garde devant l’optimisme omniprésent chez les jeunes canadiens. S’il est vrai qu’ici le contexte est plus favorable, « les jeunes étudiants s’inquiètent moins car on leur fait beaucoup miroiter que la génération des baby-boomers va partir en retraite et leur laisser la place. Ils se sentent mieux lotis que la génération X, venue avant elle et perçue comme une génération sacrifiée. »
Si les jeunes sont plus confiants, ils font souvent face à un mirage sans le réaliser tout de suite. Plusieurs enquêtes des sociologues montre que la situation est loin d’être stable et que les postes proposés sont bien différents de ceux d’antan. On demande aux jeunes actifs d’accepter la flexibilité et la précarité. Ces derniers restent de plus en plus longtemps chez leurs parents, ce qui retarde leurs obligations.
La Net Generation
Par ailleurs cette jeune génération est très individualiste. à ne pas confondre avec égoïste. Elle est malgré tout consciente qu’elle va devoir se battre pour s’imposer. Elle met un point d’honneur à se réaliser par elle-même, elle est plus volontaire et reste très marquée par la mentalité nord-américaine. C’est dans ce sens qu’elle croit en elle à l’instar de Darren « ici, à Vancouver, tu sais que tu peux trouver un boulot très facilement, même si ce n’est pas celui de tes rêves, ça enlève une grosse part de stress. Et cela laisse évidemment espérer que tu puisses toujours faire mieux et avoir plus. »
Le modèle de réussite des jeunes canadiens est d’ailleurs marqué par leur voisins américains et notamment Marc Zuckerberg, créateur de Facebook ou Bill Gates. « Il est vrai que les études dans l’économie et le management sont très en vogue, nombreux sont les jeunes résidents de Colombie-Britannique qui se tournent vers les filières HEC car ils pensent que cela sera plus facile sur le marché du travail ensuite. Mais on omet parfois de leur dire que le salaire ne suivra pas forcément. » souligne le spécialiste.
Cette jeune génération confiante en elle-même et en son futur a quand même un sacré atout dans son jeu : elle est la première génération numérique. Doté de ces capacités, elle peut rivaliser avec les générations précédentes puisque le monde du travail est désormais largement dominé par la technologie, l’internet et les réseaux sociaux. Des compétences quasiment innées chez ces enfants du millénaire autrement appelés « net generation ».