Les Jeux de Londres 2012 ont commencé. Tant mieux. Depuis le temps qu’on en parlait, fallait bien qu’ils aient lieu. Quelle affaire. La fièvre olympique me donne une fièvre de cheval en attendant les compétitions d’équitation et mes actions en bourse ont plongé dès l’ouverture des courses de natation. Il me reste encore quelques obstacles à franchir avant le 100 mètres haie et je n’ai pas l’intention de mettre tous mes œufs dans le même panier en attendant la finale de basket. Navré de ces mauvais jeux de mots qui fusent de partout et qui ne vont nulle part. C’est malgré moi. Je n’arrive pas à prendre ces jeux au sérieux. Bien que la cérémonie d’ouverture mérite une bonne note, je ne peux oublier que le budget en fut exorbitant. Que de dollars (ou de livres) gaspillés !
Les Grecs, les Italiens, les Espagnols et sans doute un grand nombre d’Anglais qui eux devront payer la note, ont dû apprécier cette extravagance qui n’a qu’un seul objectif : vendre. Ce qui compte ce ne sont pas les compétitions sportives. Celles-ci, je sais que je ne vous apprends rien, ne sont qu’un à-côté, qu’un divertissement, pour accommoder la publicité dont les téléspectateurs sont continuellement bombardés. Il ne s’agit pas d’un grand rendez-vous de l’élite sportive internationale. Non, il est plutôt question d’une super foire des multinationales, grands commanditaires de ces jeux. La question alors se pose : Vais-je regarder et suivre ces jeux ?
“Rien de plus prenant que d’assister aux efforts fournis par les athletes. Leur enthousiasme, leur determinition, leurs cris, leur joie, leurs pleurs aussi sont contagieux”.
Là, je suis embarrassé. Mon discours de gauchiste-caviariste en prend un coup. Je vais cesser de faire l’hypocrite et vous répondre franchement : oui, malgré moi, il m’arrive à l’occasion de m’y intéresser. Pourquoi ? Et bien parce que…parce que…parce que je suis accroc à l’excellence, sportive ou autre d’ailleurs. Rien de plus prenant que d’assister aux efforts fournis par les athlètes. Leur enthousiasme, leur détermination, leurs cris, leur joie, leurs pleurs aussi sont contagieux. Je ne peux rester indifférent en les regardant. Alors je me laisse aller, mais je n’oublie pas pour autant que j’ai un compte à régler avec la presse britannique.
Et oui, la vengeance est un plat qui se mange froid. Souvenez-vous. Vancouver 2010. Nos olympiques d’hiver. La presse anglaise s’était acharnée sur nous. Nous avions été traités de tous les noms d’oiseaux par les scribes britanniques. Ils ne nous ont pas épargnés. Il est vrai que nos jeux avaient mal commencés : Une cérémonie d’ouverture gâchée par un mauvais fonctionnement du mécanisme de la flamme olympique, le manque de neige, un accident mortel sur la piste de luge à Whistler, une météo qui, pendant la première semaine, n’a pas voulu collaborer. Tout s’est conjuré pour notre malheur. On nous a traité d’incompétents, de nuls et d’incapables. Comme si nous y étions pour quelque chose. J’ai eu honte. Je me suis senti tout petit. Je voulais me cacher, m’enfuir. Je ne voulais plus entendre parler des Jeux Olympiques d’hiver de Vancouver.
Puis le vent a tourné. Nous n’avons pas paniqués. Quand je dis nous, je pense surtout à nos organisateurs. Nos jeux finalement ont été un succès si j’en crois le bilan qui en a été fait. La presse britannique a dû ravaler chaque mot désobligeant émis à notre égard. Pour tout vous dire, je leur en ai voulu. Depuis deux ans, j’ai serré les dents. J’ai attendu avec beaucoup d’impatience ce moment. Le moment de prendre ma revanche. « Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage » disait le sage La Fontaine qui ne fabulait pas. Messieurs les Anglais vous avez tiré les premiers, à mon tour maintenant de vous tourmenter.
Qu’avez-vous à dire de vos problèmes d’agence de sécurité, de vos difficultés avec votre système de transport et de la grève des taxis ? Que dites-vous de vos indélicatesses envers la Corée du Nord que vous confondez avec la Corée du Sud ? La liste pourrait être longue, mais en tant que bon Canadien je sais me montrer magnanime. Je vais être fair-play comme le veut l’expression bien de chez vous que, malheureusement, vous n’appliquez pas. Rappelez-vous encore une fois La Fontaine : « Si tu veux qu’on t’épargne, épargne aussi les autres ». Somme toute, pour tout vous dire, vos jeux je m’en joue.