Vancouver s’apprête à accueillir son emblématique festival des écrivains qui se tiendra du 16 au 21 octobre à Granville Island. L’occasion également de rappeler que la langue française est plus vivante que jamais en Colombie-Britannique.
Véritable institution parmi les nombreux évènements culturels que compte la ville, le Festival des écrivains de Vancouver fête son quart de siècle cette année. Mais cela fait déjà 16 ans que sa déclinaison francophone baptisée La joie de lire, porte haut les couleurs de la littérature en français en permettant à des auteurs francophones de rencontrer leur public et d’échanger avec lui. Cette année, cinq invités de marque auront la tâche de faire rayonner la francophonie.
Venus du Québec, Deni Yvan Béchard, Ying Chen et Kim Thúy retrouveront ainsi les français Marie Darrieussecq et Laurent Sagalovitch. Amoureux des mots et de la langue française, ils seront à la fois les hôtes et les piliers du programme français La joie de lire. Ils ne seront pas seuls puisque trois auteurs spécialisés dans la littérature jeunesse (Martine-Noël Maw, Mélanie Watt et Angèle Delaunois) viennent compléter le tableau.
Outre la participation à une émission spéciale avec Radio Canada, les écrivains seront également ici pour rencontrer leurs lecteurs. « Ce qui fait le succès de ce festival c’est justement que les auteurs ne restent pas retranchés derrière un discours convenu mais au contraire partagent leur expérience avec le public comme des artistes le feraient dans une galerie d’art », analyse Judith Walker, coordinatrice médias de l’évènement.
Reste que derrière les présentations et les rencontres avec les auteurs c’est la question de la place de la langue française aujourd’hui en Colombie-Britannique qui est posée. Une question plus qu’actuelle alors que le gouvernement a lancé depuis le mois de mai une consultation nationale auprès de la population sur les langues officielles dans le cadre du renouvellement de la feuille de route sur la dualité linguistique. « Le français est la deuxième langue la plus parlée en Colombie-Britannique, c’est une composante très forte de la société ici, rappelle Brenda Berk, organisatrice du festival. Pour elle, la présence d’une programmation francophone est une évidence. « Les écoles d’immersion refusent du monde chaque année, certains parents vont jusqu’à dormir dans la rue pour être sûr que leur enfant soit inscrit, poursuit-elle. « Plusieurs élèves tiennent des journaux intimes en français parce que c’est la première langue qui leur vient naturellement. Il nous est paru très important que ces jeunes qui étudient en français ne se sentent pas isolés culturellement mais au contraire puisse vivre pleinement leur francophonie et l’apprécier à travers un évènement majeur comme celui-là ».
Auteur de fictions, biographe, poète et fondatrice des Éditions de l’Istasis, basées à Québec, Angèle Delaunois s’apprête à participer pour la première fois au festival. Une perspective qui l’enchante. « Pour un écrivain, toute visibilité est bonne, note l’écrivain née en France. À Vancouver, il y a énormément de classes d’immersion où le niveau de français des élèves est excellent. C’est donc l’occasion pour nous de côtoyer nos lecteurs, de leur faire connaitre nos nouveautés et d’échanger avec eux sur de multiples sujets ». Quant à la dimension culturelle et identitaire que revêt l’évènement à travers notamment le programme La joie de lire, l’écrivain québecoise ne cache pas son enthousiasme. « J’ai toujours été agréablement surprise, que ce soit dans les Provinces Maritimes ou dans l’Ouest canadien, de voir à quel point la survie du français est importante, témoigne-t-elle. Évidemment, les niveaux de connaissance sont très variables d’un endroit à l’autre mais on parvient tout de même à communiquer en y mettant de la bonne volonté de part et d’autre ».
Le festival des écrivains de Vancouver se tiendra du 16 au 21 octobre sur le site de Granville Island.