Originaire de Montréal, j’ai passé quelques onze années de ma vie à Vancouver avant de retourner au Québec l’an dernier. Le retour ne fut pas un choc culturel. Cependant, les études (je complète une maîtrise en urbanisme à l’Université Laval) ne sont certainement pas de tout repos, surtout dans le contexte québécois du printemps dernier. Néanmoins, après plusieurs mois à Québec, une opportunité professionnelle m’amena à Baie-Saint-Paul dans la magni-fique région de Charlevoix.
Charlevoix est connu pour ses paysages magnifiques, d’une zone montagneuse située sur les rives de l’estuaire du St-Laurent. Ces montagnes (vertes en été, blanches en hiver et multicolores entre les deux), le fleuve bleu à longueur d’année et les réguliers bancs de brouillards en font l’endroit rêvé de tous les peintres québécois. De par sa situation géographique et culturelle, Baie-Saint-Paul attire les artistes. D’ailleurs, cela se reflète dans le slogan de la ville :
« Baie-Saint-Paul, ville d’art et de patrimoine ». C’est sans doute, après le Vieux-Québec et le Vieux-Montréal, l’une des principales destinations touristiques du Québec. Nombreux sont ceux qui viennent gambader sur la rue Saint-Jean-Baptiste et ses nombreuses galeries d’art. Cependant, Baie-Saint-Paul est une ville d’environ 7 000 âmes qui n’a pas les capacités d’infrastructures touristiques (hôtels, restaurants, autoroutes, etc.) des grandes villes comme Québec, Montréal ou Vancouver! Ceci signifie une très grande pression sur la ville et ses habitants.
Mon nouveau travail m’amena à interviewer plus de cent résidents de Baie-Saint-Paul. Jeunes, vieux, nouveaux résidents et d’autres vivant dans la même maison depuis plusieurs générations. Cette diversité de pers-pectives sur la vie à Baie-Saint-Paul me fit prendre conscience des problèmes de cette petite communauté. Les loyers, hypothèques et taxes foncières de la ville grimpent rapidement à cause de l’attrait touristique. De nombreux résidents doutent de la capacité des futures générations à vivre à Baie-Saint-Paul tant la vie devient onéreuse.
La situation de Baie-Saint-Paul est quelque peu similaire à celle de Nelson dans l’intérieur de la Colombie-Britannique. La petite communauté de 9 000 habitants a une économie traditionnellement dépendante des mines. Mais son caractère unique, dans les montagnes Kootenay, attire aussi les artistes et autres rêveurs de la Colombie-Britannique. De plus, la magnifique Baker Street peut ressembler à la rue Saint-Jean-Baptiste. Les similarités font que les deux municipalités sont un lieu de rassemblement des artistes, mais aussi des intellectuels progressistes, si bien que les deux villes sont bien réputées pour leurs engagements respectifs dans le développement durable. Nelson et Baie-Saint-Paul sont jumelées l’une à l’autre depuis 2008 afin d’échanger sur les succès et difficultés entre deux communes si éloignées mais pas si différentes.
Aujourd’hui de retour à Québec afin de poursuivre ma deuxième année de maîtrise, je garde un souvenir agréable des quelques mois passés à Baie-Saint-Paul, une ville qui, malgré son histoire riche et sa situation, en bordure de l’Océan atlantique, me rappelle occasionnellement les paysages riches et diversifiés de la Colombie-Britannique.