En écho à notre précédente Une, nous avons rencontré George Pope.
Années, jours, minutes… à l’heure de se rappeler les moments importants qui bâtissent notre vie, les échelles de temps souvent varient. Ce matin de janvier 1990, c’est en quelques secondes que celle de George Pope a basculé. Alors qu’il s’habillait pour aller travailler, un mal de tête très violent l’a soudain frappé. Victime d’un anévrisme cérébral, il passe alors deux jours et demi dans le coma avant d’apprendre qu’il restera finalement paralysé à vie. Un traumatisme qui ne l’a pourtant pas empêché de continuer à se battre pour trouver sa place dans une société où les discriminations envers les personnes handicapées existent toujours. Aujourd’hui âgé de 45 ans, ce Canadien né en France à Marville partage son temps entre sa famille, son emploi et des activités bénévoles. Une belle revanche sur le destin et un parcours sur lequel il revient.
La Source: Une fois le diagnostic connu, quelle a été votre première réaction ?
George Pope: Le docteur m’a dit que je serai paralysé mais que l’opération en urgence du cerveau avait sauvé ma vie. Quand il m’a dit que j’aurai besoin de trouver une nouvelle voie professionnelle, j’ai immédiatement pensé « excellent ! Plus de travail en plein air ! » Plus tard, j’ai pris davantage conscience de la gravité de ma situation et je me suis simplement ordonné de faire du mieux que je pouvais sans me focaliser sur les choses négatives.
L.S.: Quelle est la nature de votre handicap?
G.P.: Je suis partiellement paralysé du côté gauche. Ma jambe est faible. Quant à mon bras et ma main, ils ne fonctionnent plus.
L.S.: Comment avez-vous procédé pour trouver un travail?
G.P.: J’avais un conseiller à l’embauche grâce à Neil Squire Foundation (organisme qui vient en aide aux handicapés) qui a vu une offre d’emploi pour laquelle j’avais les compétences requises. De plus, la description des missions rejoignait mon objectif premier d’aider les gens.
L.S.: En quoi consiste votre emploi et avez-vous des conditions adaptées ?
G.P.: Depuis mai 2006, je travaille à Vancouver pour une compagnie d’assistance médicale en relation avec les assurances voyages. Mon métier implique l’utilisation du téléphone et d’internet pour recevoir et répondre aux demandes d’assistance émises par nos clients. Même si je suis en fauteuil roulant, ce travail ne nécessitait donc pas de modifications ou d’adaptations particulières à mes conditions, d’autant que j’ai toujours éprouvé beaucoup d’intérêt pour le travail informatique. J’ai un clavier spécial de disponible qui me permet de ne taper que d’une main, mais je n’en n’ai pas vraiment besoin.
L.S.: Avant cela, pensez-vous avoir été victime de discrimination à l’embauche?
G.P.: J’ai passé quatorze ans à chercher avant de finalement rencontrer mon employeur actuel qui avait la volonté de m’accepter selon ma valeur réelle et de me proposer une opportunité qui soit juste. Les discriminations existent, malheureusement. J’ai eu plusieurs employeurs potentiels qui m’ont dit en face qu’ils n’embauchaient pas de personnes en fauteuil roulant. La plupart sont beaucoup plus discrets mais pas forcément plus enclins à embaucher des personnes handicapées.
L.S.: Si vous aviez un message à faire passer aux employeurs, quel serait-il?
G.P.: Souvenez-vous toujours que les personnes handicapées sont une très bonne option parce que nous avons l’habitude d’affronter des difficultés et sommes prêts à fournir de gros efforts pour atteindre le succès.
L.S.: Au regard de votre vie quotidienne, quelle est votre opinion sur l’aide et les structures publiques mises à disposition pour soutenir les personnes handicapées ?
G.P.: L’aide financière est minimale mais toujours plus appréciable que s’il n’y avait rien. Je reçois les prestations du PWD (Person With a Disability) de la part du gouvernement provincial qui sert à compléter mes revenus et à subvenir aux besoins de ma famille. Au-delà du système de santé standard, l’aide apportée pour les équipements et coûts médicaux est d’une valeur inestimable.