Avec le roman savon qui se déroule sous nos yeux quotidiennement au Parlement canadien, on a perdu un peu de vue les déboires d’un autre leader. Je fais référence au Président Barack Obama. Si on pense que Stephen Harper à la vie dure ces temps-ci, Obama est loin d’une sinécure.
Comme Stephen Harper qui pensait bien que le traité de libre-échange avec l’Europe aurait pour effet de tourner la page sur les maux de tête que lui cause le Sénat, Obama pensait bien avoir eu le meilleur sur ses adversaires après la récente lutte budgétaire chez nos voisins américains. Alors, si vous pensez que notre Parlement est dysfonctionnel, le dicton « quand je me regarde je me désole, mais quand je me compare je me console » vient rapidement à l’esprit. Rien pour excuser les frasques de nos sénateurs et de leurs compères des Communes avec en tête un gouvernement dans les câbles, mais une certaine perspective est parfois nécessaire.
Pour en revenir au président américain, au sortir du débat sur le plafond de la dette l’opinion publique lui donnait le dessus sur les Républicains, assiégés de l’intérieur par l’aile Tea Party de leur formation. Toutefois, fidèle à son habitude, il n’a pu capitaliser bien longtemps sur la situation. Son cheval de bataille, sa loi sur l’accès à la santé, la Patient Protection and Affordable Care Act est venue le faire déraper aussitôt le système lancé. Encore plus ironique pour lui, le point de mire des Républicains dans le récent combat budgétaire était justement cette loi décriée par les plus ardents défenseurs du laissez-faire aux États-Unis. Voyez-vous, pour ces personnes, cette loi n’est qu’un autre exemple de Big Brother, c’est-à-dire ce gouvernement qui ne cesse de s’immiscer dans la vie privée des citoyens.
Cela devait être « Le » moment pour le président. Après un long combat âprement disputé avec ses adversaires, le grand jour était venu. Enfin l’Obamacare devenait réalité ! Une grande consécration pour Barack Obama sorti vainqueur en novembre dernier d’une campagne électorale dans laquelle ce dossier figurait au premier plan.
Toutefois, comme on le sait, le système mis en place pour permettre aux Américains de s’inscrire pour cette nouvelle assurance-maladie version USA a grandement fait défaut. La technologie n’a pas suivi la rhétorique politique. Si bien que le président lui-même a dû s’en mêler avec une sortie publique dans laquelle il a exprimé sa grande frustration. On peut le comprendre. Mais quand même. Quand celui que l’on considère comme l’homme le plus puissant de la planète doit prendre de son précieux temps pour s’occuper d’un site internet, il y a de quoi se désoler. Ses adversaires ont évidemment aussitôt saisi la balle au bond et fait leurs choux gras de ce fiasco.
Pour Obama, le temps presse pour réussir à définir sa présidence. A ce jour, il n’y a vraiment rien de très impressionnant à léguer. C’est peut-être le fait qu’il ait été porté à la présidence sur une vague d’espoir sans précédent. Mais qu’à cela ne tienne, car c’est lui qui a alimenté cet espoir en des temps meilleurs. Sur la plupart des grands dossiers pour lesquels la présidence a de l’influence, on ne peut dire que l’histoire aura une grande place pour lui, outre le fait qu’il ait été élu à la présidence.
Bien sûr que son mandat ne se termine qu’au début de 2017. Mais il faut oublier 2014. L’année en étant une des élections de mi-mandat, la Maison-Blanche jouera de prudence. Restera donc 2015. Mais sa capacité à influencer ses propres troupes au Congrès dépendra des élections de l’an prochain. Une fois 2016 arrivée, son parti se tournera vers la lutte interne pour choisir son porte-étendard pour les présidentielles.
Plus que Stephen Harper qui a deux bonnes années devant lui pour reprendre le contrôle du message, Barack Obama n’a pas ce luxe en raison d’un système électoral qui a tendance à paralyser le gouvernement et limiter les grandes initiatives.