Vancouver et Vienne sont deux des dix meilleures villes au monde, citées pour leur qualité de vie, par l’organisme international William Mercer. Cette entreprise multinationale dresse chaque année une liste des villes où ses clients ont des bureaux, pour les aider à déterminer les paramètres de qualité de vie qui auront un impact sur les primes de service à l’étranger de leurs employés.
Pendant plusieurs années, Vienne et Vancouver s’échangeaient à tour de rôle la première ou deuxième place de ce classement. Mais en 2012, Vienne a pris la première place alors que Vancouver est tombée en cinquième, tout en étant la seule ville nord-américaine à se placer parmi les dix premières de ce palmarès.
Il y a une série de dix critères qui sont évalués pour déterminer ce classement, dont le transport et le logement. Et voilà sans doute où le bât blesse à Vancouver. Récemment j’ai eu l’occasion d’assister à une présentation faite par Angelika Winkler, directrice de la planification de la ville de Vienne, et j’ai été frappé par les nombreuses ressemblances entre nos deux villes, sur ces deux points, mais aussi comment les solutions sont diamétralement opposées aux nôtres.
Vienne et Vancouver partagent les mêmes préoccupations de transport, d’accessibilité au logement, de congestion automobile, de gestion du stationnement et de l’augmentation de la densité urbaine, pour n’en nommer que quelques unes.
Malgré le fait que les populations régionales soient comparables, soit 2,3 millions pour la région métropolitaine de Vancouver et 1,9 million pour Vienne, les populations métropolitaines le sont moins. N’oublions pas que Vancouver ne compte que 605 000 habitants, alors que Vienne en compte 1 700 000. Toutefois les deux villes attirent chaque année de plus en plus de nouveaux résidents pour leur qualité de vie en ville.
Les nouveaux arrivants à Vienne quittent les banlieues pour profiter de tout ce que la ville a à leur offrir. Cette augmentation de la population amène le même genre de problèmes que l’on connaît à Vancouver ; faible disponibilité de logements locatifs. Près de 80% des Viennois sont locataires et 20% propriétaires, alors qu’à Vancouver c’est presqu’exactement le contraire, soit plus de 65% des citoyens sont propriétaires et 35% sont locataires.
Mais voici une énorme différence ; à Vienne, plus de la moitié des logements locatifs appartiennent à la ville ! On peut donc conclure qu’une bonne partie des revenus municipaux, proviennent des loyers perçus plutôt que des impôts fonciers. À Vancouver la ville ne possède qu’une petite partie des logements sociaux et à occupation unique. Ce sont les impôts fonciers qui remplissent les coffres de la ville, pas les revenus de loyers.
La construction de logements locatifs est une habitude prise par l’ancienne capitale impériale pour assurer une population stable à la capitale, puis maintenue entre les deux guerres pour des raisons de politique sociale, puis encore après la Deuxième guerre mondiale pour les mêmes raisons.
Vienne est maintenant en train construire une nouvelle ville dans son 22ème arrondissement, qui pourra accueillir plus de 20 000 nouveaux résidents au cours des 20 prochaines années. Puisque les immeubles à logement appartiennent à la ville, cette dernière a décidé que les garages ne seront pas dans les immeubles, mais situés entre 200 et 500 mètres de distance de ces derniers, soit la même distance que la station de métro la plus proche… Le choix sera facile, d’autant plus que pour encourager l’usage du transport en commun, les passes annuels coûtent 365 euros, UN euro par jour, pour usage illimité sur l’ensemble du réseau ! Perte de revenus dites-vous ? Jamais de la vie, les passes se vendent comme des petits pains « viennois » au chocolat chaud.
En plus, tous les propriétaires de voiture à Vienne, doivent se procurer un permis annuel de stationnement, peu importe dans quel quartier ils habitent, s’ils veulent garer leurs voitures dans la rue. Coût de ce permis ; 125 Euros, soit près de 150$, soit le double de ce que coûtent les permis de Vancouver pour les quartiers désignés.
La nouvelle ligne de métro qui desservira cette nouvelle « ville dans la ville » est déjà en opération, malgré le fait qu’il n’y ait pas encore d’immeuble construit dans ce nouveau projet, dont le système de transport intégré a été conçu de manière à favoriser les piétons et les cyclistes de pair avec le transport en commun…
Et puisque Vienne est la capitale nationale de l’Autriche, la moitié des coûts des nouveaux projets de train de banlieue et de métro sont défrayés par le gouvernement fédéral…
Vienne première, Vancouver cinquième. Voilà pourquoi !
Dieu que nous sommes loin d’Ottawa !