Un seul calendrier pour quatorze religions. Le pari était osé et pourtant ! Le lancement de l’édition 2014 du calendrier annuel multiconfessionnel prouve qu’une fois encore, la diversité est une affaire de mélange. La conception du calendrier remonte à 1986. Le Révérend Chuck Anderson, professeur des études religieuses à l’Université de la Colombie-Britannique, secondé par deux autres têtes pensantes, David Spence et Ed Eduljee, ont l’idée folle, un jour, de lancer un calendrier presqu’universel. Celui-ci servirait comme plateforme de réunion de la mosaïque de communautés de l’ensemble du Canada et du continent nord-américain.
L’idée germe et le produit prend des contours interculturels. Il devient matière pédagogique à l’université ! Très vite, sa renommée grandit, passant par les bureaux du gouvernement et du secteur privé, qui voient dans ce projet, une avenue où fleurirait un environnement de travail sain et équitable.
Ce calendrier se veut autant que possible conciliateur des divers groupes ethniques, qui ne demandent qu’à comprendre les similitudes et trouver des liens de rapprochement dans les divers dogmes.
Bernard Bouska, directeur de ventes et de distribution confie: « C’est amusant lorsqu’on scrute un calendrier et qu’on s’aperçoit que différents cultes célèbrent l’essence d’une même fête qui ne diffère que par son appellation. Toutes les disciplines religieuses convergent vers la même source et prônent les mêmes valeurs. Nous nous abstenons strictement de promouvoir tout culte mais restons dans l’aspect éducatif. Le public puise sa compréhension dans la banque d’informations. L’ignorance, qui est la base même des barrières interculturelles, est ainsi franchie. »
Des repères et des passerelles
Le calendrier sert également à promouvoir le dialogue, clé maîtresse pour libérer les placards des doutes et ressentiments. Il devient aussi un point d’ancrage lors des discussions dans les salles de classe ou sur le lieu de travail. Bernard Bouska continue : « Nombreuses sont les écoles qui achètent le calendrier et le place dans la salle commune des enseignants. Il sert alors de pivot pour rapprocher les différentes cultures dans ces institutions. Enseignants et élèves maîtrisent le contenu, réconcilient leurs différences, renforcent le respect et s’ouvrent à l’acceptation d’autrui. C’est un outil catalyseur qui aide les enfants à comprendre les diverses dynamiques composant l’ensemble du Canada et de ses communautés. »
Quatorze des religions les plus répandues se côtoient dans ce vingt-huitième numéro, dont le thème est la Transcendance, soit l’ouverture sur une dimension en dehors et supérieure au sujet lui-même. L’accent est également mis sur l’élément de fusion dans les croyances. La religion du vingtième siècle est née et est projetée en avant-garde. Elle englobe des cultes tels que la scientologie et Eckankar, méconnus et souvent décriés. Les communautés NISGA’A et CREE, installées respectivement dans les parties nord et centrale de la Colombie-Britannique et les plaines canadiennes sont également mises en lumière. Ces deux cultes découlent leurs préceptes de leur croyance en un rapprochement avec la nature.
Farida Ali mène la barque de l’Association islamique de la Colombie- Britannique depuis quinze ans et prête main forte aux causes humanitaires. La paix, la réunification des différentes confessions religieuses et le respect d’autrui sont autant de facteurs qui l’interpellent. Elle qui sillonne les différents lieux de culte, toutes fois confondues, apprécie à sa juste valeur ce calendrier qui n’est qu’un outil de ralliement et de partage. « J’oeuvre au sein du Multifaith Society depuis quatre ans. C’est un outil qui offre des perspectives intéressantes, une clarté et une compréhension sur les fondements des autres religions », affirme-t-elle.
Théologie rime avec technologie
Toutefois, les promoteurs n’ont pas dormi sur leurs lauriers et ont poussé l’élan des innovations plus loin. Ils y amalgament la pointe de la technologie. Une application des logiciels informatiques est sur le point d’être lancée et sera compatible avec l’environnement Windows et Iphone. Ceci permettra d’accéder en un clin d’œil à une mine d’informations interculturelles. Une version en ligne sera également disponible, qui recensera et actualisera l’éventail des célébrations et évènements.
Un fait saillant est que tous les ouvrages soumis sont des œuvres originales. Cette année, 140 artistes d’une plateforme internationale, y compris les États-Unis et l’Europe, ont participé à l’exercice. Chacun y a soumis cinq œuvres de leur création. Sher Nasser est l’une des artistes dont l’ouvrage a été plébiscité. Originaire de la Tanzanie, située à l’Est de l’Afrique, sur la ligne d’équateur, elle s’est inspirée des levers et couchers du soleil éclatants et de leurs couleurs vives. Elle a peint un oiseau gravitant vers le ciel, symbole de liberté. Elle lance:
« La Transcendance reflète la lumière, celle que tous les êtres humains sont amenés à découvrir, en méditant sur un seul et même créateur et les raisons de l’existence humaine. Nous avons des devoirs l’un envers l’autre et devons travailler à préserver ce monde, afin que les générations futures puissent vivre en paix. » La paix sera-t-elle le mot d’ordre pour 2014 ?