Un choc culturel…sans sortir des frontières !

Il n’y a pas grand-chose qui nous distingue, nous autres Canadiens : on est courtois, on fabrique du sirop d’érable. Mais je crois qu’on a tort de nous prendre pour des gens de marque « sans nom ». Même, un de nos humoristes les plus connus, Mike Myers, est allé jusqu’à dire que comme saveur, la culture canadienne aurait « presqu’un goût de céleri » !

Il se peut que notre culture soit tout simplement subtile, moins facile à identifier et à définir. Si vous êtes un de ces Canadiens qui ont eu la chance d’habiter plusieurs provinces, vous aurez remarqué la diversité, le caractère unique de notre pays. On se tracasse tant à faire la comparaison entre notre culture et celles des autres pays, qu’on ne se rend même pas compte de nos sous-cultures uniques – d’une province à l’autre, d’une région à l’autre.

C’est mon déménagement de Halifax à Vancouver, en 2009, qui m’a donné ce choc culturel – purement intra-canadien! À onze heures du soir, en descendant du métro à l’angle de Broadway et Cambie, la circulation, les restaurants, les murs de béton des édifices au loin… m’ont complètement déboussolée.

Bien que je ne déménageais que d’une ville canadienne à une autre, j’ai dû m’adapter au nouveau climat, au style de vie plus trépidant, aux nouvelles normes de société. Malheureusement j’étais alors une de ces écervelées à ralentir la circulation des escaliers roulants en me tenant à gauche !!!

La culture singulière de Vancouver m’a beaucoup influencée. Je faisais beaucoup plus attention à mes tenues vestimentaires : plus de bottes de randonnée en pleine ville. S’il vous plaît! J’ai découvert le sac à main Coach, mais je viens des Maritimes après tout et je refuse de payer plus de 20$ pour un sac ou mettre clés et mouchoirs. Et comme la plupart des Vancouvérois, je m’y connais de plus en plus en sushi.

 A vivre ici, dans ce beau cadre de montagnes et d’océan à l’urbanisme soigné, je me suis mise à prendre mon bien-aimé Halifax pour un rustre. Vancouver a son aquarium renommé, sa promenade marine ratissée, son quartier de Gastown animé, le défi de son Grouse Grind. Bon. Lorsqu’on me demande ce qu’il y a à Halifax, je reste confuse et perplexe.

Eh! Bien, Halifax a des ta-vernes, des phares, de vieilles forteresses…des trucs que l’on trouve en mieux et en plus grand dans bien d’autres villes au monde. On se demande ainsi le pourquoi de ma fierté de venir de Halifax.

La réponse m’est venue tout d’un coup. Je me suis rendue compte que Halifax n’essaye pas d’être la meilleure que ce soit. Elle n’essaye pas d’être plus grande que nature. Elle n’essaye pas de se définir. Elle est ce qu’elle est. C’est une petite ville sans prétentions, dotée d’une culture et identité propres, qui la rendent plus que désirable à habiter.

Les deux villes sont fascinantes, chacune à sa manière. Vancouver se vante de montagnes et de gratte-ciels, Halifax de chantiers maritimes et d’immeubles historiques. De longues files d’attente pour les boîtes de nuit les plus huppées à Vancouver, des musiciens à chaque coin de rue à Halifax. Des plateaux de tournage coûtant des millions ici, des joueurs de cornemuse solitaires sur les quais, là-bas.

Mais si je pouvais faire ressembler Vancouver à Halifax dans un seul aspect, j’aimerais que les Vancouvérois trouvent dans leur cœur un peu de la bienveillance des Maritimes : bavarder en autobus, sourire chaleureusement ne feront jamais de mal à personne. Car, à force de découvrir des différences culturelles aussi uniques entre les villes canadiennes, imaginez donc les choses intéressantes que nous pourrions apprendre les uns des autres… si notre peu-ple largement multiculturel commençait à s’ouvrir aux différences.

La ville de Halifax en Nouvelle Ecosse

La ville de Halifax en Nouvelle Ecosse - Photo par Karen Hall, Flickr