Pourquoi je me suis crue en France à mon arrivée à Vancouver

Vancouver Riot

Émeutes à Vancouver, 15 Juin 2011 - Photo par Joanne C, Flickr

Ca y est ! Le jour du départ est arrivé pour la grande traversée vers l’Ouest canadien. Nous sommes le 10 avril 2011. Je suis excitée. Mon quotidien métro-boulot-dodo parisien va changer du tout au tout. Et ça tombe bien, j’ai besoin d’air !

Pour me donner un avant-goût de l’Ouest américain, je m’offre une escale en Californie.

Là-bas, tout le monde m’explique que j’ai beaucoup de chance d’aller à Vancouver : « C’est un peu la petite sœur de San Francisco, version canadienne». Le climat doux, les gens « laid back », (comprendre « relax ») les plages etc. Mais je n’ignore pas non plus les gentils surnoms donnés à Vancouver : «Wet coast », « Raincouver ». Alors en quittant San Francisco, je troque d’un air résigné mes lunettes de soleil contre ma parka.

La Grève de la Poste

Première surprise. Dès mon arrivée, début juin j’apprends aux informations qu’une grève paralyse le pays. Une grève ? Au Canada ? Ah non, moi on m’avait dit que les Canadiens n’étaient pas des fainéants comme les Français, qu’ils bossent comme des stakhanovistes et ne s’accordent que deux semaines de congés par an ! Le conflit est dur et durera tout le mois de juin. Bienvenue donc au Canada : impossible de recevoir mes courriers d’installation, électricité, Internet, téléphone, ma carte d’assurance sociale… Finalement la chambre des communes et le Sénat adoptent un projet de loi pour forcer le retour au travail. Voilà, il fallait y penser !

Mon paquet de céréales parle français !

La dernière fois que je suis venue au Canada, c’était au Québec, à Montréal. Donc entendre, lire et parler français, quoi de plus naturel en terre francophone. En revanche lorsque j’ai fait pour la première fois les courses dans le supermarché du coin, je me suis surprise à lire en français sur un paquet de céréales ! On ne badine pas avec le bilinguisme au Canada, même en Colombie-Britannique.

Les joies de la Coupe Stanley

Venant d’une terre de football, j’avais tout à apprendre de ce qui remue les foules ici : le hockey. Ça tombe bien, me dit-on, j’arrive pour la finale de la Coupe Stanley, qui réunit les Canucks de Vancouver contre les Bruins de Boston ! Génial ! Je me suis crue en 1998, lors de la Coupe du monde de football. Les maillots bleus déferlent dans Vancouver, les visages maquillés et les filles sont apprêtées jusqu’au bout des ongles, (manucures spéciales Canucks).

Ça y est c’est fait, Vancouver bat Boston 1-0. C’est la fête ! Je rentre chez moi le sourire aux lèvres, contente d’assister à un moment d’histoire. Jusqu’au moment où on m’explique, que ce n’était pas la finale, mais le premier des sept matchs de la finale ! Ah non je suis désolée, une finale c’est une finale. France-Brésil en sept matchs ? Impossible. Donc difficile pour moi de me passionner pour tous les matchs. Mais le soir de LA finale, je décide quand même d’aller regarder le match dans un pub. Les Canucks perdent, mais dehors il fait beau, c’est le printemps, alors je décide d’aller au cinéma sur Seymour en deuxième partie de soirée.

En sortant de la salle, l’ouvreuse nous explique que la ville est à feu et à sang ! A feu et à sang ? Je ne peux pas m’empêcher de sourire. J’ai grandi en banlieue parisienne, donc les émeutes c’est comme les grèves, ça ne m’effraie pas. Bravant la foule en direction de chez moi, j’assiste à une scène de chaos absolu. Tout en m’interrogeant sur les évènements, j’ai fait timidement marche arrière vers le cinéma, où l’ouvreuse nous a accueilli, se doutant que nous allions tous revenir. Elle nous projettera gratuitement le film du lendemain. C’est surtout cela que je retiendrai de cette soirée.