A vos amours

Un instant s’il vous plaît. Je pose mes cartes. Voilà, c’est fait.

La Saint-Valentin approche. Êtes-vous prêt ? Le 14 février est à nos portes. Nous y sommes presque. Valentins et Valentines, affûtez vos amours car Cupidon arrive armé de son arc et de ses flèches. Il va bientôt frapper à votre porte. Serez-vous là pour l’accueillir à bras ouverts ou avez-vous l’intention de lui claquer la porte au nez ? Pendant que vous essayez de répondre à ce brûlant dilemme, permettez-moi de vous faire part de quelques réflexions qui hantent mes nuits en pensant à cette fête dédiée aux amoureux. D’abord pourquoi avoir choisi le 14 février plutôt que toute autre date ? Et pourquoi Saint-Valentin plutôt que Saint-Augustin ou Saint-Tintin tant qu’on y est ?

Après avoir consulté la bible fournie par la paroisse Wikipédia, dont je suis membre honoraire malgré mes réticences, j’ai obtenu quelques vagues réponses à toutes ces questions qui m’accaparent et me préoccupent depuis que je suis tombé amoureux pour la première fois il y a quelques décennies de cela. Les légendes au sujet de l’origine de la Saint-Valentin abondent. Il faut remonter à l’Antiquité grecque nous dit-on afin de saisir l’association du mois de février avec l’amour. Le mariage de Zeus et de Héra, y serait pour quelque chose. Par la suite la Rome antique, ne voulant pas demeurer en reste – si j’en crois toujours mes sources qui ne sont pas nécessairement fiables – choisi la date du 15 février pour fêter Lupercus, le dieu de la fertilité. Pas fous ces Romains après tout. Puis viennent les Valentins, tous trois martyrs dont un, prêtre de son état, qui vécut à Rome au 3ème siècle. Il aurait donné, avant d’être exécuté, un mot doux à la fille de son geôlier. Sur une feuille découpée en forme de cœur il aurait signé « De la part de ton Valentin ». C’est pas beau ça ? J’en perds mon latin. Puis vers la fin du 5ème siècle, le pape Gelase 1er (qui ne sera pas le dernier), par décret, fixa la date du 14 février pour fêter les 3 malheureux martyrs du coup sanctifiés. Ainsi serait née cette tradition qui, depuis, fait le bonheur des fleuristes et des chocolatiers.

Puisque nous sommes chez le fleuriste, c’est de circonstance, parlons de roses. La rouge de préférence. La fleur par excellence pour parler d’amour. C’est du moins ce que l’on essaie de nous faire croire. De nos jours, le prix des roses peut vous décourager de tomber amoureux. Aimer coûte cher pour espérer avoir accès à la chair de sa chère aimée. Je renchéris ma chérie ? Ne désespérez pas. Faites comme moi. Au lieu de la rose, optez pour le pissenlit que l’on peut au moins manger par la racine. Question de goût me direz-vous et de classe aussi. Le pissenlit, c’est la rose du prolétaire et si votre dulciné(e) s’offusque c’est qu’elle ou il ne vous mérite pas. À la place, pour la “Saint-Glinglin,” envoyez-lui des topinambours.

Le pissenlit, la rose du prolétaire. Comme le chocolat, elle est comestible.

Le pissenlit, la rose du prolétaire. Comme le chocolat, elle est comestible. - Photo par D. Booker, Flickr

Maintenant, toujours de circonstance, le chocolat. Ah ! Le chocolat et son pouvoir aphrodisiaque. Elle ou il ne pourra vous résister. Le chocolat, contrairement à la rose, est irremplaçable. Une barre, un carré, une boule, quelque soit sa forme, le chocolat vous met en forme. Que le chocolat soit belge ou suisse, qu’il vienne de Kitsilano, de l’île Salt Spring ou d’ailleurs, il a le don de donner des ailes à Cupidon. Ouvrez la bouche et fermez les yeux. Dégustez l’amour à son pinacle.

Après cette petite page publicitaire, engendrée par mon amour du chocolat, j’aimerais aborder la question d’un autre symbole romantique de la Saint-Valentin qui me tient à cœur. Pourquoi, pour représenter l’amour, avons-nous choisi une image en forme de cœur ? C’est, à ce que je sache, un organe comme un autre. Je comprends qu’il soit au cœur de notre corps et qu’il batte pour nous. Mais si j’étais le foie, l’estomac, la rate ou un rein, je me plaindrais. Je me sentirais un appendice de second rang, victime d’un esprit de caste. Je revendiquerais aussi le droit de représenter l’amour, le grand amour. Je ne serais pas un bourreau des cœurs. Promis. Foi d’honnête homme.

La Saint-Valentin approche et je dois me décider: un bouquet de pissenlit ou du chocolat ?

Je reprends ma partie de cartes. Atout cœur.