Si le mois de septembre est le mois de la rentrée des classes pour les enfants, cela n’empêche pas que les adultes aussi reprennent le goût de s’éduquer. Ce qu’ils pourront faire en assistant à la projection de Wonder Women ! : the untold story of American superheroines, organisée par le DOXA Documentary Film Festival le 19 septembre.
Ce film, gagnant du prix des spectateurs au Festival international du film d’Indianapolis, examine la représentation des femmes dans les médias et ses effets, pour ensuite appeler à l’action de la part de tous.
De la nécessite de présenter ce film. Un film qui s’impose
Le sujet de ce film n’est pas entièrement nouveau, mais il n’est pas sans importance pour autant.En effet, si la Documentary Media Society, l’organisatrice du festival DOXA, a choisi de projeter ce film, c’est parce qu’elle considère que ce sujet est d’une haute importance dans le contexte social actuel. Un contexte que dépeint Dorothy Woodend, directrice de la programmation du festival DOXA, à l’aide de deux exemples. Le premier est le cas d’Anita Sarkeesian, une cinéaste cherchant à réaliser un documentaire sur la façon dont les femmes sont représentées dans les jeux vidéo.
Le projet de Mme Sarkeesian a déplu à certains membres de la communauté, et par conséquent un jeu vidéo dénommé Beat Up Anita a vu le jour. L’autre exemple est celui du festival de Cannes. Effectivement, aucun film réalisé par une femme n’est entré en compétition cette année ni en 2010, et en 64 ans, le festival n’a décerné la Palme d’or qu’à une seule femme, Jane Campion. Ce qui montre qu’une attitude misogyne existe dans plusieurs milieux du monde culturel.
Ainsi, Mme. Woodend explique que « DOXA a choisi de projeter ce film tout simplement parce que c’est une œuvre opportune, pertinente, intelligente et accessible qui adresse un nombre d’idées de manière non-didactique, avec humour, esprit et intelligence. »
L’effet des médias et l’action à prendre
Le premier message du film sur l’interaction des médias et de nos valeurs est que ceux-ci reflètent nos attitudes et notre culture. Après tout, c’est ainsi que Wonder Woman, super-héroïne féministe par excellence, a pu être introduite au monde de la bande-dessinée en 1941, luttant contre les Nazis. La guerre mondiale exigeait que les femmes prennent des rôles traditionnellement réservés aux hommes au sein de la société, surtout dans les usines, un changement de mentalité qui a créé un public réceptif à cette introduction féminine au monde masculin des super-héros.
Mais le message le plus intéressant du film, selon la réalisatrice Kristy Guevara-Flanagan, est de « faire comprendre les façons imprévisibles à travers lesquelles ces icônes peuvent nous former et même nous transformer. » Non seulement les personnages de la culture populaire se conforment-ils à nos valeurs, ils peuvent aussi changer celles-ci en nous transformant. Ainsi, les super-héroïnes comme Wonder Woman peuvent encourager les jeunes filles à être ce qu’elles veulent, les domaines traditionnellement masculins ne leur étant pas fermés.
Par contre, ce mécanisme peut tout aussi bien avoir des effets négatifs. Selon les créateurs du film, « les stéréotypes dans le genre de la bande-dessinée servent à limiter notre vision des femmes », en les présentant généralement comme ayant besoin d’être sauvées par des hommes. Plus généralement, « notre culture hautement visuelle insiste plutôt sur l’apparence des femmes que sur leurs actes », un grand problème auquel ce film cherche à remédier.
Le remède que suggère Wonder Women ! est tout d’abord de représenter plus de femmes comme Wonder Woman dans les médias et dans notre culture, c’est-à-dire des femmes qui sont définies par leurs actes. Par contre, en attendant ce développement, le film appelle à être critique dans sa consommation de la culture populaire. « Le message principal de ce film est vraiment un appel à l’éducation aux médias, afin de comprendre combien les formes culturelles variées sont construites et contrôlées », affirme Dorothy Woodend. La troisième solution prônée par le film est d’adopter une approche proactive en ce qui concerne la culture. « Si tu veux trouver une super-héroïne, le meilleur moyen est d’en devenir une » explique Mme Woodend.
Donc, adultes de Vancouver, joignez l’utile à l’agréable et assistez à la projection de ce film reçu avec enthousiasme par des publics de partout en Amérique du Nord. Les films de super-héros, c’est bien, les films de super-héros qui éduquent, c’est mieux !