Le « DOXA », un incontournable pour les mordus du documentaire

En ce début de mai, l’organisme culturel vancouvérois, le Documentary Media Society, invite le public du 2 au 12 mai à sa 23e édition du DOXA Documentary Film Festival. Durant dix jours, le festival propose plusieurs explorations de perspectives qui nous séparent de même que celles qui nous unissent. Avec plus de 80 titres, chacun ancré dans les points de vue pluriels des créateurs et de leurs sujets, le DOXA suscite la réflexion et l’introspection personnelle et en groupe.

Dans la même optique que les années précédentes, le festival ne se prive pas d’œuvres en français : il propose une dizaine de films issus de plusieurs pays francophones à travers le monde, faisant honneur à la pluralité des populations francophones et à leurs expériences nuancées. Et bien que les problématiques soulevées soient fondamentalement universelles, les réalisateurs reconnus nous les dessinent sous de nouveaux angles.

L’art et la réalité : où sont les bornes ?

Ayant, tel qu’indiqué sur leur site, pour but de « promouvoir à l’intersection de l’actualité et de l’expression artistique », le DOXA remet en avant plusieurs questions posées face aux formes artistiques qui se rapprochent du réel : où s’arrête la réalité pour que l’art puisse naître ? Existent-ils en parallèle ? Comment nos penchants contribuent-ils au développement de l’art que nous percevons ? Quelle est notre responsabilité dans ce processus de transmission ? Durant toute une semaine de programmation, le festival invite à faire face à plusieurs enjeux, y compris le rôle du spectateur.

Scène du film Mambar Pierrette. | Photo de DOXA Festival

Le monde en deux

Dès son lancement le 2 mai le Doxa a pu proposer au public en première son documentaire inaugural en français, Journal Afghan, un court métrage du réalisateur français Cédric Dupire. En moins d’une demi-heure, l’œuvre se transporte dans les années soixante pour rejoindre les voyageurs français, Dimitri et Christine, au cours de leur trajet en voiture à travers le Moyen-Orient. Cédric Dupire nous présente un recueil de scènes captées par le magnétophone des voyageurs, narrées par leurs réaction aux paysages auxquels ils font face. Alors que Dimitri et Christine observent la « beauté saisissante » de certaines scènes et l’état « désastreux » d’autres, l’œuvre de Cédric Dupire dévoile également le regard du couple occidental envers ce monde nouveau.

La guêpe et l’orchidée de Saber Zammouri (réalisateur tunisien) propose aussi une fenêtre dans la découverte d’un nouveau monde. Cette fois-ci, ce sont des Tunisiens ruraux qui mènent l’aventure. Leur véhicule ? La télévision. La guêpe et l’orchidée documente l’impact de la télévision lors de son arrivée tardive chez une communauté dans les montagnes de la Tunisie en 1989. Le documentaire révèle l’image de la France que se créent les jeunes personnes et contraste leur illusion avec la réalité totalement opposée qui les attend une fois à Paris comme immigrants. Concevant le quotidien parisien qui leur est réservé, les jeunes se retrouvent face à un dilemme :
continuer à subir leur rêve d’enfance ou tout abandonner pour retrouver leur terre natale ?

Scène du film La guêpe et l’orchidée. | Photo de DOXA Festival

La condition humaine

Alors que certains documentaires traitent des préjugés, d’autres démontrent une condition humaine singulière. Le documentaire Années en parenthèses 2020–2022 nous ramène dans les premières années de la COVID-19. Pour produire ce film, Hejer Charf, réalisatrice canadienne d’origine tunisienne, a fait appel à 50 amis, connaissances, artistes et intellectuels en demandant des images et des sons démontrant leurs entourages en parallèle barricadés et sans frontières. Ce processus a conçu, Années en parenthèses 2020–2022, une invitation à la réflexion des années entre parenthèses où nous avons vécu isolés, mais ensemble.

Le film de Rosine Mbakam, Mambar Pierrette, présente une fenêtre dans la vie quotidienne d’une couturière camerounaise. L’œuvre, animée principalement d’acteurs non professionnels se représentant eux-mêmes, révèle les chaos ordinaires de la vie de la protagoniste : la rentrée des classes de ses enfants, les proches non fiables, les coûts imprévus. Ainsi, en une heure et demie, l’image du monde en deux est suspendue pour démontrer un quotidien semblable aux nôtres, malgré les océans qui nous séparent.

Pour plus d’informations sur les titres présentés au Festival DOXA, visitez www.doxafestival.ca/program

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