En février que fait-on ?

En février fêtons. Fêtons, pour commencer, le mois lui-même. Février le mois roi parmi les mois selon moi. Pensez-y Miss Daisy.

Février est un mois qui, à l’exception des années bissextiles, tombe dans la logique des choses. Un mois qui fait appel à la raison. Permettez-moi d’en faire la démonstration. Un mois comprend quatre semaines. Une semaine compte 7 jours. Vous multipliez et, si votre calcul et le mien correspondent, vous obtenez 28 jours. N’est-ce pas ? C’est beau les mathématiques. C’est magnifique. Un mois normal devrait donc avoir 28 jours. Février est en fait le seul mois normal de l’année. Un mois à part. C’est le petit parmi les grands. Un mois qui doit lutter pour s’imposer. Un mois au milieu de l’hiver. Mais, quand même, un mois qui, malgré sa taille, réussit à faire parler de lui.

Ainsi février a été reconnu officiellement Mois de l’Histoire des Noirs par la Chambre des communes en décembre 1995. Ne voulant pas faire d’histoire, et surtout, surprise par cet intérêt soudain envers elle, la communauté noire a accepté cette reconnaissance de bon cœur. « C’est mieux que rien », me disent mes amis africains et haïtiens avant de rajouter avec un sourire charitable mais rempli d’ironie « si ça peut donner bonne conscience, pourquoi pas ? ».

Et puis, réflexion faite, sans enlever quoique ce soit aux réjouissances justifiées de ce Mois de l’Histoire des Noirs, je ne peux m’empêcher de penser aux peuples des Premières Nations du Canada. Quand allons-nous nous intéresser officiellement à leur histoire ? Quand auront-ils droit, eux aussi, à leur mois ?

Et quel mois serait-on prêt à leur accorder si jamais le gouvernement canadien, par un miracle quelconque, faisait preuve de sensibilité et de courage à leur égard? Mais là je m’égare. Revenons donc à notre sujet d’intérêt : février.

Pour tout vous dire, février est un mois qui me tient à cœur, car il contient la Saint-Valentin. Tout mois qui s’intéresse à l’amour mérite notre attention. Sans verser dans une sentimentalité à l’eau de rose, je dois reconnaître que la vue des roses m’émeut, comme disait la vache de Monsieur Séguin qui venait de vendre sa chèvre. Comme vous pouvez le constater, je n’ai pas peur d’étaler au grand jour mon côté romantique. Dire je t’aime à celle ou à celui que l’on aime n’est pas un anathème. Et puisque nous sommes dans la confidence, sachez que, pour moi, tous les jours c’est la Saint-Valentin. Ma femme, qui ne s’en est jamais plaint, peut vous le confirmer. Et voilà. Je suis sorti, non pas du placard mais du tiroir où je cachais tous mes petits secrets.

Après cette brève séance de thérapie, à laquelle vous venez d’assister gratuitement et gracieusement, il est temps de retourner aux festivités de février. En cette année 2013, nous ne pouvons parler de février sans mentionner le Nouvel An chinois et ses remarquables défilés où la pyrotechnie est à l’honneur. Après l’année du Dragon, nous allons entrer dans l’année du Serpent, avec pour élément : l’eau. De là, l’horizon paraît prometteur d’après plusieurs sites d’astrologie chinoise. L’année du Serpent, selon les spécialistes en la matière, se caractérise, semble-t-il, par un certain calme et ne serait pas dépourvue de sagesse collective. Bashar al-Assad, si vous me lisez, prenez note. J’ai de plus appris, M. Al-Assad, (j’en profite puisque je vous ai au bout de mon clavier), que votre femme est enceinte. Bravo. Pendant que vous massacrez votre peuple, vous trouvez le temps de forniquer. Bel exemple. N’attendez pas de moi que je vous félicite pour ce malheureux évènement. Un Al-Assad de plus sur terre il n’y a pas de quoi se réjouir. Un bébé pour

60 000 morts. Vous parlez d’une équation. De quoi réduire à néant la Syrie. Espérons qu’avec l’année du Serpent vous retrouverez la raison.

Avec ce petit détour au Moyen-

Orient, j’ai failli perdre le fil de ma pensée. Revenons-y, Miss Daisy. Février, le mois du Mardi-Gras, le mois des carnavals. Un mois de toute gaieté. Un mois déguisé. Un mois costumé. Un mois de fantaisie. Un mois qui se laisse aller. Que ce soit à Rio, à la Nouvelle-Orléans, à Nice et même plus près de chez nous, à Québec, tout le monde fait la fête. Il est temps que Vancouver en fasse autant et institue son propre carnaval. Un carnaval bâti sous le signe de la pluie. Avec des chars allégoriques composés de nuages gris accompagnés d’un immense défilé de parapluies de toutes les couleurs. Monsieur le Maire, je vous lance l’idée. À vous de la reprendre, moyennant un petit cachet ou une place de choix à vos côtés, au sein de la parade que vous aurez l’audace d’organiser, afin de faire monter la température de ce mois qui n’a pas froid aux yeux.