Abus des aînés : la communauté se mobilise

Gisele Simson, animatrice de CILS FM. Photo per Gisele Sanson

Gisele Simson, animatrice de CILS FM. Photo per Gisele Sanson

Du 21 au 27 avril 2013, le Canada se mobilise à l’occasion de la 8ème semaine annuelle de sensibilisation aux victimes d’actes criminels. Parmi elles figurent les aînés qui sont souvent la cible d’aggressions ou d’abus. De plus en plus médiatisé, le phénomène de maltraitance des aînés est une réalité qu’il est pourtant difficile de déceler et de combattre. Bien souvent les victimes demeu-rent silencieuses pour une raison simple : dans la majorité des cas d’abus sur un aîné, le coupable est un membre de la famille. En Colombie-Britannique comme dans le reste du pays, les abus contre les aînés sont une réa-lité et la communauté francophone n’est pas épargnée. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle se mobilise. Particulièrement active, l’Assemblée francophone des retraité(e)s de la Colombie-Britannique (AFRACB) a mis en place ses propres projets de sensibilisation.

« Nous avons contacté la majorité des organismes de la pro-vince et les réponses ont été à chaque fois très positives, signe que la communauté se sent impliquée dans cette cause qui la concerne, » souligne Marie-Pier Courbron, administratrice à l’AFRACB. « On note un taux élevé de victimes parmi la population vieillissante. Cela représente tout une partie de la communauté francophone qui a besoin de support et d’outils pour dénoncer les abus et la maltraitance », poursuit-elle. Et cela passe notamment par la formation aux nouvelles technologies. L’arrivée d’Internet et de l’offre de service « en ligne », a donné une autre dimension à la fraude, la rendant plus facile. « Les personnes âgées sont en général beaucoup moins habituées à l’outil informatique que les jeunes générations et ça les rend vulnérables. » Les fraudes à la carte de crédit ou liées à l’investissement d’argent figurent d’ailleurs parmi les abus les plus rencontrés.

Face à cette réalité, des initiatives ont été menées dans la province comme partout dans le pays. À Victoria, la radio communautaire francophone Cils fm a réalisé des capsules radiophoniques de deux heures chacune qu’elle diffusera du 22 au 26 avril. Le projet a été rendu possible grâce aux fonds d’aide aux victimes du Ministère de la Justice du Canada. « À travers ces capsules, nous donnons la parole aux acteurs de la prévention contre les abus mais également aux victimes, même si cela est un sujet dont les gens parlent difficilement, » raconte Gisèle Samson, animatrice de la radio communautaire CILS FM. Les capsules seront diffusées sur les ondes entre 16h et 18h sur la fréquence 107.9 mais également sur Internet à l’adresse http://www.cilsfm.ca. On y entendra notamment le témoignage de cette policière francophone de Victoria aux prises avec le « bandit neveu », un individu qui écume les maisons de retraites de la région en se faisant passer pour un neveu auprès de ses résidents afin de leur soutirer de l’argent.

À Maillardville, le Club Bon Accueil qui regroupe les aînés francophones de 50 ans et plus organise régulièrement des ateliers thématiques. Le dernier en date portait sur les finances et les risques d’abus liés à l’argent. « Beaucoup d’aînés n’ont pas conscience d’être victimes d’abus car il s’agit souvent de membres de la famille proche comme les enfants. » explique Diane Johnston, coordinatrice de projet au Club Bon Accueil de Maillardville. On fait pression sur les aînés pour qu’ils prêtent de l’argent ou qu’ils financent telle ou telle chose, des études ou une voiture, par exemple, quitte à ce qu’il ne leur reste plus rien pour vivre ensuite. Les gens partent du principe que les aînés ont de l’argent, qu’ils ont « les moyens »… On a vu des enfants ruiner leurs parents comme cela. Et du côté des aînés, beaucoup pensent que c’est leur devoir d’aider leur famille et donc ils ne réalisent pas qu’ils se font en réalité extorquer de l’argent ».

Selon le site de l’Agence de la santé publique du Canada on estime qu’entre 4 et 10 % des aînés feraient l’objet de mauvais trai-tement. De même, un cas sur cinq est porté à la connaissance des personnes ou organismes qui ont le pouvoir d’intervenir. Et il ne s’agirait que de la pointe visible de l’iceberg alors que la croissance rapide du vieillissement de la population pose un défi de plus en plus difficile à surmonter.