Les organisateurs du festival de film sud-africain à Vancouver cherchent à défier nos notions de l’Afrique du Sud en nous offrant une « tranche de vie » sud-africaine les 13 et 14 avril. La sélection du festival présente un éventail de cette culture complexe, dont le film de Linda et Michael Hughes, frère et sœur et réalisateurs du documentaire, Me, You, Mankosi. Les revenus du festival financeront directement Education without Borders (EwB), qui espère lever 20 000$ pour développer les écoles se-condaires autour de Capetown.
Dans sa 3e année, le festival fondé par le couple canadien et sud-africain d’adoption, David Chudnovsky et Ruth Herman, et par Cecil et Ruth Hershler de Education without Borders (EwB), a comme but « d’informer et de former » le public vancouvérois à « l’ampleur et la complexité de la réalité sociale, économique, politique et historique sud-africaine », selon Chudnovsky. Une sélection soigneuse de huit films sera donc diffusée et sollicitera un changement de vision vancouvéroise. Selon le personnel du festival, il y a environ 60 000 à 70 000 sud-africains à Vancouver. Hershler constate qu’avant le festival, « il n’avait pas de mélange entre les divers groupes d’immigrants sud-africains » ;
le festival leur a donc donné l’occasion de se parler. L’idée est d’offrir une alternative à l’image négative que donnent les médias d’une Afrique du Sud violente centrée sur la hausse des taux de crimes, surtout récemment avec l’affaire de l’athlète Pistorius. Les vancouvérois seront peut-être étonnés par les nombreux liens de rapprochements entre le Canada et l’Afrique du Sud.
Dans ces films, les parallèles entre les défis des Premières Nations du Canada et de l’Afrique du Sud sont frappants; le film Tracks Across Sand réalisé par l’anthropologue britanno-colombien travaillant sur des cas de revendications territoriales, Hugh Brody, raconte les mêmes enjeux de terre et d’autonomie des aborigènes en Afrique du Sud. Les liens de rapprochement entre les peuples de l’Afrique du sud et les premières nations du Canada ne s’arrêtent pas là. Mankosi ainsi que d’autres films du festival aborderont d’autres enjeux aborigènes tels le manque de ressources et d’éducation, l’abus et le viol des enfants, et la lutte contre le fondamentalisme religieux. Ce lien se trouve aussi dans le système scolaire: ce n’est pas par hasard si les professeurs formés par EwB s’emparent de la même méthodologie et curriculum pédagogique qui s’emploie actuellement auprès des élèves des Premières Nations canadiennes. Depuis la tombée de l’Apartheid, les écoles et les professeurs ainsi que toute la population sud-africaine doivent surmonter d’énormes obstacles de racisme de ce régime,et selon Hershler, « ça marche ». La coopération visible dans la nouvelle Afrique du Sud « est une relation de « synergie ».
Cet esprit de synergie est évident dans l’approche de Linda Hughes, la réalisatrice de Me, You, Mankosi. Ayant grandi à Capetown, elle garde de très bons souvenirs de moments intimes dans le district Mankosi grâce à son père qui y emmenait la famille chaque été. Elle passait son enfance dans les terres sauvages avec les Xhosa, et elle est tombée amoureuse de « leur musique, leurs danses et même la façon dont ils tuaient et consommaient immédiatement les animaux ». Elle a pu se rapprocher de cette tribu aux marges de la société. Linda et son frère Michael retournèrent à Mankosi armés d’une caméra; la genèse du film défile donc directement d’un retour à l’enfance du duo frère-soeur.
Mankosi est le district rural le plus pauvre de l’Afrique du Sud, et elle est en voie de disparition. Situé au Eastern Cape, Mankosi, est un état souverain, donc hors de la responsabilité du gouvernement sud-africain et compte une communauté rurale pauvre. Le documentaire suit l’histoire de ce territoire peu connu où vivent des membres de la tribu Xhode, des familles rurales de sud-africains blancs et noirs ainsi que des Afrikaners durant les derniers jours avant que la vague de la mondialisation ne les consomme.
La portée de ce film s’étend aux festivals de films internationaux de Dublin, Zimbabwe, Jozi, Cape Winelands et sur grand écran à Auckland et Wellington. Selon Hughes, le commentaire a été très positif ; des spectateurs, notamment sud-africains eux-mêmes, lui avaient témoigné « à quel point leur vie et leur perspectives sur la vie en Afrique du Sud étaient touchées par les différents points de vue et personnalités » du film. David Chudnovsky et son équipe l’ont choisi pour guider le public vancouvérois à « explorer la diversité, la complexité, les couches et les textures de la réalité sud-africaine », et tout simplement « pour la beauté de la cinématographie qui met en valeur le paysage spectaculaire, traversé par le vent sauvage ».
Samedi le 13 avril à 11h au Goldcorp Centre for the Arts 149 Has-tings Ouest, Me, You, Mankosi sera accompagné du court métrage, Real Scenes: Johannesburg, un documentaire dans lequel figurent de jeunes DJs de musique hip hop. Avec cette juxtaposition entre la vie urbaine et rurale, Chudnovsky espère que le public verra la différence et la diversité de l’Afrique du Sud marquée « entre la craie et le fromage ».
« Johannesburg est gigantesque, très intense », dit-il. Cette double séance « se veut une fenêtre sur une réalité très importante que peu de gens connaissent ».
13 et 14 avril
Pour plus d’informations, visitez http://www.vsaff.org, meyoumankosi.com, et educationwithoutborders.ca.