Wild Idyll: la nature comme philosophie de vie

La nature se plie à l’imaginaire artistique de deux peintres à la Galerie d’arts de Surrey qui présente depuis le 9 avril et jusqu’au 19 mai 2013, les tableaux des paysagistes Robert Michener et Ann Nelson sous la rubrique Wild Idyll.

Le duo en résidence s’inspire des paysages de la Colombie- Britannique pour, chacun à leur manière, en faire ressortir les éléments vitaux. Michener, amoureux de la perspective, la déconstruit de façon vertigi-neuse, mais tout en douceur, tandis qu’Ann Nelson en fait jaillir une lumière limpide et l’intense transparence des couleurs.

Une peur des géants de l’art
Robert Michener est né dans une toute petite ville du Minnesota, loin de toute culture ambiante, dans un paysage de falaises calcaireuses qui marquent son esprit. Le peintre commence à dessiner dès l’âge de 6 ou 7 ans, épatant son entourage par ses talents. En 7ème année, il découvre les huiles grâce à un cours de Home Ec.

Toujours à l’école, il fait du chant, de la musique et joue du Tchekhov. A l’heure de choisir une carrière, il se tourne vers le droit, influencé par un personnage populaire de films de l’époque, l’avocat Perry Mason. Mais il change vite d’idée en lisant le programme et s’inscrit à un cours de dessin et un cours d’histoire de l’art, au grand désespoir du recteur. Renversé par le monde artistique qu’il découvre, il part l’année suivante en Europe et visite tous les musées qui se présentent sur sa route. Convaincu qu’il ne pourrait jamais se mesurer aux géants de l’art, il perd confiance et rejoint l’armée. Son service achevé, il reprend ses études et rencontre l’homme qui deviendra son professeur et mentor, le peintre américain socialiste Walter Quirt, qui le convainc de ne jamais abandonner ses ambitions artistiques. Déjà inspiré par une lecture de The Meeting of East and West du philosophe F.S.C. Northrop, ouvrage sur les philosophies orientales, ce que Michener retiendra le plus de son mentor est «son sens de l’énergie. Il parlait d‘une énergie grégaire, et non aggressive. Il n’avait aucun concept du principe féminin/masculin qui définit l’Orient, mais il parlait de cela néanmoins, à sa façon». Il retiendra aussi de Quirt «la nécessité de déconstruire les formes, pour, dans mon cas, en faire ressortir l’émotion, la sensibilité». Émotion, déconstruction et douceur sont les thèmes travaillés par le peintre qui propose, dans un équilibre entre la nature et les êtres humains, un modèle de vie plus intègre.

Ann Nelson et Robert Michener, un duo de peinture | Photo par Ann Nelson et Robert Michener

Ann Nelson et Robert Michener, un duo de peinture | Photo par Ann Nelson et Robert Michener

Trop de place au masculin
Michener, qui fête ses 78 ans cette année, se désole des arts contemporains et du monde qui l’entoure qui est, selon lui, tourné vers le masculin «dominant et agressif, en mode de survie» alors qu’il a tant besoin d’un retour au féminin: «l’art a un aspect instinctif primordial, une forme de spontanéité et les artistes ont souvent été vecteurs de changements culturels; ce qui me déçoit le plus c’est que je n’ai pas vu de mouvement se développer à ce niveau dans le monde de l’art contemporain, il se tourne plus vers le conceptuel en délaissant l’émotion».

Imaginaire du Smulstronställe
Ann Nelson est née sur les rives du Pacifique. Elle peint depuis toujours. Dès son très jeune âge, une amie de ses parents l’initiait au monde des beaux-arts en lui montrant ses propres tableaux. Elle devait deviner ce qui se cachait derrière les taches de couleurs posées sur les canevas. «Elle m’amenait à la plage», se souvient Ann Nelson, «et me disait de regarder, regarder, regarder…les vagues, les vaguelettes. J’étais aveugle. Et puis soudain j’ai VU! Ce fut mon premier éveil au monde de la lumière et de la couleur. Un monde magique où l’eau n’est ni bleue, ni grise, ni verte, mais, contient toutes les magnifiques couleurs de la lumière».

«Peindre, c’est parler le langage de la lumière», selon l’artiste, qui fait de la couleur son sujet de base et utilise ses pigments afin d’en extraire la luminosité. «Dans la nature,» elle se plait de souligner que «c’est la lumière qui crée les cobalts, les cadmiums et les carmins. En peinture, ce sont eux qui créent la lumière».

L’artiste, d’origine suédoise, partage en un mot une petite parcelle de son univers: Smulstronställe – lieu mythique de l’imaginaire suédois, là où poussent les fraises sauvages, lieu de magie et de joie. Ses tableaux en sont les témoins et invitent ceux qui les regardent, à pénêtrer ces lieux privilégiés et à y découvrir leur propre appartenance. Ses paysages, apprivoisés, intériorisés, aux couleurs vives et miroitantes, deviennent source de joie et de reconnaissance mutuelle.

Aujourd’hui, alors que le destin la contraint à une mobilité de plus en plus réduite, elle y trouve, elle-même, refuge et confort.

Deux peintres, deux regards, un commun amour, celui de la nature, où le féminin et le masculin se côtoient dans l’espoir de réconciler l’être humain à son lieu de naissance, physique, mais aussi philosophique.

Wild Idyll
9 avril au 19 mai 2013
Surrey Arts Gallery
13750 88 Ave, Surrey
http://www.surrey.ca/culture-recreation/1621.aspx
http://www.robertmichener.com
http://www.anelson.ca

Agenda

The Year of the Snake: eco-arts outdoor sculpture
Jusqu’à la fin avril 2013 Jardin du Dr. Sun Yat-Sen
http://www.vancouverchinesegarden.com/events

Les membres de Conseil communautaire des arts de Vancouver créent un serpent géant | Photo par Phoebe Yu

Les membres de Conseil communautaire des arts de Vancouver créent un serpent géant | Photo par Phoebe Yu

2013 étant l’année du serpent, un collectif artistique de Vancouver s’est affairé, sous la direction de Alastair Heseltine (Hornby Island) à créer un serpent de 40 pieds de long fabriqué à partir de matériaux organiques. Le serpent, constitué de branches d’osier dont les bourgeons devraient éclore ce mois-ci se couvrira de petites feuilles vertes, se transformant ainsi en une véritable sculpture vivante. A ne pas manquer!

Café de Chinitas
3 au 4 mai 2013 à 20h
4 mai en matinée à 14h
Norman Rothstein Theatre
950 41ème Ouest (et Oak), Vancouver
http://www.mozaicoflamenco.com/news

Hola! Mozaico Flamenco Dance Theatre, une troupe de six danseurs, présente un spectacle extravagant, une fusion de Flamenco aux mélodies asiatiques. Inspiré d’une chanson écrite par le poète Federico Garcia Lorca, Café de Chinitas (le café des chinoises) raconte l’histoire de deux frères matadors, rivaux, Paquiro, l’arrogant, joué par Ricardo Lopez (Compania Rafaela Carrasco) et Frasquelo, le tendre, joué par Emilio Ochando (Nuevo Ballet Espanol), tous deux danseurs étoiles à Madrid. Le spectacle explore le pouvoir et la palette des émotions – l’amour, la jalousie, la peine, la joie et la rage. Olé!

Scandinavian Club Night Vappu Celebration
26 avril 2013 à 20h (les portes ouvrent à 18h pour le repas)
Scandinavian Community Centre
6540 rue Thomas, Burnaby
http://www.scandinaviancentre.org

Une soirée «Chapeau Blanc», c’est ce que nous propose le Vancouver Finlandia Club. Vappu est un festival prisé par les scandinaves qui deviennent au printemps témoins de la victoire de la lumière sur l’obscurité hivernale. Venez entre amis et Maggie vous fera bouger façon Zumba! Arrivez tôt et partager un repas. Plus tard dans la soirée Anita animera un quiz.