Ici à Vancouver, à Victoria, dans l’Okanagan et dans la Vallée du Bas Fraser ce ne sont pas des oies blanches qui font partie de notre paysage urbain, mais bien leurs cousins, soit deux variétés de bernaches que nous pouvons observer à longueur d’année. La première est la bernache migratoire, aussi connue sous le nom d’outarde, dont une partie s’arrête en route vers le Mexique. On les voit en formation de vol en V quand elles se déplacent.
La deuxième est une variété hybride, pareille en tous points à la première, sauf qu’elle ne migre pas. Les bernaches migratoires sont celles que l’on voit en grand nombre dans les grands espaces verts de Stanley Park, Coal Harbour, False Creek, Spanish Banks et Kitsilano Beach. En plus de bien engraisser les espaces verts, elles leurs causent aussi des dommages et contribuent à la contamination en matière fécale de certains plans d’eau douce et de certaines de nos plages, par exemple Sunset Beach, quand elles viennent s’installer pour l’hiver. Ce sont elles qui engraissent abondamment nos espaces verts l’automne.
La variété hybride a été importée ici et dans la région de la capitale provinciale dans les années 50. On croyait à l’époque que ce serait une bonne idée d’accroître la population des bernaches migratoires, pour pouvoir les chasser en plus grand nombre, et pouvoir les admirer dans différents espaces verts. Voilà où le problème commence. Puisque ces oiseaux ont été introduits ici, ils se sont reproduits ici et n’ont jamais développé l’instinct de migration. Donc ils ne se déplacent pas. Et comme l’engouement escompté pour les chasser s’est rapidement estompé, leur population s’est accrue rapidement. Les seules statistiques crédibles disponibles sont pour la région de la capitale provinciale, où selon une étude commanditée par le Capital Regional District (CRD) en 2010, elles seraient maintenant plus de 5000 alors qu’elles étaient moins de 500 à leur introduction ici. Elles causeraient de sérieux dommages à l’environnement. Elles affaiblissent les berges des cours d’eau, contribuant ainsi à l’érosion des sols, détruisent les semences et réduisent les récoltes tout le long de la côte est de l’Ile de Vancouver, de North Saanich à Sooke.
C’est donc cette même variété hybride que l’on voit dans les grands espaces verts des parcs de Vancouver et de sa grande région. Il n’y a pas de chiffres officiels récents sur leur population, mais on peut déduire que la densité et le taux de croissance sont les mêmes que dans la région de la capitale provinciale, avec les même effets sur les exploitations agricoles de la Vallée du Bas Fraser. Pensons seulement que leur durée de vie est de 10 à 20 ans, qu’ils forment un couple pour la vie, qu’une femelle pond en moyenne de quatre à cinq œufs chaque année et que les experts prédisent que leur taux de croissance est de 10% par an…
On préconisait en 2010 leur éradication totale dans la région de la capitale provinciale. Mais voilà, puisqu’il s’agit d’oiseaux migrateurs, ils sont protégés par la loi fédérale de 1916 sur les oiseaux migrateurs même s’il s’agit d’une variété hybride, qui ne migre pas ! Ainsi pour agir de quelque manière à leur encontre il faut prouver qu’elles représentent un danger public, ou qu’elles causent des dommages avant de pouvoir agir concrètement. Plus facile à faire quand vous exploitez un aéroport que quand vous recevez les plaintes des promeneurs dans les parcs de Vancouver. Reste donc le contrôle des naissances, lui aussi règlementé mais plus facile à gérer, quoique son application pose aussi des défis de taille. La méthode la plus efficace est la stérilisation des œufs. Il faut retirer un des œufs du nid, le stériliser en le secouant fermement et le remettre dans le nid, pour que la mère ne se méfie de rien. Vancouver stériliserait ainsi 125 œufs par année…pas de quoi réduire leur population, mais peut-être assez pour l’empêcher de grandir.
Cette espèce hybride, un peu à notre image, est une espèce importée, qui a posé ses bagages ici, a fondé une famille… et n’a aucune intention de repartir…vers le froid. Donc les oisillons que vous verrez bientôt traverser les rues de Vancouver à la queue leu-leu derrière leur maman, sont des bernaches hybrides… ici pour la vie.
www.oiseau-libre.net/Oiseaux/Especes/Bernache-du-canada
Erratum : La photo de la Cooper de la dernière chronique du 8 avril (ici) n’était pas la bonne. Mille excuses, les amateurs l’auront remarqué. Il s’agissait d’un modèle des années 60. Voici un lien pour voir une photo de la nouvelle Mini Cooper 2014 : uncrate.com/stuff/2014-mini-cooper/