La Source s’est attardée sur le cru 2014 des productions francophones présentées au Vancouver International Film Festival (VIFF) et vous propose une petite sélection tout à fait subjective de longs et courts métrages à déguster en salles obscures, qui ont ce point commun d’explorer le temps, le passé proche ou plus lointain, et l’adolescence.
Le VIFF est sans doute l’une des plateformes de diffusion du cinéma canadien les plus intéressantes par ses choix de programmation. Comme le confiait dans nos colonnes son directeur de programmation, Alan Franey, il y a quelques années : « Nous avons une responsabilité particulière envers le cinéma canadien, et donc nous nous faisons un devoir de visionner absolument tout ce qu’il nous est possible de voir et l’équipe qui ne s’occupe que de cela attend d’avoir tout vu pour faire son choix. (…) Nous nous efforçons d’avoir la meilleure sélection d’une large variété de genres de films. » Pari tenu, car proposer une liste courte de films à voir au VIFF, même si l’on s’en tient aux films canadiens produits en français, n’est pas chose aisée.
Longs-métrages : deux adolescences québécoises à 20 ans d’intervalle
Difficile de passer à côté de 1987, quatrième long métrage de Ricardo Trogi et seul film québécois à s’être taillé une place parmi les 20 films les plus populaires de l’été dans la Belle Province, générant 1 987 948 $ de recettes cumulées. Ce long-métrage, suite logique de 1981, nous (re)plonge en 1987 dans la tête pleine d’envies de Ricardo, 17 ans, interprété par Jean-Carl Boucher. Avant de passer du côté obscur de la force, soit à l’âge adulte, Ricardo s’est donné l’été pour expérimenter tout ou presque ce qui lui occupe l’esprit. Et tout, tant dans la trame sonore que dans les détails soignés par Trogi, nous ramène à la fin des années 1980 et de l’adolescence… Décoiffant !
Corbo, deuxième long de Mathieu Denis, nous entraîne quant à lui vingt ans plus tôt, en 1966. Le film raconte l’histoire (vraie) de Jean Corbo, jeune idéaliste italo-québécois engagé au sein du Front de libération du Québec (FLQ), mort à l’âge de 16 ans des suites de l’explosion d’une bombe à Montréal. Un bel essai sur l’engagement et la jeunesse des idées.
Courts : faire parler le temps
Avec Feu de Bengale, d’Olivier Godin, c’est un arrêt sur images aux Antilles qui nous est proposé. En 1994, alors que leur île est sur le point d’être occupée par des forces militaires étrangères, les membres d’un groupe pacifique local kidnappent un soldat pour le faire parler. Parviendront-ils à lui soutirer des renseignements et à changer la destinée politique du pays ? Ce court a déjà un beau parcours et a été vu jusqu’à Édimbourg. À noter qu’Olivier Godin est en train de boucler son deuxième long, intitulé Nouvelles Nouvelles.
Cinéphile, Marie-Josée Saint-Pierre s’intéresse dans Jutra aux causes ayant poussé l’illustre réalisateur Claude Jutra, dont on se souvient encore de l’Oncle Antoine, à s’être ôté la vie. Hommage sensible et animé, ce petit film est un bijou d’ingéniosité qui explore le passé de l’homme et du cinéaste québécois. Il a notamment été sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs, à Cannes.
Enfin, toujours autour de l’importance du temps et pour boucler la boucle sur le thème de l’adolescence, Petit Frère, court métrage signé Rémi St-Michel, nous fait vivre la dernière journée d’Antoine, adolescent de 14 ans « à problèmes », avec son tuteur, Julien, qui s’apprête à partir pour la Russie. Le duo fait durer le temps, allonge les heures et passe du bon temps dans les rues d’une métropole… nous avec !