Le cadeau sous le sapin de la philo

Photo par Steven Depolo

Photo par Steven Depolo

Décembre est, pour beaucoup, synonyme de chasse aux cadeaux. Pour la famille, les amis, parfois les collègues, trouver un présent apparaît comme un passage obligé. Et si, au fil du temps, offrir un cadeau avait perdu de son sens ? Peut-on lui redonner de sa valeur ? Qu’en est-il dans les différentes cultures ? Petite exploration philosophique du cadeau.

À l’approche des célébrations de fin d’année, les réunions festives se multiplient entre amis, en famille ou au travail, et avec elles augmente la désagréable obligation de ne surtout pas arriver les mains vides. À cette période de l’année, « il y a différents types de cadeaux que l’on peut offrir, certains peuvent avoir une valeur symbolique plus importante que d’autres, explique Evan Tiffany, professeur associé au sein du département de philosophie de l’Université Simon Fraser (spécialiste, entre autre, des questions d’éthique). Cela peut parfois prendre des proportions extrêmes lorsque l’on se sent obligé d’acheter un cadeau pour tout le monde, y compris au bu-reau, alors qu’il n’y pas de réelle signification derrière ce geste. C’est juste une attitude sociale purement attendue. »

Repenser notre manière d’offrir

Face à cette frénésie consumériste, le simple geste d’offrir ou de donner perd alors de sa valeur et cela d’autant plus s’il est mis en perspective. « Peter Singer est un philosophe qui a soulevé des questions sur l’éthique de la consommation en général au vu du contexte global et le fait qu’il y ait des dizaines de milliers de personnes qui meurent chaque jour en raison de problèmes liés à la pauvreté », explique Evan
Tiffany.

C’est sur le thème du cadeau que le Café Philo de SFU s’attardera le 16 décembre. | Photo par Greg Ehlers

C’est sur le thème du cadeau que le Café Philo de SFU s’attardera le 16 décembre. | Photo par Greg Ehlers

Alors pourquoi ne pas prendre un peu de recul et repenser notre manière d’offrir ? Car à force de donner et de recevoir des objets sans âme, de nouvelles attitudes ont peu à peu émergé. Celle, par exemple, de revendre ou de ré-offrir un cadeau que l’on vient de nous donner. Il suffirait de « faire en sorte d’offrir un cadeau qui a un réel sens, souligne Evan Tiffany. Si vous avez une relation spéciale avec une personne, lui faire un cadeau qui montre que vous la connaissez bien et qu’elle vous tient à cœur. » Pourquoi ne pas non plus donner autrement, que ce soit faire un don à une association de la part d’un être proche ou offrir quelques heures de baby-sitting, de bricolage ou de jardinage par exemple.

C’est d’ailleurs sur ce sujet de saison que le Café Philo de l’Université Simon Fraser (SFU) s’attardera ce 16 décembre. « C’est une période de célébrations dans beaucoup de religions et de communautés, souligne Randall MacKinnon (l’un des modérateurs). C’est aussi une période pour donner et pour se porter de l’attention les uns aux autres. En réfléchissant au thème Gifts That Keep Giving? (des cadeaux qui ne cessent de donner ?), je pensais justement à des cadeaux qui ont une importance sur le long terme, en rapport avec l’éducation, la culture ou encore des graines qui fleuriront chaque année… Personnellement, je peux me souvenir de cadeaux qui ont eu du sens et qui me rappellent des souvenirs, ma famille ou des amis. »

Le bon cadeau au bon interlocuteur

Car le geste d’offrir, lorsque l’on y met un peu d’attention, peut aider à créer ou à renforcer une relation. C’est particulièrement le cas dans le cadre d’une relation interculturelle. L’Empire du Milieu en est un exemple probant. « Offrir un cadeau est vraiment important en Chine pour construire une relation, souligne Karen Rolston, directrice du Centre pour la Communication Interculturelle à l’Université de Colombie-Britannique (formation continue). [Lors d’un déplacement], il est plus que convenable pour moi d’apporter un cadeau en relation avec mon université. Et dans la plupart des cas, je recevrai de la part d’une délégation chinoise un cadeau avec le logo de leur entreprise, par exemple. »

Attention cependant aux faux-pas, car il faut offrir le bon cadeau au bon interlocuteur ! « Lorsque nous nous rendons en Chine, il y a souvent un groupe avec le directeur, plusieurs responsables, et souvent quelques plus jeunes recrues, décrit Karen Rolston. Il serait malvenu de donner un cadeau très cher aux plus jeunes recrues et un simple stylo au directeur, par exemple. Il s’agit de reconnaître la hiérarchie, qui, dans certaines cultures, est particulièrement importante. »

Philosophers’ Café
Le mardi 16 décembre à 10h
Dogwood Pavilion, 624 Poirier St., Coquitlam