« Carte blanche », une diversité dans l’art de rendre visible ce qui n’existe plus

Une scène du film polonais Carte Blanche. | Photo par Łukasz Łukasz

La Pologne va bien, merci ! Carte Blanche, le dernier film de Jacek Lusinski, cinéaste et réalisateur polonais, prend place cette année au 14e festival Diverciné. Festival qui, comme les précédentes éditions, s’annonce explosivement varié.

Carte Blanche, c’est l’histoire du renouveau, d’une renaissance dans l’obscurité, un hymne à la persévérance et à la dignité humaine.

L’oeil vissé derrière le grand angle de sa caméra, Jacek Lusinski va tramer image par image, plan après plan, pour raconter cette extraordinaire histoire qui a vu le jour un beau matin comme on les aime, ceux où le soleil brille à vous rendre aveugle. « Un beau matin ensoleillé, je suis allé prendre mon petit déjeuner dans un restaurant du voisinage. J’ai pour habitude de lire le journal pendant les repas, cela a été le commencement de l’aventure. J’ai lu un article sur la fabuleuse et émouvante histoire de ce professeur de la ville de Lublin qui perdait progressivement la vue. J’ai été intrigué et fasciné par sa force, et bien évidemment le petit déjeuner fut terminé même avant son début ».

Carte Blanche, une mission éducative

Menacé par une cécité permanente et totale, Kacper (interprété par Andrej Chyra), professeur de lycée aimé et respecté de tous, cache sa perte de vue progressive pour ne pas perdre son poste et pouvoir préparer ses élèves au baccalauréat. Le diagnostic médical est sans appel.

Expression d’une lucidité envoûtante, Kacper va apprendre à vivre avec son handicap et va mener à bien sa mission. Il noue des liens intimes avec sa collègue Ewa et aide une adolescente révoltée. Pari gagné !

Inspirée de faits réels, l’histoire du film a une mission éducative et sociale. Nous sommes plongé dans un contexte dans lequel l’éducation est omniprésente. « En tant que réalisateur, l’éducation et la culture sont deux aspects importants dans mon métier. Nous avons un rôle à jouer, mon métier a un impact sur les gens. Seul un fou dirait le contraire. Néanmoins il est primordial de garder en tête que nous sommes de simples observateurs et non des moralistes qui enseignent aux spectateurs l’art du « comment » bien vivre ».

Carte Blanche, une histoire pleine de vérité

Au plus près du réel. Cette captation de la réalité commence à Lublin, ville du centre-est de la Pologne qui partage ses frontières avec l’Ukraine et la Biélorussie.

L’idée motrice du cinéaste est de rester proche des faits : « Carte Blanche est un film sur la peur, sur la fragilité de ce que nous considérons acquis dans notre société. On a accompli tant de choses dans la vie et on aime à penser que rien ne changera jamais. C’est le récit universel d’un homme qui se trouve face à l’inévitable. Je trouvais nécessaire de capturer l’énergie de cette ville pour remplir le film d’une dimension réelle, il faut toutefois noter que le récit de ce professeur a été l’idée motrice, le reste n’est que fiction ».

L’histoire personnelle de cet enseignant a tous les attraits d’une leçon d’histoire : collective, objective, véridique. Ce malicieux clin d’œil aux personnes souffrant d’un handicap se donne à nous, nous éclaire sur leur condition de vie.

Il y a dans ce récit une histoire de durée, de progression, où l’invisible est question de temps…


C
arte Blanche. Dir : Jacek Lusinski
106 min. DCP.   VO : Pl   ST : Fr

Projection : Samedi 19 mars à 18h30
The Cinematheque
1131 rue Howe, Vancouver