Henri Cartier-Bresson aimait à dire que « la photographie est une réponse immédiate à une interrogation perpétuelle. » Suivant les traces de ce célèbre photographe humaniste français, un talentueux artiste canadien s’est aventuré à faire parler les rues de Paris et de Vancouver.
Le festival Capture se tient cette année du 1er au 28 avril à Vancouver et rend hommage à l’art de la photographie, en présentant gratuitement au public plus d’une centaine d’expositions. Le but de Capture est à la fois de faire connaître de nouveaux artistes, d’offrir un accès à la culture à tous, mais surtout d’encourager la créativité au sein de la communauté artistique photographique.
« Les villes sont des mers d’humanités »
L’auteur de cette phrase est Alan Jacques. Le festival met en lumière le travail de cet amoureux des villes, dans une exposition intitulée Vancouver et Paris. Nous y découvrons trente photos en noir et blanc qui illustrent les ressemblances et les différences entre les deux villes. « Toutes deux sont belles, mais leur beauté ne s’exprime pas de la même manière », ajoute-t-il.
Vancouvérois, Alan Jacques trouve sa ville singulière avec ses hautes tours, son bord de mer animé et ses nombreux restaurants. En 1984, il se rend à Paris pour la première fois. Immédiatement, il est subjugué par l’esthétique de la capitale, ses immeubles de six étages, ses larges boulevards et les nombreuses terrasses de cafés. Selon lui, un photographe met en valeur un lieu s’il en fait ressortir son authenticité : « La beauté est là, partout, il nous suffit d’ouvrir les yeux pour la voir. » C’est pour cette raison qu’il est retourné à Paris vingt ans plus tard pour en photographier ses rues avec un guide, prenant soin d’éviter les endroits touristiques.
Vancouver est belle, « grâce à cette nature qui l’entoure, les montagnes et l’océan, alors que l’attrait de Paris est davantage le fruit du travail de l’homme » remarque le photographe.
Amorcer un dialogue visuel avec le public
Ce qui intéresse Alan Jacques dans les villes, « c’est ce qui au premier regard apparaît comme ordinaire ». Parmi ses clichés, son préféré met en scène deux femmes qui marchent côte à côte, de dos, dans un décor qui se voit en partie à travers le filtre de verres vides. La scène est simple mais le rendu magiquement profond. Dans Inside and Outside, la lumière du jour pénètre sur les clients assis dans un café face aux passants de la rue en mouvement. « Je cherche à créer une danse visuelle de l’esprit chez celui qui regarde mes photos », prévient-il.
Le photographe utilise un viseur sur un ancien Nikon F2 de 35mm. Il est si petit qu’il peut le placer au niveau de sa taille, de ses genoux ou juste au-dessus du sol. Ainsi, les gens ignorent qu’il est en train de prendre des photos puisque l’appareil n’est pas devant ses yeux ! Cette astuce lui offre une grande liberté. Il attend juste le bon moment : « Je capture le genre humain tel qu’il se déploie autour de moi ». Nombre de ses photographies sont prises en contre-plongée, avec un objectif grand angle, ce qui donne l’impression de défier les perceptions conventionnelles de notre monde quotidien.
La maladie de Parkinson lui a été diagnostiquée il y a une vingtaine d’années. Loin de s’apitoyer sur son sort, il affirme que cela l’a rendu meilleur photographe : « Je passe désormais plus de temps à réfléchir et à regarder les photos… Je me concentre davantage sur la qualité de mes images plutôt que sur la quantité. »
Edith Piaf chantait que « le ciel de Paris a son secret pour lui », et il semble bien l’avoir partagé avec Alan Jacques qui sait en faire éclater sa beauté dans ses sublimes clichés.
Vous aimez Paris, Vancouver, la photographie ? Ne perdez pas une minute et rendez-vous à la Visual SpaceGallery, 3352 Dunbar Street. À noter que l’artiste évoquera son travail à la galerie le mercredi 6 avril de 19h30 à 21h.
Bel article, merci Aude-Élise!
Très bel article.