Pour ces derniers Tissus urbains de l’année, je ne peux m’empêcher de revenir sur LE sujet qui a fait la manchette urbaine en 2016 et qui servira de tremplin pour la suite des choses en 2017, en particulier pour la campagne électorale provinciale du printemps prochain. L’immobilier, puisqu’il faut l’appeler par son nom, a été servi à toutes les sauces, et ses acteurs principaux que sont les professionnels de l’industrie ont été accusés sans discernement de tous les maux. Le bébé a été littéralement jeté avec l’eau du bain ! Alors, où en sont les choses aujourd’hui ?
La bulle est encore bien ronde et bien joufflue, et est toujours loin de montrer des signes d’éclater sous peu. La santé de l’immobilier se porte donc plutôt bien même au lendemain de l’imposition de la surtaxe de 15 % pour les acheteurs étrangers au début d’août. Les prix et le nombre de transactions ont bien subi une baisse, mais l’offre montrait déjà des signes de faiblesse et, comme dans tout marché d’acheteurs, les prix s’ajustent. Par exemple, en août le prix médian de la maison unifamiliale baissait de 16,9 % en comparaison à juillet. Pour les maisons en rangée et les appartements en copropriété, les prix ont aussi chuté, mais de façon moins dramatique, soit respectivement de 8,6 % pour les maisons en rangée et de 7,8 % pour les appartements. La demande pour les condos de deux ou trois chambres à coucher semble être forte. Les jeunes familles se font à l’idée qu’habiter un appartement n’est pas une si mauvaise concession à faire, compte tenu de la qualité de vie qui vient avec la vie urbaine. D’ailleurs, la génération du millénaire choisirait résolument de rester en ville plutôt que de déménager en banlieue éloignée, justement pour ces raisons.
Il y a eu ensuite la surtaxe de 1 % de l’évaluation foncière sur les maisons et appartements inoccupés plus de six mois par année, imposée à leurs propriétaires de Vancouver dont ce n’est pas la résidence principale. Ainsi pour une résidence dont l’évaluation foncière serait de 500 000 $, cela représentera une surtaxe de 5 000 $, qui ira vers la construction de logements abordablestout comme la surtaxe provinciale de 15 %… en principe. Cette taxe entrera en vigueur au début de 2017 et sera due pour l’évaluation foncière de 2018.
À la fin de novembre on apprenait que le gouvernement provincial s’apprêtait à resserrer sa législation pour empêcher le développement résidentiel frauduleux des terres arables par des promoteurs immobiliers. Certains d’entre eux ont su profiter des failles dans la réglementation pour y construire des résidences gigantesques, qui n’ont rien à voir avec l’exploitation agricole et ainsi profiter de réductions d’impôts fonciers considérables, puisque la valeur foncière d’une terre agricole est de beaucoup inférieure à celle d’un terrain résidentiel.
La constance entre ces trois éléments est qu’ils sont tous en réaction, soit à une série d’articles publiés par la journaliste Kathy Thomlinson du Globe and Mail sur les pratiques douteuses de certaines agences immobilières et la construction résidentielle en zone agricole, soit aux résultats de recherches du professeur Thomas Davidoff et ses collègues de la UBC Sauder School of Business sur le nombre de logements inhabités et la crise du logement locatif.
Il est décevant de constater qu’encore aujourd’hui, nos différents paliers de gouvernement prennent des décisions réactives au lieu de prendre des décisions “proactives”, c’est-à-dire qu’ils agissent en réaction au lieu d’agir en prévention à des situations critiques anticipées. Et ce ne sont là que trois des éléments qui ont alimenté la manchette de la flambée des prix de l’immobilier et de ses causes présumées en 2016. On a finalement constaté qu’il n’y avait pas une seule cause à la crise du logement et de l’immobilier, mais que l’ensemble des causes avancées a clairement contribué à exacerber une situation spéculative qui était pourtant déjà amorcée depuis longtemps.
Alors quelles seront les conclusions à en tirer en 2017 ? Attendez-vous à ce que le ton de la campagne électorale de mai prochain soit résolument urbain. En effet, en plus de la crise immobilière et de la crise du logement, du financement provincial timide des besoins en développement d’infrastructure de Translink, de sa promesse de financer la construction du remplacement du tunnel Massey et enfin l’appui que le gouvernement provincial donnera au doublement appui pipeline Trans Mountain entre Edmonton et Burnaby, seront de tous les débats. À vos pancartes !
Bonne année !