Ce n’est un secret pour personne : Vancouver est la mecque du yoga en Occident. Les différents studios ont pignon sur rue et rivalisent en qualité, attirant des spécialistes du yoga du monde entier. À l’occasion de la Victoria Yoga Conference, qui se tiendra dans la capitale de la Colombie-Britannique du 9 au 11 février, faisons le point sur les différentes perspectives concernant la pratique du yoga sur la côte Ouest.
Mais pourquoi le yoga est-il donc aussi prisé à Vancouver ? D’après Andrew Fredericks, gérant de Karma Teachers, un studio de yoga à Gastown, les gens sont d’abord attirés par la pratique des asanas (poses) car ils font beaucoup attention à leur physique. « Mais après, ils se rendent compte que le yoga renferme bien plus et que le fait d’être souple ou pas n’a en fait aucune importance », dit-il.
Andrew en a fait personnellement l’expérience car il a découvert le yoga alors qu’il était en prison. Il raconte : « Cela m’a entièrement reconnecté avec moi-même. Après ma sortie, j’ai remarqué que j’étais stressé lorsque j’arrêtais de pratiquer alors je n’ai plus jamais arrêté. Le yoga a fait de moi une autre personne et je n’ai même pas eu besoin de faire des efforts, c’était tellement naturel ».
Adheesh Sathaye est professeur de littérature sanskrite à l’UBC et il semble être assez d’accord : « Outre le fait d’être un moyen de bouger son corps, le yoga offre une certaine spiritualité à beaucoup de gens qui ne sont pas religieux à la base ». Il ajoute que « le yoga n’est lié à aucune religion, c’est plutôt un style de vie philosophique. Mais on ne force personne, c’est un choix personnel ».
Faire du yoga avec des chèvres ou en buvant de la bière
Beaucoup se sont emparés de la vague du yoga pour adapter cette pratique à leur sauce. C’est ainsi que des concepts tels que le « Goat yoga » (yoga avec des chèvres) ou « Beer yoga » (faire du yoga en buvant de la bière) ont fait leur apparition. « Disons que c’est une façon intéressante d’attirer les gens sur un tapis de yoga », rit Andrew Fredericks.
Selon le gérant, il ne faut pas « boycotter un type de yoga, on peut essayer et puis se forger sa propre opinion ». Quant à Adheesh Sathaye, il émet quelques réserves : « Le concept même du yoga veut que l’on renonce aux choses matérielles car elles ne nous donnent du plaisir qu’à court terme. Par conséquent, la façon dont les gens font du yoga ici va à l’encontre de cette idée ». Mais il confirme que « [cela] peut en inspirer beaucoup à explorer les autres facettes de la pratique par la suite ».
Le renouveau du yoga en Inde
L’Inde est le berceau du yoga et de sa philosophie. Or, avec le temps, « l’Inde est devenue une société très matérielle, reposant sur le la lutte du pouvoir et du statut social », explique le professeur. « Mais les jeunes Indiens sont en train de changer car ils sont désenchantés par ce style de vie », ajoute-t-il.
En fin de compte, c’est la même raison qui a poussé les Occidentaux à se tourner vers le yoga dans les années 1960. « C’est étrange, ce concept qui est né en Inde et a été exporté à l’Ouest est en train d’y revenir sous sa forme occidentalisée », s’amuse Adheesh Sathaye. Les Indiens ont aussi compris que
« plus ton esprit devient clair, plus tu deviens à même d’agir pour te transformer », déclare Andrew Fredericks.
D’où l’importance de pratiquer le yoga aux côtés d’un yogi qui en connaît un rayon. « Je pense que la clé d’un bon professeur de yoga c’est d’avoir déjà fait un travail sur lui-même pour pouvoir enseigner cette pratique à d’autres », conclut-il.