La Colombie-Britannique va permettre les tests de dépistage à domicile du cancer du col de l’utérus, devenant ainsi la première province canadienne à aller de l’avant avec cette méthode. Ces tests seront mis à la disposition du grand public à compter du 29 janvier 2024. Ce nouveau procédé est jugé plus efficace que les tests primaires administrés par les spécialistes du secteur, en plus d’offrir une nouvelle option aux femmes.
Suzanne Leenhardt – IJL – Réseau.Presse – Journal la Source
Le ministère de la Santé de la C.-B. en a fait l’annonce le 9 janvier dernier, suscitant des réactions positives dans le milieu de la santé. La province mettra à la disposition du public un kit d’auto-dépistage à cet effet. Ainsi, les femmes âgées d’au moins 25 ans en Colombie Britannique pourront dépister le cancer du col de l’utérus de chez elles.
Le dispositif consiste à commander un kit sur le site de BC Cancer ou par téléphone. Il regroupe une fiche de consignes, un écouvillon, un sac en plastique stérilisé et une enveloppe préparée à destination du laboratoire. Une fois cette trousse reçue, les femmes devront prélever un échantillon de leurs cellules en tournant l’écouvillon en plastique dans leur vagin pendant 20 secondes. Elles pourront ensuite le placer dans un tube en plastique et l’envoyer au laboratoire d’analyse le jour même.
“La majorité des personnes ayant des cellules précancéreuses sont asymptomatiques, donc l’objectif du dépistage du papillomavirus est de les détecter le plus tôt possible et de les traiter. La fiabilité de ce test se situe entre 96 et 98%”, avance le docteur Lily Proctor, oncologue à BC Cancer. D’après la province, ce cancer touche 200 nouvelles femmes par an en Colombie-Britannique. Ces tests traquent le virus du papillome humain (VPH) avant le stade du cancer, avant qu’il n’ait provoqué des évolutions dans les cellules du col de l’utérus. Contrairement à la méthode utilisée par le test Pap aujourd’hui en vigueur.
Un dépistage tous les cinq ans
Une fois le test envoyé, le délai d’attente des résultats par courrier se situe entre 4 et 6 semaines. Une échéance plus rapide que les tests Pap qui nécessitent l’analyse microscopique de l’échantillon par un employé du laboratoire. Si une personne reçoit un résultat positif, elle sera mise en contact avec des professionnels de santé proches de chez elle. En fonction des types de lésions, elle devra probablement réaliser des tests supplémentaires comme un autre test Pap ou une colposcopie pour identifier le type d’infection. Il existe une centaine de papillomavirus mais seulement une quinzaine est considérée à haut risque et peut évoluer en cancer. Avec cette nouvelle méthode, la fréquence du dépistage change également : les tests devront être réalisés tous les cinq ans contre trois ans auparavant pour les Pap.
Des inquiétudes ont toutefois été soulevées concernant les délais de traitement du cancer. Depuis le mois de mai 2023, la province a déjà envoyé des centaines de patients aux États-Unis pour leur permettre de suivre des soins contre le cancer, à cause du manque de personnel au Canada. Cette situation n’aurait probablement pas beaucoup d’incidences sur les personnes positives au papillomavirus puisqu’il s’agit d’un traitement en amont du stade de cancer.
Favoriser l’accès aux soins
Première province à développer ces tests, la Colombie-Britannique ambitionne dans le même temps de supprimer les barrières qui dissuadent les femmes craignant les soins médicaux. Certaines sont réticentes à consulter à cause de traumatismes antérieurs, un manque de temps ou encore une défiance face à la médecine moderne. L’auto–test offre le choix de la méthode de dépistage. Mais la démarche reste tout de même au bon vouloir de la personne. Comment faire adhérer le plus grand nombre ? “BC Cancer envoie une lettre d’invitation et de rappel aux personnes éligibles. Dessus il y a un code QR ou un numéro de téléphone ou un fournisseur de soins de santé, pour inciter à se faire dépister. Nous faisons aussi appel à la province pour communiquer”, complète le docteur Lily Proctor, remplie d’espoir pour la réussite de ce programme grâce à “l’éducation et au traitement médiatique”.
Dans une entrevue accordée à la radio CBC, la Société canadienne du cancer accueille favorablement la nouvelle et assure que les autres provinces commencent à regarder de près ce dispositif. Dans le domaine médical, avoir le choix résonne comme une manière de se réapproprier sa santé et son corps.