Triangle Trade : des marionnettes pour interroger l’identité noire

Des marionettes servent d’avatars pour s’exprimer sur l’identité et l’appartenance. | Photo de Surrey Art Gallery

Le court-métrage Triangle Trade est né d’une conversation transfrontalière d’un an entre trois artistes. Dans cette collaboration se confondent les marionnettes de Jérôme Havre, l’art de la performance de Camille Turner, et la réalisation de Cauleen Smith.

Les protagonistes, des marionnettes modelées par Jérôme Havre, évoluent dans des décors de papier, de tissu et de peinture.

Le film de 14 minutes est diffusé à la Surrey Art Gallery jusqu’au 24 mars 2019. Camille Turner et Jérôme Havre seront présents pour échanger avec le public lors d’une discussion organisée le 16 février de 14 h 30 à 16 h.

Identité et appartenance

Réalisé par les trois artistes, le film examine les relations spécifiques entre l’identité noire, la terre et l’appartenance.

Chaque marionnette est la représentation d’un des trois artistes qui ont collaboré à la réalisation de ce film. Pour Camille Turner « utiliser des marionnettes comme avatars a permis de faire abstraction de nos idées, tout en nous permettant d’aller au cœur de la vérité ». Chacun d’eux a créé l’environnement où évoluent leurs personnages. Trois mondes distincts qui les isolent, mais leur offre parfois la possibilité d’une meilleure association.

Le décor de Cauleen Smith représente un volcan. Puisque chaque parcelle de la Terre a été colonisée et revendiquée par l’homme et les nations, comment se sentir appartenir à l’une d’elles ? Même l’espace fait l’objet de convoitises coloniales. Le volcan, c’est le cœur de la Terre, le symbole de ce que personne ne peut s’approprier. Peut-être le seul espace où pourraient exister la liberté et la justice ? La marionnette de Jérôme Havre se trouve sur une île, sur laquelle elle se sent à la dérive. Celle qui représente Camille Turner évolue dans un univers magique, semblable à rien de ce que l’on pourrait trouver sur Terre.

Ces espaces allégoriques plongent les marionnettes dans une réflexion sur leur identité noire, leur rapport au territoire et leur appartenance à la société contemporaine. Le film témoigne également de la diversité des expériences de la diaspora noire. Camille Turner précise : « Jérôme, Cauleen et moi sommes venus ensemble pour créer Triangle Tradecomme moyen de réfléchir à notre identité en tant que descendants de ceux qui furent dispersés de force dans différentes parties du globe. ».

Triangle Trade est né d’une conversation transfrontalière d’un an entre les trois artistes. Camille Turner confie : « Cauleen vient des É.-U. Jérôme, qui est né et a grandi en France, est d’origine martiniquaise, et je suis né en Jamaïque et ai grandi au Canada. Que partageons-nous ? Comment pouvons-nous nous reconnaître et reconnaître nos liens les uns avec les autres ? Et de quelle manière nous sommes différents ? ». Sur la base de ces questionnements sont nés trois avatars qui, au-delà de leurs réflexions personnelles sur l’identité et l’appartenance, interrogent les futurs possibles et les histoires alternatives.

Clin d’oeil sur les artistes

Artiste multidisciplinaire, Jérôme Havre utilise diverses techniques et outils pour créer des installations scénographiques. Par le biais de ses œuvres, il interroge les questions d’identité, de territoire et de communauté, et étudie les processus politiques et sociologiques de la vie contemporaine liés au nationalisme en France et au Canada.

Camille Turner est une exploratrice de la race, de l’espace, de la maison et de l’appartenance. Fondatrice d’Outerregion, une société de performance afro-futuriste, ses interventions, installations et engagements publics sont présentés partout au Canada et à l’international.

Cauleen Smith s’inspire du structuralisme, du cinéma du tiers monde et de la science-fiction. En exploitant de multiples matériaux et arènes, elle inscrit son travail dans le discours du film expérimental du milieu du vingtième siècle.

Le fruit de la collaboration entre ces trois artistes sera exposé pour la première fois en Colombie Britannique. L’occasion de plonger dans un univers onirique pour interroger les réalités de l’identité noire.

Pour plus d’information, veuillez visiter www.surrey.ca/culture-recreation/28245.aspx