L’an 20

Le chiffre 20 porte-t-il bonheur ? Nous sommes en droit de nous poser la question alors que nous venons d’entrer de plein pied dans l’antre de la nouvelle année où le chiffre 20 figure de manière proéminente. 2020. Deux fois 20 dans une même année c’est du jamais vu. En termes de numérologie on ne peut guère faire mieux. Est-ce bon signe ?

À en croire les sites internet consacrés à l’analyse des chiffres il semblerait que 20 serait de bon augure. Certains parlent même d’un 20 angélique. De quoi vous donner des ailes ou la chair de poule. Tous vous vantent les mérites de ce chiffre choisi par les anges pour communiquer avec nous braves gens, les mortels. L’idée a priori n’est pas pour me déplaire. Passer une année sous la bienveillance des anges, qui oserait cracher dessus ? Autant en profiter. Pour une fois que ces ailés servent à quelque chose, je ne vais pas rechigner. J’ai bien un ange gardien mais depuis quelques années il est dépressif et m’a en quelque sorte abandonné à mon sort. Je ne lui en veux pas. Après tous les déboires, tous les désastres et autres malencontreuses péripéties par lesquels nous passons depuis des années, je comprends son pauvre état d’âme. Mon ange a le cafard, aurait dit Baudelaire.

Sur la route de 2020.

Mais tout cela risque de changer en ce début de nouvelle décennie. Mon petit doigt, qui la plupart du temps se croise les doigts, me l’a fait savoir. Si je me fie à lui, 2020 devrait nous gâter alors que nous abordons, sans en avoir l’air, la troisième décennie du vingt-et-unième siècle de notre ère. Nous entrons donc de plein fouet dans les années vingt. Faisons donc attention où nous mettons les pieds. Il ne faudrait pas marcher dessus même si ça porte bonheur.

Pour tout vous dire, 2020 m’inspire : qu’importe ce que 2019 advint puisqu’enfin 2020 vint. Je poursuis sur ma lancée : que nous réserve 2020 ? Je l’ignore car je ne suis pas devin. Facile, je l’admets. J’en ai d’autres, biblique celle-là : « Tu ne prononceras pas le nom de 2020 en vain ». Ce n’est pas fini. J’imagine que la maison de couture Lanvin va profiter de l’occasion pour lancer une grande campagne publicitaire : En l’an vingt, portez Lanvin.

Il sera aussi possible d’affirmer sans gêne : « Divin ce vin de 2020 ». Qui eût cru qu’on puisse obtenir un si bon cru. Je sens qu’en 2020 je vais m’en donner à cœur joie. Espérons que cette année bissextile ne soit pas trop susceptible.

Pas une autre année en ce millénaire ne pourra reproduire un phénomène numérique de la sorte. Nous vivons un moment historique. 1010 fut la dernière année en date à vivre cet instant mémorable. Il faudra attendre 3030 pour que pareil événement se reproduise. De quoi vous faire rêver. Durant mon existence, à mon grand regret, l’occasion de marcher sur la Lune ne m’a pas été donnée. Par contre je peux revendiquer le droit de passer à la postérité en affirmant non sans orgueil que j’étais là en chair et en os pour accueillir 2020.

Placée sous de si bons auspices l’année s’annonce prometteuse sur le plan événementiel. La tenue de l’élection présidentielle aux États-Unis risque de dominer l’actualité jusqu’au mois de novembre. J’ai le temps de mourir d’inquiétude en attendant le résultat. À surveiller aussi les possibles tours de passe-passe, pour demeurer en place, du gouvernement minoritaire de Justin Trudeau. Le Brexit devrait aussi retenir notre attention même si à ce stade-ci les dés sont pratiquement jetés. « Messieurs les Anglais, tirez (-vous) les premiers ! ». La conquête de l’espace devrait aussi retenir notre attention en 2020. Quatre grandes missions spatiales sont prévues entre juillet et le début du mois d’août : destination Mars. Amateurs de sensations fortes, attachez vos ceintures.

Toujours au courant de l’été, deux événements majeurs à l’affiche. L’un, la tenue d’Euro 2020 attend de pied ferme les fervents du foot du 12 juin au 12 juillet. L’autre, les Jeux olympiques d’été de Tokyo qui auront lieu du 24 juillet au 9 août, conviera les athlètes à lutter pour l’obtention de médailles dont on ne connaît pas encore l’envers. Des jeux desquels la Russie, qui depuis des décennies joue avec le feu de la flamme olympique sous forme de dopage chronique, a été provisoirement bannie. Des jeux sans eux c’est comme des poules sans œufs, ai-je pensé ce matin avant d’aller me faire cuire une omelette.

2020, rassurez-vous, tout compte fait, devrait marcher comme sur des roulettes. Quelques perturbations sont à prévoir. Nous n’y échapperons pas. Si l’année toutefois ne fait pas trop des siennes, 2020 se verra alors décerner la meilleure note : 20 sur 20.