C’est par ce titre que TV5 Monde, la plus grande chaîne francophone, diffuse une émission créée et animée par Wanda Jemly, écrivaine, animatrice et conteuse camerounaise.
Il s’agit d’une série de clips vidéo dans lesquels plusieurs enfants africains partagent avec elle des histoires, des contes ou des anecdotes de leur création, parfois tristes, émouvantes, mais surtout pétillantes de vie et d’imagination.
Née au Cameroun, Wanda Jemly y a vécu jusqu’à l’âge de seize ans. Après avoir passé la majeure partie de sa vie en Suisse, elle vit maintenant à Vancouver. Elle écrit des livres pour enfants publiés par sa maison d’édition, Lu-et-Relu, qu’elle joue également sur scène pour les enfants et leurs parents sur les thèmes de l’Afrique. Mme Jemly consacre beaucoup de son temps à promouvoir la lecture dans les régions reculées du Cameroun et à développer la sensibilisation à la culture africaine dans le monde. Elle a aussi créé et coordonné l’association Afrika 21 dont le mandat est de mettre en avant la culture africaine en Colombie-Britannique. Elle s’est remise à l’audiovisuel, produisant des vidéo clips musicales et des CD dont plus récemment Amoura, un long métrage documentaire sur la vie des femmes camerounaises, dont elle est le personnage principal.
La Source a pu obtenir un entretien par Skype avec Wanda Jemly. Voici ce qu’elle a confié.
La Source : Vous portez plusieurs « chapeaux » dans les domaines de l’écriture et de l’art. Comment vous définissez-vous ? Quels sont les titres professionnels qui s’appliquent le mieux à ce que vous faites ?
Wanda Jemly : Je ne peux pas me définir, ce que je sais c’est que j’écris des livres pour les enfants et j’ai créé une émission qui vient de prendre beaucoup d’ampleur. Je me considère également comédienne et animatrice. C’est à ceux qui me suivent de définir qui je suis !
LS : Quand avez-vous décidé de devenir écrivaine ?
WJ : Je ne peux pas vous le dire avec certitude. J’ai toujours aimé raconter des histoires, des contes depuis que j’étais toute petite. Mais j’ai commencé à écrire quand je travaillais pour une chaîne de TV locale. C’est à ce moment que j’ai eu confiance en moi. Mon père était pasteur presbytérien au Cameroun, si bien que les enfants étaient censés réciter des passages religieux en public. On n’avait pas le choix, que ce soit à Pâques ou à Noël, nous devions nous exposer devant notre congrégation. Si on connaît l’Afrique et le Cameroun, on sait que c’est une tradition très suivie.
LS : C’est pour cette raison que vous avez choisi d’écrire des livres d’enfants ?
WJ : J’aime écrire des livres pour enfants en partie pour les illustrations – je suis très visuelle – quand j’ai un conte dans la tête, je vois d’abord une image qui correspond à ce que je veux dire; je vois ce que je veux écrire.
LS : En effet, vous avez publié plusieurs livres d’enfants dont les illustrations sont très belles. Lequel préférez-vous ?
WJ : Dire ou ne pas dire, mon premier livre. C’est l’histoire d’Achouka et de ses amis qui sont en vacances au Cameroun mais leur amitié résistera-t-elle ? Dans cette histoire, je me retrouve avec toutes les choses que j’aurais voulu dire lorsque j’étais enfant, mais que je ne pouvais pas. Je n’avais pas le droit de parler.
LS : Quand vous dites : « Je n’avais pas le droit de parler » qu’est-ce que vous entendez ?
WJ : Dans la culture africaine, évidemment, ça commence à changer, les enfants ne pouvaient converser qu’entre eux. Bien sûr, ils répondaient aux questions de leurs parents, mais ils ne pouvaient pas se mettre à côté des adultes et avoir une conversation avec eux. Donc imaginez-vous, pour quelqu’un comme moi qui avais des tonnes de choses à dire, c’était bien frustrant ! Ainsi, je me mets à la place de l’enfant. Les thèmes que j’apporte à mes livres, ce sont les thèmes qui m’ont touchée ou que j’ai vécus, et cela m’a tellement sensibilisée qu’il me faut l’écrire. Créer un conte c’est une sorte de thérapie pour moi.
LS : Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez actuellement ?
WJ : J’ai tant de livres qui doivent voir le jour, tant de projets et pas assez de temps ! Je laisse la porte ouverte au destin !