Après notre fête nationale célébrée le 1er juillet, les Américains nous ont imités le 4 juillet alors que les Français s’apprêtent à faire de même le 14 juillet, mais je me demande ce que nous avons bien pu célébrer. Pour moi, bon Canadien, bon Britanno-Colombien, bon Vancouvérois, la question ne s’est pas posée : célébrer la fin de cette période de chaleur que nous avons vécu récemment serait, il me semble, un bon départ. Il a fait chaud, même très chaud. Si chaud que cela m’a donné froid dans le dos à la lecture des records de température atteints dans la province au cours des derniers jours du mois de juin. La planète se réchauffe et nous avec. D’autant plus grave, cette extrême vague de chaleur est responsable d’un nombre élevé de décès enregistrés en Colombie-
Britannique. Comme si, en plus de la COVID-19 et de la crise d’opioïdes, nous avions besoin d’un autre fléau.
La situation s’est avérée si dramatique qu’il m’est arrivé de recevoir des coups de téléphone d’un peu partout au monde de la part d’amis ou de membres de ma famille inquiets et préoccupés de mon sort. Les nouvelles concernant la canicule dont nous étions victimes ont fait la manchette des journaux tout autour de la planète. Après Expo 86 et les Jeux olympiques d’hiver 2010, la ville de Vancouver se retrouve de nouveau sur le devant de la scène. Cela devrait satisfaire le ministère du tourisme de la Colombie-Britannique qui lutte depuis des années à faire valoir au monde entier que, contrairement au cliché nous concernant, il peut faire chaud au Canada, que notre région n’est pas faite de glace et de neige et que nous ne vivons pas dans des igloos.
Je dois admettre que je subis encore les conséquences des récentes chaleurs. J’en ressens toujours ses effets. Mes méninges, prises par surprise, se sont mises à fondre comme glaçons ou cubes de glace au soleil, provoquant une inondation de ma cervelle qui essaie tant bien que mal de surnager au milieu d’un flot d’idées qui ne viennent pas. À tel point que je n’étais pas certain de pouvoir pondre cette chronique avant l’heure de tombée. Il fait encore chaud (bien moins chaud il est vrai) au moment où j’écris ces quelques mots. Arriverai-je au bout ? Question brûlante qui de toute évidence me préoccupe. Je dois m’accrocher.
Vaincre la chaleur n’est pas la chose la plus facile à entreprendre. Il faut savoir s’y prendre. Se rendre dans un centre commercial ou dans un grand magasin muni d’une climatisation permanente est envisageable, à la limite, si vous êtes prêt à porter continuellement un masque comme recommandé et si vous ne crachez pas sur la dépense car résister à l’envie d’acheter je ne sais quoi peut être une tâche insurmontable. Autre possibilité : se louer une chambre dans un hôtel avec piscine comme certains l’ont fait. À priori l’idée ne doit être écartée du revers de la main. Cette solution toutefois risque de s’avérer, elle aussi, onéreuse. Personnellement elle ne m’a pas plu car je ne tiens pas à me montrer en maillot de bain devant des inconnus qui, comme moi, ont tout à gagner de ne pas s’exposer.
Ces solutions en fait ne m’ont guère tenté. D’autant plus que, pour aucune raison, je ne voulais manquer mes matchs de foot à la télé. L’excès de chaleur ne pouvait m’arrêter dans mon élan. Face à cette calamité, n’en pouvant plus, faute de clim, j’ai décidé d’employer les grands moyens, de ne reculer devant rien quitte à avoir l’air ridicule. Ce que j’ai fait n’est pas recommandable. Je décline toute responsabilité au cas où il viendrait à l’esprit de quelqu’un de vouloir m’imiter. J’ai donc placé mon poste de télé dans la salle de bain (BC Hydro n’appréciera pas trop). Dans ma baignoire, j’ai installé un matelas pneumatique sur lequel je me suis allongé directement sous le pommeau de la douche. J’ai ouvert le robinet d’eau froide. Le tour était joué. J’étais au frais. Je flottais, je pouvais voir mes matchs sans souffrir de cette chaleur de malheur. De la sorte, j’ai eu l’impression de regarder une partie de foot sous une pluie battante. Ainsi, bien qu’il fasse très chaud chez moi, je n’ai pas manqué un seul match.
Parlant de douche, vous n’êtes pas sans ignorer celle qu’a prise l’équipe de France face à la Suisse. Cette dernière a mis le feu au lac. Le coq français s’est réveillé en faisant couac plutôt que cocorico. Les champions du monde sont retournés chez eux la crête en berne. À ma connaissance ils n’ont pas été invités au défilé du 14 juillet sur les Champs-Elysées. J’ai pu constater aussi que la Belgique semble avoir la frite tandis que les Anglais cherchent encore la sortie (exit).