Dans un futur proche, Santé Canada mettra-t-elle en place un programme qui permettra aux gens de masser les cerveaux et les pensées d’inconnus ? Le patient pourrait ainsi partager ses pensées et son activité cérébrale avec le public.
C’est l’inspiration derrière le court métrage interactif de Caroline Robert, Sérotonine Anonyme. Ce film relie le public à D, une adolescente qui se fait masser le cerveau par ces gens avec leurs souris. Le récit de D est amusant et très interactif car les massages qu’elle reçoit de la part des participants lui font du bien. Au cours de ces attentions, D offre une visite guidée de son cerveau à son public.
« Je voulais qu’elle [D] soit authentique et que tout de suite on pense qu’elle se livre de façon franche […] elle a l’air un peu timide mais on sent qu’elle veut vraiment partager quelque chose avec nous », raconte Caroline Robert.
D commence par leur relater les détails de sa semaine, puis devient de plus en plus intime avec le public, auquel elle explique tout ce qu’il voit sur l’écran, en passant par les choses un peu plus banales comme les détails de sa semaine, jusqu’à la peur, l’amour et la colère. Le public se retrouve ainsi dans un monde où il peut compatir avec D, la comprendre, mais aussi l’apaiser en lui massant le cerveau.
Le titre Sérotonine Anonyme explique le but du film car le public « donne l’hormone du bonheur à D de manière interactive », exprime Caroline Robert, mais il reçoit aussi la joie palpable de D grâce à son récit.
Des recherches psychologiques
Ce genre de court-métrage ne se crée pas sans un travail d’équipe énorme, selon l’artiste multidisciplinaire et « combine l’artisanat et la technologie ».
« Je dirai que ça a pris un an à un an et demi mais ça fait longtemps que j’y pensais dans ma tête », s’exclame
Caroline Robert.
Pour ce projet elle a fait beaucoup de recherches psychologiques pour comprendre les mécanismes du cerveau mais aussi comment se manifeste l’anxiété chez différentes personnes. « Je voulais que les dessins dans le film viennent incarner les ondes cérébrales de mon personnage », dit-elle. Pour le faire de manière réaliste, l’artiste a rempli de nombreux rôles dans le processus de réalisation du court métrage. Elle a écrit le scénario, aidé dans le travail d’animation de D et de ses ondes cérébrales, et fourni les voix de fond. De plus, elle a beaucoup travaillé avec une recherchiste pour comprendre comment les jeunes filles répondent à certaines questions pour créer le personnage de D. Son équipe, dit-elle, a beaucoup contribué à rendre ce monde réel.
Un refuge pour tout le monde
L’artiste travaillait sur Sérotonine Anonyme dans sa tête bien avant la COVID-19 mais dès que la pandémie a débuté, ce projet est devenu un refuge pour elle. La pandémie a cependant beaucoup influencé le film car elle-même a ressenti de l’anxiété à cause de cette catastrophe.
« Lorsque la pandémie est arrivée je ne connais personne qui n’a pas vécu personnellement l’anxiété, donc je me suis dit que c’est quelque chose qui pourrait parler à beaucoup de gens », affirme-t-elle.
Le personnage de D souffre aussi d’anxiété, ce qui devient apparent en visionnant le film. Et cette nervosité aide le public à comprendre D et permet aussi aux gens de comprendre que tout le monde ressent de l’anxiété de temps en temps. Consciente de son anxiété, D y fait face.
« Quand tu acceptes tes défauts et tes faiblesses sans les juger, c’est là que tu peux accéder plus à toi-même », poursuit Caroline Robert qui affirme que Sérotonine Anonyme a eu beaucoup de succès avec le public, et des écoles ont même commencé à intégrer son film dans leur cursus.
« Je sais que ça va être intégré dans des programmes scolaires donc [le court métrage] va avoir une vie dans plein de milieux différents », affirme-t-elle.
Le court-métrage interactif Sérotonine Anonyme peut être regardé sur un ordinateur ou un téléphone en tapant sur ce lien.
Info : www.onf.ca/interactif/serotonine/?hp_fr=feature_4&feature_type=w_free-film&banner_id=80179