Dans le cadre des événements de la Fête de la culture de la Colombie-Britannique (CULTURE DAYS) qui auront lieu du 23 septembre au 16 octobre 2022, l’organisation a nommé un petit nombre d’ambassadeurs qui ont enrichi la région par leur art.
La Source a eu l’occasion de parler à l’un d’entre eux, Zaynab Mohammed, poétesse primée, qui vit dans la vallée de Slocan.
Sa poésie a pris son envol lors d’un atelier de création parlée en 2013, l’amenant à continuer d’explorer ce moyen d’expression par des ateliers, des cours et des pratiques. Les micros ouverts et les slams de poésie ont été sa porte d’entrée dans le monde de la poésie. En 2014, elle a commencé à écrire des poèmes sur sa machine à écrire Baby Blue Smith Corona durant le Halifax Buskers Festival. Elle est la récente lauréate du prix Richard Carver pour les écrivains prometteurs. Ses couplets sont devenus les paroles de chansons qu’elle écrit et accompagne avec sa guitare. Zaynab Mohamed vit dans les bois de la vallée de Slocan avec son chien Threshold.
À l’écoute
« Toute ma vie, j’ai voulu savoir ce que c’est qu’écouter. J’ai commencé à m’écouter, à écouter les autres et la terre. L’écoute, est-elle la même pour tout le monde ? », se demande la poétesse. Ce questionnement sur l’écoute est clé dans ses chansons comme dans sa poésie.
« Je suis venue à la poésie par accident. Il y a dix ans, j’ai fait le tour du monde en sac à dos parce que je voulais découvrir ce que je ne savais pas et apprendre d’une manière différente de la façon dont on m’avait appris. Cela a vraiment été un catalyseur pour moi. J’ai appris à être plus confiante et à apprendre à m’aimer. C’était vraiment un voyage d’autonomisation et de découverte de soi. Je ne savais pas ce que j’allais devenir mais depuis, je n’ai jamais cessé d’écrire ».
Un mélange de curiosité et de courage la pousse à partir à la découverte d’une vie meilleure.
« Je ne connaissais pas de gens heureux autour de moi et j’avais faim d’une vie heureuse, je voulais découvrir comment y arriver. Je crois l’avoir découvert par le biais de ma poésie et de mon art car cela m’a aidée à avoir une relation avec le tout ».
Et, de fil en aiguille, Zaynab Mohammed se fait connaître d’un public bien local.
« Ma percée s’est produite lorsque je me suis présentée dans la rue où je vis, avec ma machine à écrire bleue, assise à mon bureau. Les passants ont adoré me voir et m’écouter. C’était une sorte de show stopper », s’exclame-t-elle.
Devoir de mémoire, comprendre le présent
Zaynab Mohammed n’oublie pas le passé de ses parents.
« Je suis d’origine arabe, mes parents étaient des immigrants à Vancouver. L’arabe est ma langue maternelle. J’écris en anglais, mais écrire en arabe est tout en haut de ma liste. Mes parents ont vécu les guerres et les années terribles sous le régime de Saddam Hussein », précise-t-elle.
« Moi, je suis née au Canada et par conséquent je n’ai jamais souffert de leurs difficultés. C’est pour cela que je ressens une grande responsabilité d’utiliser ma voix pour créer un espace pour guérir, une liesse commune à partager. »
Ses origines arabes lui ont cependant causé des soucis.
« Ai-je ressenti un malaise parmi les gens que je rencontre du fait que je suis une Arabe ? Oui, depuis mon enfance. Je pense que les gens ont peur de ce qu’ils ne connaissent pas. En conséquence, j’ai fait l’expérience de beaucoup de discrimination, et ceci m’oblige à une réflexion continue de moi-même », explique-t-elle.
Bien qu’une grande part d’elle veuille et ait besoin de comprendre, Zaynab Mohammed a décidé de vivre en paix avec qui elle est : « Je me suis rendu compte à un moment donné que je ne comprendrai jamais complètement la condition humaine ».
Ses efforts à venir se concentrent en ce moment sur un documentaire et un projet sur l’écoute qui seront présentés au Pacific Theatre de Nelson. « Je suis aussi en train de créer un One Woman Show basé sur mon projet d’écoute. Il s’agira d’un spectacle expérimental mixed media » qui, j’espère, sera prêt au printemps”, précise-t-elle.
S’il fallait lancer un message à ses lecteurs et à son auditoire, Zaynab Mohammed leur dirait : « Beaucoup de gens m’ont dit que l’art est difficile. Et ce l’est. C’est dur, mais je ne sais pas ce que je voudrais faire d’autre, et je suis reconnaissante d’être née artiste ».
Pour en savoir plus :
https://www.instagram.com/poemsbyzaynab/
www.zaynabmohammed.com
@poemsbyzaynab.4