Revendiquer des services de santé en français en C.-B. par une meilleure connaissance des besoins de la population francophone

La Colombie-Britannique est la seule province canadienne qui n’a pas de politique d’accès aux services en français. Dans le domaine de la santé, cette lacune montre bien la gravité de la situation. Depuis longtemps, les acteurs communautaires et les chercheurs n’ont cessé d’attirer l’attention des autorités sanitaires sur l’impact négatif des barrières linguistiques dans l’obtention de soins appropriés. Y a-t-il des solutions à court et moyen terme?  Pour l’organisme RésoSanté, un premier pas serait l’ouverture d’un centre de santé bilingue à Vancouver.

Hassan Laghcha – IJL- Réseau.Presse – Journal La Source

« On ne peut pas minimiser les difficultés d’accès aux services de santé en français », affirme Mme Nour Enayeh, la nouvelle directrice générale de l’organisme provincial à but non lucratif RésoSanté.

Elle rappelle que « la création de cet organisme, il y a vingt ans, faisait suite à des études provinciales et nationales démontrant les différences d’accès aux services de santé auxquelles font face les francophones en situation minoritaire au Canada ».

 Aujourd’hui, « après ces deux années de pandémie, RésoSanté est en train de reconstituer son équipe. Il y a eu beaucoup de mouvements au sein de notre effectif », explique le directeur général. En revanche, les nouvelles initiatives ne manquent pas.

L’organisation a lancé deux projets innovants : “L’ABC d’un cerveau sain” portant sur la sensibilisation à la démence et “Fais-moi un dessin !” sur l’hésitation face à la vaccination. L’organisme espère obtenir le financement nécessaire pour ajouter un deuxième volet à ce projet, soit celui de la vaccination générale contre les infections hivernales.

Par ailleurs, Mme Nour Enayeh affirme que son organisme «a beaucoup appris de la pandémie, notamment sur l’utilisation de moyens efficaces pour mener des campagnes d’information et de sensibilisation sur les vaccins face à la désinformation».

Mme Nour Enayeh, directrice-générale de RésoSanté

Cette année, le projet prioritaire de RésoSanté est le futur Centre de santé bilingue qui mobilise l’organisme depuis plusieurs années. « C’est le centre qui coordonnera tous les services de santé en français de la province », précise Nour Enayeh, en espérant que ce projet, en discussion avec le ministère de la Santé, soit accepté dans les plus brefs délais.

Rappelons qu’une série de consultations publiques a permis de mieux cerner les attentes et les besoins de la communauté francophone, permettant ainsi de finaliser la conception de cet important projet. 

Mieux communiquer avec la population francophone 

L’organisme francophone poursuit ses efforts pour mettre à jour les données sur la population desservie, son profil, ses attentes en matière de santé et ses préoccupations prioritaires. Et cela passe par le sondage : « Votre santé en français », lancé en juin dernier sur le site Internet de l’organisme. L’objectif vise aussi à publiciser les données disponibles de l’organisme et d’informer la population d’expression française sur les services de RésoSanté, notamment ses projets et son répertoire de plus de 1 700 professionnels d’expression française.

RésoSanté souhaite aussi multiplier ses efforts pour rejoindre les membres de la communauté francophone, que ce soit par le biais des réseaux et médias sociaux, le site Web ou la tenue de divers événements communautaires.

La santé des nouveaux arrivants francophones
La directrice de RésoSanté estime que la mise à jour des données s’inscrit dans la continuité des études et recherches menées avant la pandémie, principalement par le biais de l’enquête en ligne : « Immigrants et santé : où en sont les francophones ? ». Cette enquête a révélé que l’état de santé des immigrants francophones se détériorait en moyenne deux ans après leur arrivée en Colombie-Britannique.

Les résultats de la consultation publique sur l’accès aux services de santé en français ont révélé également que près de 24 % des personnes qui ont cherché un médecin de famille francophone en ont trouvé un. En revanche, une personne sur trois s’est heurtée à la barrière de la langue pour accéder aux soins en français.