Moment crucial dans la vie du Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique. Baisse historique des inscriptions, pénurie des enseignants, risque de déficit,… Jamais, paraît-il, cet organisme n’a connu une situation aussi préoccupante.
Les défis sont de taille pour la direction actuelle chapeautée par deux femmes, la présidente Marie-Pierre Lavoie et la nouvelle directrice générale Pascale Bernier qui vient d’entrer en fonction, le 15 août, après le départ « surprise » de Michel St-Amant qui avait suscité des interrogations.
L’un des atouts de Mme Bernier, qui est la première femme à diriger le Conseil scolaire francophone de la Colombie-Britannique, est son expertise dans les programmes de la petite enfance. Cette directrice de l’École Beausoleil de Victoria occupe depuis trois ans la fonction de liaison avec le ministère de l’Éducation et ses services dans ce domaine stratégique pour l’avenir de l’éducation francophone dans la province qui connaît actuellement une crise manifeste. D’ailleurs, parmi les tâches majeures de la nouvelle directrice générale est justement la mise en œuvre du plan stratégique.
« La baisse des effectifs est grandement due à la baisse des inscriptions en maternelle. L’expérience de Pascale Bernier dans ce domaine fera certainement une grande difference », dit, en entrevue, la présidente Marie-Pierre Lavoie. « On manque de places, on manque de personnel. Ce qui impacte négativement le nombre des inscriptions, ajoute-t-elle. On a toujours eu des hausses. Et c’est normal qu’il y ait des fluctuations.»
À noter que le CSF a enregistré une baisse des inscriptions pour deux années consécutives. -2,6 pour cent en 2022-2023 et -0,2 pour cent en 2021-2022. Du jamais vu. Ce sont 182 élèves de moins en deux ans. Les inscriptions à la maternelle ont été de l’ordre de 580 élèves en 2022–2023, par rapport à 657 élèves l’année précédente. Ce qui s’est traduit par une baisse de l’ordre de 1,3 million de dollars en subventions accordées par le gouvernement de la Colombie-Britannique.
Et pourtant, les plus récentes données de Statistiques Canada indiquent que le nombre d’enfants qui pourraient être qualifiés pour l’éducation francophone en Colombie-Britannique est dix fois supérieur à la population scolaire du Conseil.
Abordant la question épineuse de la pénurie chronique des enseignants, Marie-Pierre Lavoie, note que l’investissement majeur annoncé récemment par le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial de quelque 13,5 millions de dollars pour former, recruter et maintenir en poste des enseignants en français en Colombie-Britannique aura sûrement un impact positif. Le CSF recevra ainsi près de 1,2 million de dollars. « C’est très réjouissant ! », indique-t-elle en soulignant l’effort soutenu du Conseil d’administration pour tisser des partenariats avec le réseau universitaire comme celui établi récemment avec l’Université Simon-Fraser concernant les programmes de formation des enseignants en langue française. « Il faut ouvrir des places dans les programmes de formation des enseignants, note-t-elle. Bien entendu, cela prend du temps avant d’avoir l’effet escompté. »
Mais, la question la plus complexe s’avère celle de la rétention des enseignants. À ce propos, cette responsable évoque l’un des facteurs majeurs. « L’énorme choc du coût de la vie en Colombie-Britannique explique
grandement pourquoi des enseignants francophones qui arrivent des autres provinces ou de l’extérieur du Canada finissent par repartir. »
Enfin l’annexe Rose-des-vents !
« La grande nouvelle pour cette rentrée est l’ouverture d’une nouvelle annexe de l’école Rose-des-Vents. On vient de conclure, en juin dernier, une entente avec le Conseil scolaire de Vancouver permettant de louer le site dès septembre, après des années d’attente », annonce la présidente.
Rappelons que la Cour suprême de la Colombie-Britannique avait rendu un jugement favorable au CSF pour l’ouverture d’une école francophone sur le site de l’annexe Queen Elizabeth de Vancouver, suite à un recours initié par l’Association des parents de l’école Rose-des-Vents et le CSF dont l’intérêt pour ce site remonte à 2008.
Marie-Pierre Lavoie ajoute que la deuxième grande nouvelle de cette année scolaire est l’ouverture par le gouvernement de la Colombie-Britannique d’un bureau d’immobilisation pour répondre aux besoins en matière de planification des immobilisations. Il s’agira notamment d’acquérir des terrains pour de futures écoles et d’élaborer des analyses de rentabilisation pour les nouvelles écoles ou pour les agrandissements et les rénovations des écoles existantes. À souligner que ces nouvelles et l’investissement majeur susmentionné permettent de voir enfin des résultats concrets, à la suite du jugement historique rendu, il y a trois longues années, en juin 2020, par la Cour suprême du Canada donnant gain de cause au CSF et à la Fédération des parents francophones de la Colombie-Britannique dans le procès portant sur le droit des enfants francophones à une éducation en langue française réellement équivalente à celle dont bénéficient les enfants anglophones, peu importe la taille de l’école ou du programme en question.
Et le déficit ?
« Le budget qu’on a voté n’est pas déficitaire. On a un surplus », affirme la présidente. Soulignons toutefois que le CSF a été obligé de recourir à ses réserves financières pour éponger un déficit d’environ 700.000 $. Par conséquent, dans son budget 2023–2024, il opte pour l’extrême prudence dans les dépenses. Sans toutefois annoncer des coupures dans les services pour les élèves. C’est une ligne rouge. Les marges de manœuvre se réduisent considérablement d’année en année. Une baisse des inscriptions pour une troisième année consécutive de l’ordre d’une centaine d’inscriptions risque fort de se produire, faisant passer le nombre total des élèves de 6262 à 6161. Les responsables du CSF se croisent les doigts en attendant de connaître les chiffres des inscriptions le 30 septembre.
Pour plus d’information visitez: www.csf.bc.ca