Après le succès de son spectacle De la plume à la scène, l’organisme communautaire francophone La Boussole présente sa nouvelle création en théâtre-forum SpectActivisme. Basé sur des témoignages réels portant sur les différentes facettes des violences et injustices sociales, ce projet bilingue, lancé il y a une année, verra son aboutissement en trois représentations les 21 et 22 septembre au Studio 16 et le 23 septembre 2023 dans l’espace public, au croisement de la 4e avenue et Maple Plaza dans le quartier Kitsilano de Vancouver.

« Conformément à l’esprit qui anime La Boussole dans son action sociale et solidaire, le théâtre-forum est le format idéal pour aborder les inégalités, les injustices et les violences sous toutes leurs formes. De par sa nature, cette forme d’expression artistique basée sur l’immersion et l’introspection incite à la réflexion collective sur les enjeux qui nous préoccupent et permet d’explorer d’autres perspectives pour les approcher et y apporter des réponses », souligne Nathalie Astruc, gestionnaire des programmes culturels et communautaires au sein de ce centre communautaire qui est le seul à proposer un accompagnement en français adapté aux personnes en situation de précarité en Colombie-Britannique.

Nathalie Astruc se réjouit profondément de l’aboutissement de cette nouvelle création de longue haleine qui vient donner un nouvel élan au programme culturel et artistique varié qu’offre La Boussole tout au long de l’année pour animer la communauté dans sa grande diversité et refléter ses problématiques. La responsable des programmes culturels et communautaires revient sur les différentes étapes de la conception de ce projet financé par Patrimoine canadien par le moyen de Fonds d’action culturelle communautaire (FACC). À commencer par le recueil de témoignages sous couvert d’anonymat par un formulaire sur internet et des entretiens individuels. « On a recueilli une quarantaine de témoignages dont on a gardé une dizaine portant sur différentes thématiques : racisme, itinérance, accès aux soins, accès au logement, violences faites aux personnes 2SLGBTQIA+ et aux autochtones, etc. », précise-t-elle.

De plus, la gestionnaire des programmes note qu’il s’agit d’une immersion totale dans des situations très touchantes de la vie quotidienne. « Ce qui ne manque pas de provoquer de vives et intenses émotions », relève-t-elle en indiquant la mise en place d’une cellule de soutien psychologique en prévision d’éventuels malaises au sein du public au réveil de traumatismes lors des représentations.

Quand les spectateurs deviennent acteurs… du changement

Pour sa part, la réalisatrice et metteuse en scène Magda Ochoa indique que la force du théâtre-forum réside dans son profond engagement social et son caractère thérapeutique. « C’est un format qui abolit les frontières entre la scène et le public pour que tout un chacun soit acteur du changement social », dit-elle. Elle explique la philosophie de ce genre de théâtre conçu par le dramaturge brésilien Augusto Boal pour éveiller la conscience populaire sous la dictature. Selon elle, le théâtre-forum vise à susciter la réflexion pour proposer des solutions concrètes aux problématiques d’inégalités sociales en invitant le public à monter sur scène. Il s’agit, en fait, d’un changement de perspective artistique et social qui favorise « l’interaction entre acteurs et public et permet une meilleure compréhension des enjeux sociaux. »

Magda Ochoa indique que la pièce se déroule en huit saynètes qui se rapportent à différentes situations sociales. Elle décrit le déroulement de la mise en scène qui consiste à ce que chaque saynète soit jouée une première fois pour permettre au public de prendre connaissance de la thématique exposée. Puis, la saynète est rejouée en permettant aux spectateurs qui deviennent ainsi des acteurs d’interagir pour commenter les mises en situations et proposer une autre approche ou une autre attitude à adopter pour changer la réalité. « Le théâtre social, tout en traitant des situations parfois très tragiques et sombres, cherche toujours à susciter de l’espoir et nourrir l’optimisme quant à l’avenir de l’action pour faire avancer les causes sociales justes. C’est l’esprit fondateur même de cette forme d’art engagé. D’où le titre qu’on a choisi pour cette pièce : SpectActivisme. »

La metteuse en scène Magda Ochoa souligne la collaboration de la spécialiste en improvisation Emily Geoffroy pour entraîner les comédiens, dont la plupart ne sont pas des professionnels du théâtre, à être souples et faciliter l’interaction avec le public. Les responsables de La Boussole soulignent aussi la précieuse collaboration de l’artiste, metteur en scène et travailleur social Angelo Moroni qui a fait bénéficier au projet de sa longue et profonde expérience artistique et sociale. Ce dernier a apporté son expertise, notamment concernant le rôle du joker, le meneur de jeu qui expose au public les différentes situations abordées dans les saynètes.

Pour plus d’information, consulter le site web de La Boussole : www.lbv.ca