Les feux de forêts en Colombie-Britannique mettent en lumière le sort des travailleurs saisonniers

L’ampleur sans précédent des feux de forêt qui ont sévi dans plusieurs régions de la Colombie-Britannique a eu des échos partout au pays. Aujourd’hui, les foyers d’incendie ont diminué d’intensité dans l’Okanagan et l’avis d’évacuation des résidants a été partiellement levé. Dans la région de Kelowna, cette nouvelle a été fort bien accueillie des habitants, et ce, malgré l’ampleur des dégâts matériels. Cette situation d’urgence a aussi mis en évidence la présence des travailleurs saisonniers, nombreux en cette période de l’année, ainsi que leur vulnérabilité face à ce type de catastrophe.

Marc Béliveau
IJL – Réseau.Presse – Journal La Source

Selon le BC Wildfire Service, de nouveaux feux de forêt se sont déclarés dans le nord de la province. Et l’on confirme aussi l’existence de 425 incendies actifs en Colombie-Britannique. Au plus fort de la crise dans l’Okanagan, plusieurs centaines de travailleurs saisonniers venus du Mexique, du Guatemala et de la Jamaïque ont dû interrompre leur travail en raison de conditions de travail insalubres dues à la fumée en plus de devoir emménager dans de nouveaux lieux d’hébergement.

Jonathon Braun, avocat pour le BC Migrant Center. (Crédit : MWC)

Divers groupes religieux et communautaires sont venus à la rescousse en offrant des secours de première nécessité, soit de la nourriture, des services de traduction en anglais et divers services pour faciliter l’autonomie de ces travailleurs temporaires. Toutefois, cette situation a démontré aussi les failles d’une politique d’accueil des travailleurs saisonniers, qui semble incapable de les soutenir efficacement en cas de situation d’urgence.

L’organisme BC Migrant Center, créé en 1986, a pour mission de défendre les droits des travailleurs saisonniers, en plus d’exiger de meilleures conditions de travail pour cette main-d’œuvre essentielle et leur venir en aide légalement en cas de situations imprévues. Selon l’avocat Jonathon Braun, membre de cet organisme, « la situation est difficile pour plusieurs d’entre eux et certains ont déjà quitté le pays. D’autres, venus en mai dernier, ne pourront malheureusement pas toucher d’assurance-chômage, n’ayant pas travaillé les 800 heures requises pour bénéficier de ce programme ».

Il déplore aussi que son organisme attende toujours une réponse d’une lettre envoyée le 19 août dernier au ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Marc Miller, lui demandant d’intervenir dans trois enjeux spécifiques », soit de délivrer immédiatement des permis de travail ouverts d’urgence aux travailleurs immigrants touchés par les incendies de forêt. D’accorder également l’accès aux prestations d’assurance-chômage aux travailleurs saisonniers n’ayant pas complété les 800 heures de travail requises pour toucher des prestations d’assurance chômage. Et ensuite d’effectuer des inspections sur place des fermes pour assurer le respect des règles de santé et de sécurité pour les travailleurs saisonniers.

La question du visa de travail demeure problématique

Il y a des centaines de travailleurs saisonniers, jusqu’à six cents, aux dires de certaines organisations charitables, qui se retrouvent dans une situation précaire. Plusieurs espèrent prolonger leur séjour et se retrouver du travail. Pour certains, la question du visa de travail reste un enjeu de grande importance.

Les pompiers de la Ville de West Kelowna surveillant l’incendie de McDonald Creek qui retarde toujours le retour de 405 personnes ayant été évacuées. (Crédit : BC Wildfire Service)

En effet, les travailleurs saisonniers venus de l’étranger peuvent obtenir un visa de travail grâce à un programme fédéral. En revanche, le visa qu’ils obtiennent ne leur permet, souvent, de travailler que pour un seul employeur.

Pour Jonathon Braun, le Canada devrait apprendre d’autres pays, dont l’Irlande, qui a adopté l’an dernier une politique pour régulariser la situation des travailleurs saisonniers. Il estime que « la situation des travailleurs saisonniers dans le secteur agricole nous est plus familière, à cause des incendies de forêt. Toutefois, il nous faudrait faire preuve de plus de compassion dans certaines circonstances, et reconnaître davantage la présence et la contribution de ces travailleurs saisonniers œuvrant aussi dans les services hospitaliers, la restauration et les commerces de vente au détail ».