Journée sur la recherche en français à l’Université Simon Fraser

Le département de français de l’Université Simon Fraser, avec le soutien du Bureau des Affaires francophones et francophiles (BAFF), a organisé le 13 octobre 2023 une Journée sur la recherche en français à SFU. Près d’une quarantaine de personnes ont assisté à cette rencontre. Cette initiative est un événement précurseur en vue de la création d’un centre de recherche en français à SFU. Dans cette perspective, un prochain symposium en français est prévu le 1er mars 2024 pour discuter des enjeux et des défis de l’enseignement universitaire en sciences humaines et en sciences sociales. 

Marc Béliveau
IJL – Réseau.Presse – Journal La Source

Une dizaine de conférenciers ont pris la parole lors de cette Journée sur la recherche en français à SFU.  Chacun a présenté brièvement le sujet de recherche sur lequel il travaille.  Assister à ce type de rencontre pluridisciplinaire permet souvent de découvrir des initiatives et des perspectives inédites. 

À cette occasion, la professeure Sarah Henzi a décrit le cours d’introduction aux études autochtones en français qu’elle offre à l’université Simon Fraser depuis janvier 2021. Du côté de la recherche, Nicolas Kenny, professeur d’histoire, a rappelé l’histoire du chemin de fer au Canada qui a changé les perceptions de distance et de l’espace spatio-temporel à cette époque. À son tour, Rémi Léger, enseignant en science politique, a présenté ses travaux de recherche sur la mise en œuvre de la Loi sur les langues officielles adoptée en 1969.

Groupe de professeurs à SFU partageant leurs travaux de recherche. (Crédit : Marc Béliveau)

D’autres professeurs ont mentionné leurs intérêts de recherche sur certains personnages, par exemple, Aïssa Maïga, actrice sénégalaise qui dénonce la discrimination et les stéréotypes sur les Noirs au cinéma, ou Marie-Claire Blais dont l’œuvre littéraire comprend une critique sociale de son époque, et Joseph Kofi Teye, un géographe qui propose de repenser les migrations de l’Afrique. D’autres enjeux ont été soulevés, notamment sur les études de genre et la méconnaissance qui existe à ce sujet.

Regard sur la Loi sur les Langues officielles

L’année 2024 marquera le 50e anniversaire de la Loi sur les langues officielles. Le professeur Rémi Léger a voulu comprendre les rouages du modèle d’implantation, son fonctionnement et ses différentes composantes. « Au départ, dit-il, on a confié au Secrétariat d’État, devenu Patrimoine Canada en 1993, le mandat de mettre en œuvre des programmes.  Vers le milieu des année 90, d’autres joueurs se sont ajoutés, dont les ministères de la Santé, de la Justice, de l’Immigration, de l’Emploi et du Développement social. Si bien qu’aujourd’hui, on se retrouve avec sept ou huit ministères et 600 organismes à l’échelle du pays qui sont financés par ces ministères ». 

Rémi Léger, professeur en science politique, SFU
(Crédit photo: Marc Béliveau)

« En fait, souligne Rémi Léger, il se dégage quatre cycles de développement dans la politique du gouvernement et j’ai voulu analyser chacun d’eux ».  Il a donc analysé les ententes-cadres qui ont été signées entre le gouvernement canadien et les organismes porte-parole dans chaque province. « En Colombie-Britannique, dit-il, il s’agit de la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB) qui reçoit une somme de trois à quatre millions par année. La FFCB a pour mandat de contribuer au développement de l’identité francophone et des organismes francophones en Colombie-Britannique ».

En somme, ses travaux de recherche montrent que les organismes communautaires, signataires de l’entente, ont moins de pouvoir dans le 4e cycle qu’il y en avait dans le 1er cycle. « On constate, dit-il, qu’il y a eu un effritement du pouvoir et du type de responsabilités qui sont conférés aux organismes signataires des ententes. Le point tournant a été en 2004-2005, quand le gouvernement a imposé un gabarit pour chaque province, alors que dans les cycles précédents, il y avait plus de marge de manœuvre et de souplesse ».

Émergence d’un centre de recherche en français

Cette journée sur la recherche en français à SFU a été un premier événement pour établir des ponts et créer un réseau avec les professeurs de diverses disciplines. Selon l’une des instigatrices du projet de centre de recherche, Gaëlle Planchenault, professeure au département de français, « nous souhaitons créer un centre de recherche en études interdisciplinaires en français, sur le français et sur le monde francophone ».

L’historique du projet se fait en parallèle avec les nouvelles orientations de l’Université qui préconise notamment l’équité, la diversité et l’inclusivité. Il y a aussi une refonte du programme du département de français vers une nouvelle voie de justice sociale, de justice intersectionnelle et d’interdisciplinarité. « À la suite de rencontres avec des collègues de la faculté en sciences sociales, en histoire, en études urbaines et en éducation, souligne Madame Planchenault, il existe un désir de se rapprocher, dialoguer, trouver un terrain d’activités et d’établir une nouvelles synergie ». Ce projet de centre de recherche en français sera soumis prochainement aux autorités de l’Université Simon Fraser pour approbation.