La communauté italienne de Kelowna célèbre par une exposition ses racines dans l’Okanagan

Au début de ce qui allait s’appeler la ville de Kelowna, il y a eu l’arrivée des francophones et des anglophones. Ils ont pu survivre aux premiers hivers grâce à l’aide des Premières Nations Syilx. Puis ce fut l’arrivée d’autres groupes d’immigrants en quête de se bâtir un avenir meilleur. Au sein de ces nouveaux arrivants de cette époque-là se trouvaient des pionniers venus de l’Italie. Arrêt sur image sur le passé et le présent de la communauté italienne de Kelowna.

Élodie Dorsel
IJL – Réseau.Presse – Journal La Source

Kelowna était un lieu prometteur avec ses terres fertiles. Ses habitants vantaient déjà le potentiel de ce désert, facilement verdoyant avec un peu d’irrigation. Dès 1883, la communauté italienne fut l’une des premières à s’y établir, heureuse de retrouver un climat similaire à celui de leurs villes natales, du moins durant l’été. Situées le long des rues à consonance francophone, les rues Lequime et Pandosy à Kelowna, qui portent toujours leurs beaux noms italiens : Casorso et Lanfranco.

Ouverte jusqu’au 19 février, l’exposition qui a lieu actuellement à l’Okanagan Heritage Museum raconte les débuts de la présence des immigrants italiens dans la région. « Nous sommes fiers de pouvoir mettre en valeur les 140 ans de contribution des nouveaux arrivants italiens à Kelowna », souligne Cinzia Zotta Wendland, vice-présidente du club Canado-Italien à Kelowna.

Culture des patates à l’italienne. (Crédit : Élodie Dorsel)

À l’entrée de l’exposition, se trouve une sculpture d’une femme avec ses trois enfants, assise sur un coffre de voyage qui rappelle la longue traversée de Rosa Casorzo venue pour rejoindre son mari à Kelowna. « Elle a quitté l’Italie avec seulement un bout de papier portant le nom de son mari et celui de la ville où il habitait. Ne sachant pas trop où se diriger, une fois rendue en Amérique, elle finit par comprendre qu’elle devra suivre la livraison d’une grosse cloche, qui était en route vers Kelowna pour achever la construction de la nouvelle église ! », explique Christine Casorso Schmidt, l’arrière-petite-fille de Rosa Casorzo. Cette famille italienne aidera par la suite de nombreux autres nouveaux arrivants à s’établir. Les Casorzo se sont aussi révélés de bons fermiers, faisant pousser les premiers oignons de la région pouvant se vendre à travers tout le pays. De là, le surnom de « Roi des oignons » dont a hérité Giovanni Casorzo.

Avec la création du chemin de fer et la poursuite de gros projets destinés au système d’irrigation pour les terres agricoles, il y a eu 400 ouvriers italiens qui sont arrivés pour travailler dans les chantiers. La taille des nouveaux systèmes d’irrigation mis en place par la famille Belgo viendra transformer les terres arides en vergers et champs fertiles. De nos jours, une quinzaine de sites de camps de travail pour l’aménagement du chemin de fer ont été retrouvés dans les forêts de la région. Il est possible de visiter ces lieux pour apercevoir les vestiges des fours en pierre dans lesquels les Italiens cuisinaient tous leurs repas !

La famille Belgo a mis au point un système d’irrigation pour les arbres fruitiers. (Crédit : Élodie Dorsel)

L’année 1932 marque le lancement de l’industrie vinicole à Kelowna. Alors que la grande dépression pesait lourd sur les habitants, Giuseppe Ghezzi et Cap Capozzi eurent l’idée de produire du vin avec leurs pommes invendables, en cherchant à rendre leur commerce plus rentable. En 1936, ces installations prennent le nom de Calona Wines. Ce vignoble célèbre existe toujours de nos jours. Greg Capozzi, petit-fils de Cap Capozzi, a gentiment prêté une presse en bois pour cette exposition, soit la première invention de Cap Capozzi pour extraire le jus des pommes. « Je me rappelle la fois où il m’a oublié au vignoble, alors qu’il m’avait accompagné pour faire quelques vérifications. C’était un homme fougueux qui aimait énormément sa famille », se remémore Greg Capozzi.

Au centre de l’exposition – une table à manger. « La cuisine était et reste encore le point central des familles italiennes. On y partage les faits d’actualité de nos vies, chacun ayant la parole autour de la table à manger. Le salon lui, c’est pour les inconnus ! », raconte Joey Vecchio, fille des propriétaires du célèbre Al’s Café. Les rencontres hebdomadaires pouvaient réunir de 20 à 30 personnes dans une cuisine !

Les Italiens ont aussi laissé leur savoir-faire sur certains parquets à Kelowna. L’art ancien du Terrazzo est originaire de la région du Frioul-Vénétie en Italie, c’est une technique typiquement italienne. L’exposition présente un échantillon de Terrazzo beige et blanc provenant d’une clinique médicale à Kelowna ainsi qu’un morceau de plancher monochrome vert de l’église de l’Immaculée Conception. On y trouve toujours deux planchers installés par Victor Ghini durant les années 60.