Très ancrée dans la Charte des droits et libertés, la liberté d’expression figure au cœur de la constitution canadienne. Elle affirme que toute personne et organisation sont garanties du même droit d’exprimer leurs opinions et convictions en public. Et cette année, la Semaine de la liberté d’expression qui célèbre ses 40 ans, se déroulera du 18 au 24 février.
L’ambition de ce rendez-vous annuel est de sensibiliser les Canadiens à l’importance de la liberté intellectuelle tout en provoquant une prise de conscience autour des défis auxquels fait face la liberté d’expression. Surtout quand son existence est bien remise en question dans une société numérique de plus en plus polarisée.
La lutte pour la liberté de l’expression au Canada
L’enchâssement de la protection des droits d’expression et de liberté prend une proportion nationale au siècle dernier sous la forme d’une série de conquêtes des droits canadiens. Suite à la Seconde Guerre mondiale, les Canadiens, et surtout les groupes marginalisés, luttent activement sur la place publique pour la défense de leurs droits civiques. Ils revendiquent urgemment la fin de la discrimination raciale et l’obtention du droit de vote.
Dès 1947, la déclaration des droits de la Saskatchewan protège, entre autres, la liberté d’expression. Les prochaines décennies vont voir plusieurs provinces forger des avancées pour la défense des droits et libertés civiques. Depuis son adoption et son entrée en vigueur le 17 avril 1982, la première Charte canadienne des droits et libertés tenait à souligner la liberté fondamentale d’expression et d’opinion. Deux ans plus tard, en 1984, la Semaine de la liberté d’expression est créée pour promouvoir la non-censure et l’accès libre aux livres et magazines. Selon l’association Book and Periodical Council (BPC), le groupe ayant créé la semaine de la liberté d’expression, des livres ont souvent été retirés discrètement des bibliothèques et des salles de classe, ce qui aurait encouragé l’organisation de cette célébration de la liberté d’expression.
Ce même groupe affirme en 1997, et plus récemment en 2017, que l’expression est un droit fondamental pour tous les Canadiens ainsi que la liberté de lire.
Il soumet leur mécontentement pour les tentatives de limiter la liberté d’expression.
L’année 2024 marque le 40e anniversaire de la Semaine de la liberté d’expression canadienne. La grande nouveauté pour cette année, c’est que l’événement, qui se décline sous forme de campagne, sera dirigé par la Bibliothèque et Archives Canada, le Conseil des bibliothèques urbaines du Canada, l’Association des bibliothèques de l’Ontario et le Book and Periodical Council.
Partenariat pour un meilleur impact
Pour le groupe Freedom to Read, le nouveau partenariat apportera de nouvelles ressources et perspectives qui permettront à la semaine d’élargir ses ambitions. Michelle Arbuckle, présidente du BPC, s’enthousiasme sur la collaboration : « On ne saurait trop insister sur l’importance de la liberté intellectuelle et de cette campagne. Cette collaboration témoigne d’une position commune, selon laquelle la liberté d’expression est un droit fondamental pour tous les Canadiens et les Canadiennes et la liberté de lire est cruciale pour notre société. »
Cette nouvelle initiative de la semaine de la liberté d’expression intervient à un moment où plusieurs institutions scolaires et éducatives reviennent sur les progrès réalisés au cours du dernier demi-siècle. Certains décident de censurer ou bien de retirer des œuvres de littérature des étagères. Aux États-Unis, des législations bloquent certains types d’œuvres dans des lieux comme des salles de classe qui peuvent être considérés comme dangereux pour les enfants (par exemple, le contenu sur l’histoire de l’esclavage ou les enjeux LGBT).
La Fédération canadienne des associations de bibliothèques (FCAB) dénonce cette pratique dans sa Déclaration sur la liberté intellectuelle et les bibliothèques : « Les bibliothèques ont la responsabilité fondamentale de protéger et de faciliter l’accès aux formes d’expression[…] qui sont protégées par la Constitution, y compris celles que certains groupes et personnes jugent non conventionnelles, impopulaires ou inacceptables. À cette fin, [les bibliothèques] résistent aux appels à la censure et à l’adoption de systèmes qui refusent ou restreignent l’accès aux ressources. »
Dans le même esprit, l’Université Simon Fraser (SFU) célèbre la Semaine de la liberté d’expression en proposant une collection exhaustive d’œuvres de fiction et non-fiction qui ont été contestées ou bien interdites en institution. La bibliothèque de l’université maintient que cette initiative permet de soutenir les principes de la liberté intellectuelle et académique en exposant ces livres au grand public. La collection comprend des œuvres d’une grande diversité, certaines qui permettent de s’informer sur les enjeux actuels des groupes marginalisés, ou sur, entre autres, l’histoire de l’esclavage aux États-Unis.
Pour en savoir plus, visiter : www.freedomtoread.ca/semaine-de-la-liberte-dexpression