La 35e édition du Festival du film juif de Vancouver aura lieu du 4 au 19 avril 2024. Parmi le nombre illimité de films de grand calibre à voir absolument, il y a une projection qu’il ne faudrait pour rien au monde manquer. C’est la comédie Reste un peu, un brillant film de Gad Elmaleh.
Gad Elmaleh, c’est quelqu’un qu’on connaît depuis bien longtemps. Si on est d’origine montréalaise, on peut même aller jusqu’à dire : « on l’a vu grandir », car c’est à Montréal que ce comédien d’origine juive sépharade marocaine est monté sur scène pour la première fois, au début des années 1990. On a su rire quand il nous taquinait au sujet de notre accent québécois, et quand il nous parlait de ses périples quotidiens en tant qu’immigrant reçu, nouvellement arrivé sur le sol canadien. Et on a pu également suivre son épanouissement en anglais sur la scène américaine, en voiture avec Jerry Seinfeld, par exemple, ou quand il enseignait à Jimmy Fallon sur le Tonight Show le dorénavant fameux Moroccan Hip Thrust : allez voir sur YouTube, c’est génial.
« Reste un peu »
Un film honnête et touchant nous dévoile un côté de Gad Elmaleh que l’on ne connaissait pas avant : Gad qui est à la recherche de la spiritualité, Gad qui est en amour avec la Vierge Marie, Gad qui recherche le sens de la vie elle-même. Enfin, Gad qui se sent prêt à risquer une rupture totale avec sa famille, quand il leur avoue qu’il veut se faire baptiser, car il suit un cours de catéchuménat. Wow. Inouï, singulier, sans pareil.
Le fait que le comédien – qui est aussi réalisateur – ait fait jouer ses propres parents et sa sœur dans ce film très personnel, ajoute une valeur singulière à ce film qui, en fin de compte, nous contraste la quête individuelle de ce qui est spirituel, avec les liens communautaires et familiaux. Si l’individu qui cherche l’inspiration et l’au-delà suit son propre chemin, doit-il nécessairement renier sa famille, du moins si les membres de cette famille ne peuvent pas – à cause de leurs propres convictions – l’accompagner jusqu’au bout ? Voilà la question que Gad Elmaleh nous pose dans Reste un peu.
Certes, il y a beaucoup de place dans ce film pour l’amour car – en fin de compte – ce qui nous rassemble en tant qu’êtres humains, c’est le fait de pouvoir aimer l’un et l’autre malgré leurs différences. Le film consacre aussi beaucoup d’espace aux traditions juives vécues en famille, ainsi qu’au sol maghrébin d’origine de la famille Elmaleh – mais aussi, nota bene, aux traditions et aux enseignements chrétiens, et au chemin que l’on prend, si l’on veut se convertir.
Le Maroc aux premières loges dans Reste un peu
Le Maroc d’aujourd’hui et des années 1970 figure en proéminence dans Reste un peu. Le fait que Gad Elmaleh ait choisi d’inclure des photos et des vidéos de lui-même quand il était jeune, ainsi que de sa propre bar-mitzvah, nous encourage à comprendre ce que c’est de vivre une identité polyglotte, multiculturelle et axée sur l’inclusion, la tolérance et la quête de soi.
Vers la fin du film, Gad Elmaleh entre en conversation avec un aîné qui a perdu la foi. L’homme lui dit qu’auparavant, il avait une « croyance », qu’il savait « quoi penser » et que cela « l’inquiétait », mais qu’en même temps, cette foi « le rassurait ». Avant, il pensait comprendre le monde, mais maintenant, il « comprend qu’il ne comprend plus rien ». Gad y pense un moment et lui répond « qu’avoir la foi, c’est avoir le doute » ; il est « possible qu’il y ait un Dieu, mais il est impossible de le vérifier ». En revanche, le comédien continue sa pensée en disant qu’on « peut se demander si vivre avec cette hypothèse de Dieu » nous « amène de la joie ou pas ».
Un film sincère et entièrement original dans son honnêteté – ne le manquez pas !
Reste un peu sera présenté le lundi 4 avril 2024 à 16h au Fifth Avenue Cinemas. Pour plus d’information sur le film, visitez : www.vjff.org/events/event/stay-with-us