La rubrique Espace francophone s‘intéresse aux acteurs de la francophonie en Colombie-Britannique. Cette semaine nous nous intéressons à Jean-Pierre Fournier, promoteur de musiques du monde et de la chanson francophone en particulier, installé à Victoria où il a fondé Production radio franco pacifique (PRFP). Originaire du Québec mais résident de longue date à Victoria, Jean-Pierre Fournier est de ceux qui ont plusieurs vies. La première, il l’a passée à naviguer le globe, pendant 19 ans. Membre actif de la réserve de la Marine royale du Canada, il a écumé les mers et les ports du monde entier avant de gagner ses barrettes de capitaine d’armes et de poser son sac. De ses années dans la marine, Jean-Pierre en a gardé le goût de la découverte, notamment dans le domaine de la musique. C’est par exemple lors d’une escale en Jamaïque qu’il découvrira Bob Marley. De retour sur la terre ferme, il quitte la marine pour entamer des études dans le domaine de l’administration des affaires. Il décide de poursuivre sa vocation, la promotion de la musique du monde et des artistes francophones en particulier, en s’appuyant pour cela sur ses voyages, ses rencontres et ses expériences. En 1997, il fonde sa propre société de production, Production Radio Franco Pacifique (PRFO).
Parallèlement, il ajoute rapidement à son arc une autre corde, celle d’animateur et de programmateur pour la radio. Les francophones et francophiles de Victoria se rappellent son passage sur les ondes de CFUV FM où il a animé l’émission L’heure francophone jusqu’en 2005. « À l’époque, il était très difficile de s’approvisionner en musique francophone, il a fallu faire des recherches », raconte Jean-Pierre. Très vite il se donne comme mission d’aller chercher et faire découvrir ces artistes qui s’expriment en français mais qui restent relégués dans cet espace aux contours flous qu’on appelle la francophonie. « Les Québécois ne connaissent pas les artistes de la francophonie, il existe encore une très grande ignorance du public québécois quant aux minorités francophones qui vivent en dehors du Québec », regrette Jean-Pierre. Selon lui, c’est cette méconnaissance qui rend difficile l’éclosion de nouveaux talents francophones en dehors de la Belle Province. Sans reconnaissance, pas de passage à la radio et sans passage à la radio… pas de reconnaissance. Un raisonnement qui l’a amené à produire ses propres programmes radiophoniques qu’il vend aux stations. C’est sa façon à lui d’apporter sa pierre à l’édifice francophone canadienne, et il le fait avec passion. « La radio est un outil de communication important qui permet de garder notre culture vivante », souligne-t-il. « Les accents que nous avons au pays sont comme des bouquets de fleurs, chacun amène sa touche. Il faut garder cela. » Victoria peut en tout cas lui être redevable d’avoir permis à un grand nombre d’artistes de se produire sur les rives du Pacifique, et en français. Des rendez-vous qui font généralement salle comble.