1999 à 2014… La Source fête ce mois-ci ses 15 ans d’existence. Quinze années passées auprès de toutes les communautés de la Colombie-Britannique pour informer et échanger. A l’origine, plus qu’un pari, un défi, celui de créer une plate-forme entre les différentes populations, un véritable forum de la diversité. Pour célébrer cet événement, nous avons décidé de nous plonger dans les archives de votre journal pour y dégoter une pièce de collection, son tout premier numéro. Embarquez pour un voyage dans le temps, un retour aux sources de La Source.
C’est un objet précieux que l’on tient dans ses mains et que l’on manipule avec précaution. Le papier est un peu jauni par le temps, mais l’odeur qui s’en dégage est enivrante. Elle symbolise le jour où des femmes et des hommes se sont jetés à l’eau pour entrer dans le grand bain de la presse écrite régionale. L’éditorial de l’époque est signé du fondateur du journal, toujours en activité aux manettes de son bébé, Mamadou Gangué. Il présentait alors La Source comme un « petit poucet de la presse communautaire qui trouve sa raison d’être dans le caractère cosmopolite de notre ville. Il compte s’intéresser de près à l’actualité des différentes communautés qui composent notre mosaïque culturelle. »
Transmettre les expériences du monde
En ce temps-là, on y parlait du festival du film chinois, du gala provincial de la chanson francophone ou encore des préoccupations de la communauté indonésienne qui s’interrogeait sur la tenue imminente du référendum pour l’indépendance du Timor oriental. Le 2 juin 1999 marque aussi les grands débuts de la rubrique Verbatim qui s’attache dans chaque numéro à nous faire vivre l’expérience ou l’anecdote d’un nouvel arrivant à la première personne.
C’est la Mexicaine Beatriz Garcia-Arteaga qui ouvrait le bal pour évoquer ses premiers jours sur le sol canadien à Montréal où tout était nouveau pour elle. Intriguée par la quantité des aliments disponibles au supermarché, elle se souvient d’avoir acheté une boîte de biscuits au fromage avant de sortir les déguster dans la rue : « Tout le monde me regardait étrangement et riait… j’ai offert mes délicieux biscuits et les gens riaient encore plus fort. Finalement on m’a dit que j’étais en train de manger des biscuits pour chiens. Nous n’avons pas de biscuits pour chiens au Mexique. Le Canada est vraiment un pays étrange. »
Le Canada terre d’ouverture ?
Ce jour-là, la Une était consacrée au cinquantième anniversaire du droit de vote des minorités. Avant 1949, les choses étaient loin d’être évidentes pour bon nombre de nouveaux immigrants. La journaliste Myriam Anderson présentait alors ce bout de papier qui leur était livré à leur arrivée, et sur lequel on pouvait lire une petite phrase laconique qui « dénie tout droit de citoyenneté au porteur du présent document ». La Japonaise Kay Shimizu s’en souvient : « Nés ici ou ailleurs, nous n’étions pas blancs. Nous n’avions pas accès aux études ni à certaines professions – avocat, professeur, médecin, pharmacien, comptable… On nous acceptait dans les bus (tout au fond du bus) mais pas dans les piscines. Et nous n’étions pas libres de nous déplacer dans le pays. » Né à Swanson Bay en 1922, le Canadien Japonais Charles Kadota allait même plus loin : « A cette époque le racisme était une façon de vivre tout à fait courante et acceptée. Nous étions considérés comme des non-personnes ». Un personnage qui nous a quitté depuis après avoir connu aussi ce nouveau pays, terre d’accueil pour tous les immigrants qui peuvent se sentir chez eux et se construire une nouvelle histoire en s’ouvrant aux autres dans un esprit de tolérance.
Toujours plus de passerelles
S’ouvrir aux autres, c’est justement le message premier de votre journal bilingue qui utilise toujours les deux langues officielles du Canada « pour mettre en évidence les événements majeurs de toutes les communautés avec le secret espoir d’établir des ponts entre elles », comme le rappelait Mamadou Gangué dans son tout premier édito. Quinze ans plus tard, l’objectif est atteint. A l’ère du numérique, La Source ne cesse d’augmenter son lectorat et de multiplier des partenariats avec d’autres publications communautaires. Toujours gratuit et interculturel, votre journal est plus que jamais tourné vers la diversité du monde qui nous entoure à Vancouver et dans la province. Ici plus qu’ailleurs, nos différences seront toujours une source inépuisable d’inspiration.
C’est aussi arrivé le 2 juin, le jour de la Sainte-Blandine :
1946 Fin de la monarchie en Italie, la République est proclamée.
1953 Couronnement de la Reine
Elizabeth II d’Angleterre. Premier événement télévisé à l’échelle planétaire.
1983 Le Sénégalais Léopold Sédar Senghor est le premier Africain à être élu à l’Académie française.
félicitation à toute l’équipe! continuez le bon travail!